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Fantasia

Section Test.


Fantasia : Mickey Mouse Magic
22/11/1991
Edité par Sega
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Fantasia
??/??/1991
Edité par Sega
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Fantasia
??/??/1991
Edité par Sega
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Console: Sega Megadrive
Genre:Plates-Formes
Développeur: Infogrames
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité Sega Megadrive

Photo de la boite de Fantasia
Fantasia, capture d'écran Fantasia, capture d'écran Fantasia, capture d'écran
Fantasia sur Megadrive est un jeu qui a une très mauvaise réputation. Régulièrement décrié par les testeurs modernes que ce soit par écrit ou en vidéo, le soft d'Infogrames a cette particularité de faire l'unanimité contre lui. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi...

Revenons quelques années en arrière. A l'origine, Fantasia était un dessin animé de Disney sorti en 1940, dont le but principal était de faire connaître la musique classique à un plus large public. Au sein de ce dessin animé sans paroles, huit univers étaient retranscrits sur fond de chefs d’œuvre classiques, dont un qui aura marqué les esprits dans lequel notre ami Mickey incarnait un apprenti sorcier. Le pitch était simple : refusant d'assumer ses tâches ménagères, la plus célèbre des souris empruntait la baguette magique de son maître pour animer balais, seaux et autres objets afin qu'ils s'occupent eux-mêmes de traquer poussière et saleté dans tout le château. Hélas, tout n'allait pas se passer comme prévu et notre héros allait rapidement se retrouver dépassé par les événements. Aujourd'hui encore, la musique de cet épisode résonne encore dans la tête de tous ceux l'ayant visionné à l'époque.

Fantasia fut adapté pour la toute première fois en jeu vidéo dans le courant de l'année 1983, au sein de la ludothèque Atari 2600 sous le nom de « Sorcerer's Apprentice » (titre d'ailleurs déjà testé sur Oldies Rising). Sa seconde apparition vit le jour bien des années plus tard sur Megadrive, et c'est à cette nouvelle version que nous allons nous intéresser aujourd'hui. A noter que le dernier jeu à s'inspirer de cet univers vient tout juste de voir le jour sur Xbox One, et offre une expérience purement musicale. Peut être faut-il y voir le signe d'un sortilège, mais aucune de ces adaptations n'a rencontré un réel succès, contrairement aux nombreux autres jeux estampillés Mickey à avoir vu le jour sur les consoles de salon au fil du temps.

Pour cette mouture Megadrive, c'est Infogrames qui a eu la lourde tâche de tenter l'aventure. Après un Castle of Illusion commercialisé un an auparavant sur la 16 bits de Sega, autant dire que Fantasia était très attendu par les joueurs. C'était compter sans la fâcheuse tendance de la firme à produire des jeux techniquement réussis mais d'une difficulté désespérante, et dotés de mécanismes de gameplay systématiquement sujets aux critiques. Qui ne se souvient pas de Tintin sur Super Nintendo, des Schtroumpfs ou de Spirou, qui ont traumatisé toute une génération de joueurs... Qu'en est-il, en toute objectivité, de cette version Megadrive de Fantasia ? Réponse à suivre...


Nicolas Cage n'a qu'à bien se tenir …

Pour les meilleurs d'entre vous qui auront compris le rapport entre le titre de ce paragraphe et le jeu qui nous intéresse aujourd'hui. Fantasia, sous-titré « l'apprenti sorcier » (comme le film ô combien nullissime de notre ami acteur), nous plonge dans une histoire de magie… Alors que Mickey s'assoupit dans le château de son maître sorcier, les notes de musique produites par le magicien sont subtilisées. Magie oblige, c'est au plus profond de ses rêves que notre ami la souris va devoir toutes les récupérer... L'histoire très simple uniquement mise en valeur par quelques mots lors de la séquence de présentation, fera uniquement office de prétexte à parcourir les différents univers du dessin animé à la recherche de ces fameuses notes de musique. D'ailleurs, et contrairement à ce que de nombreux testeurs lui reprochaient, on comprend dès lors que le but du jeu est de trouver ces notes. Il ne manquait finalement qu'un indicateur pour comptabiliser les notes trouvées, mais nous reviendrons plus tard sur ce point...

De l'écran titre, nous passons directement au menu des options dans lequel il sera possible de paramétrer le niveau de difficulté (de facile à difficile), le nombre de vies et de crédits, ainsi que la configuration des touches de la manette. Notons qu'il n'y a pas de différence importante entre les différents degrés de challenge proposés, celle-ci résidant uniquement dans le nombre de pouvoirs que l'on pourra ramasser ou la résistance des ennemis. Quel que soit votre choix, Fantasia sera quoi qu'il arrive redoutable...

Welcome to Fantasy Land

Les premiers instants de la partie sont enchanteurs ! Mickey est vêtu d'une belle cape rouge, le décor du château est parfaitement retranscrit avec des poutres apparentes à la fois dans le background, mais aussi au premier plan. Quelques pressions de touches plus tard, on s'aperçoit que Mickey se déplace avec grâce dans cet environnement. Oui, c'est indéniable, le soft commence sous les meilleurs auspices. Avant de disserter sur la grande désillusion qui attendra la majeure partie des joueurs, attardons-nous quelques lignes durant sur ce que Fantasia a de meilleur à offrir.

Jeu de plates-formes exigeant, le bébé d'Infogrames vous proposera de traverser quatre mondes découpés en plusieurs niveaux. Le premier d'entre-eux prend principalement place dans le château, vous proposant en outre une escapade sur une rivière ou dans une séquence plus aquatique. Ambiance plus sauvage pour la suite, puisque le second monde vous offrira de visiter une jungle verdoyante, des grottes cristallines ou le sommet d'une montagne sujette à une pluie de boules de feu. Puis, viendront des environnements plus oniriques peuplés de nuages et de ruines grecques, pour finir dans les profondeurs de grottes sombres, volcaniques, remplies d'inquiétantes créatures.

Chacun de ces univers fait référence à une partie du dessin animé dans son ensemble, et chaque ennemi rencontré puise son inspiration dans l’œuvre originale. On ne peut ici que saluer la cohérence des développeurs qui ont clairement tout fait pour coller au monde de Fantasia, sans pour autant cantonner le joueur au seul château du sorcier. Les ennemis, nombreux et très diversifiés, s'inscrivent eux-aussi pleinement dans cette optique et c'est avec une joie non dissimulée que vous croiserez les fameux hippopotames danseurs, les balais animés, les sorcières sur leur balai, ou encore des dinosaures. Les mondes sont plutôt longs à traverser, et découpés en de nombreux sous-niveaux. En outre, le tout est doté d'une grande variété dans les situations plaçant fréquemment le joueur devant des séquences plus originales, lui proposant par exemple de contrôler Mickey coincé dans une bulle de savon, nageant au milieu de poissons hostiles, escaladant des monuments grecs, sautant de feuille en feuille ou luttant dans la pénombre d'une lugubre grotte contre des yeux malveillants...

Fantasia a pour particularité de ne vous opposer aucun boss en fin de niveau, le but exclusif étant la recherche des notes de musique. Dans le cas où vous ne parviendriez pas à toutes les collecter, vous devriez recommencer le niveau depuis le début ! Autant dire qu'il sera vivement recommandé de s'appliquer lors de votre recherche, et il y a fort à parier que vous recommencerez encore et encore les mêmes stages à cause d'un item involontairement négligé. En effet, les notes ont été savamment dissimulées derrière des éléments du décor, les rendant accessibles uniquement en tuant certains adversaires afin de faire apparaître des plates-formes. Vous l'aurez compris, tout est ici mis en œuvre pour vous compliquer la tâche, jusqu'à l'absence d'un quelconque compteur susceptible de vous informer sur le nombre de notes à trouver par niveau. Un nombre bien évidemment variable, puisque si le premier stage en recèle cinq, les deux suivants en comptent quinze chacun tandis que le dernier n'en contient que douze. A l'époque où Internet n'était qu'une utopie, le joueur devait donc prier en fin de niveau pour avoir collecté un nombre suffisant de notes, nombre que rien ne venait renseigner concrètement. Bref, une bonne dose de frustration mettant la persévérance des gamers les plus endurcis à rude épreuve... Autre information importante, contrairement aux idées reçues, les fées parsemant les environnements n'amènent aucunement à des bonus stages, mais à des sous-niveaux indispensables puisque la plupart des notes y sont cachées, gardées par bon nombre de monstres et de pièges. Les levels bonus, consistant en des tableaux fixes où il est possible de ramasser points, énergie vitale ou magie, sont bien présents mais représentés par des portes arborant un gros sourire.

Ce qui nous ramène tout logiquement au gameplay de Fantasia, point que nous n'avons pour l'heure pas encore abordé. Notre souris peut sauter sur ses ennemis mais devra, tout comme dans Castle of Illusion, réaliser une manœuvre durant son saut afin de les écraser sans se faire tuer. Ladite manœuvre consistera à presser A une fois en l'air pour déclencher son attaque. En plus de lui permettre de se débarrasser de ses adversaires, ce mouvement aura également pour effet de faire rebondir Mickey suffisamment haut pour atteindre certaines plates-formes inaccessibles en temps normal. Comme atout, la souris pourra également compter sur la magie récupérable en attrapant des livres volants, et lui permettant de jeter des étoiles filantes détruisant facilement la plupart de ses opposants. Attention toutefois, que ce soit par saut ou magie interposée, certains ennemis demanderont plusieurs coups pour être détruits. Si vous perdez une vie, vous recommencerez au début du niveau en cours, ou juste après le sous-niveau que vous venez de terminer.

Graphiquement parlant, le soft se place dans le haut du panier de l'époque, chose qu'une simple lecture des tests publiés dans le courant de l'année 1991 vous confirmera. Fantasia parvient en effet à mettre tout le monde d'accord sur le plan visuel, avec ses stages très travaillés et ses animations ayant bénéficié d'un soin tout particulier. A ce titre, mention spéciale pour les monstres en cage du dernier niveau. La palette de couleurs est toujours judicieusement utilisée, et il apparaît clairement que les screens accompagnant cet article ne rendent pas justice à ce jeu qui, faute d'avoir été apprécié pour son gameplay particulier, ne pouvait que faire l'unanimité concernant sa patte graphique. Musicalement parlant, la claque était tout aussi évidente. Les thèmes musicaux sont parfaitement reconnaissables et, n'en déplaise à certains testeurs, les différentes plages de sons impressionnaient à l'époque sur une Megadrive pourtant peu réputée pour ses qualités sonores. Certaines musiques sont effectivement plus réussies que d'autres, mais l'ensemble tient parfaitement la route et la bande son est clairement un énorme point fort du titre d'Infogrames.

A la lecture de ce paragraphe, il serait facile de penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Dans ces conditions, comment se fait-il que Fantasia soit aussi critiqué et critiquable ? Rassurez-vous, j'y viens...

Fantasia n'est pas un jeu pour les Mickey …

Comme annoncé en préambule, Fantasia est un jeu difficile, très difficile. Il est évident qu'un jeu hardcore n'est pas forcément un mauvais jeu pour autant, mais le souci du titre ici décrit réside dans les facteurs ayant créé cette difficulté, consistant pour la plupart en des aberrations ou autres incompréhensibles fautes de gameplay...

Commençons par les bases du maniement de Mickey. Ce dernier jouit d'une animation fluide et souple, mais cet avantage est hélas balayé par un inconvénient de taille qui en découle directement, à savoir une certaine lenteur notamment lors des « demi-tours ». L'animation étant joliment décomposée, cela a supposé l'ajout d'étapes supplémentaires dans cette dernière faisant perdre quelques micro-secondes à notre personnage dans la réalisation de son mouvement. Cela peut paraître anodin, mais cette caractéristique a pour effet de rendre notre héros beaucoup plus lent que ses adversaires, rendant souvent un changement de direction fatal en pleine action. Les ennemis arrivent vite, du sol, des airs, et de toutes les directions, et il devient donc nécessaire d'anticiper ses déplacements. Ce même problème, également présent dans les sauts, en devient rédhibitoire à cause d'un temps de latence effroyablement frustrant dans un jeu de plates-formes ! Cette difficulté dans les déplacements s'ajoute au fait que, au vu du très faible nombre de pouvoirs disponibles, la seule véritable manière de tuer un ennemi est de lui sauter dessus. L'expérience de jeu se résume donc à cela : sauter d'ennemi en ennemi, sans jamais s'arrêter, la moindre immobilisation étant souvent synonyme de mort prématurée. Fantasia devient donc rapidement un véritable spectacle d'équilibriste...

Pour rester dans le registre des sauts, soulignons que malgré le gros travail accompli sur l'animation du personnage, l'appui sur « bas » une fois en l'air n'apporte aucune modification du mouvement sur le plan visuel. En clair, que vous réalisiez un simple bond ou une attaque sautée, la même chose se passera à l'écran. Difficile, dans ces conditions, de savoir si la manipulation a été correctement réalisée avant qu'il ne soit trop tard. A titre de comparaison, Castle of Illusion occasionnait l'apparition d'un « coup de cul » parfaitement lisible soulignant la réussite de l'attaque... Par ailleurs, le fait d'être touché entraîne assez régulièrement une totale disparition de l'avatar quelques secondes durant. Dans ces conditions, difficile de savoir où notre personnage va atterrir ce qui ne manquera pas d'occasionner quelques morts idiotes en tombant d'une plate-forme. Enfin, la cohérence dans la conception des ennemis n'est pas des plus évidentes, comprenez par là que vous pourrez effectuer avec succès une attaque sautée sur n'importe quel adversaire, que ce soit une tête enflammée, une boule de pierre, un monstre épineux, la gueule d'un crocodile ou un pied de dinosaure... Cela donne un peu la sensation que les membres du bestiaire ne sont finalement que des sprites visant à offrir une certaine variété sur le plan visuel, mais n'apportant absolument rien en matière de gameplay. Ce choix particulièrement étrange va à l'encontre de tout ce que nous connaissions dans le monde du jeu vidéo. Essayez de sauter sur la pierre qui roule dans Castle of Illusion et vous mourrez, sauter sur un ennemi qui brandit une épée déclenchera une perte de vie... Ici, aucune importance...

Et pourtant, malgré tous ces écueils, on finit tant bien que mal par s'habituer à ce gameplay qui ne laisse pas la moindre place à l'erreur. Certes, cela demande un temps d'adaptation, mais n'est-ce pas le cas d'autres titres particulièrement délicats comme Shadow of the Beast ou Immortal ? Toutefois, s'il est un domaine où les critiques ne pourront être que virulentes, c'est bel et bien dans la conception même des plates-formes. C'est bien simple, vous ne saurez jamais à quoi vous attendre quand vous sauterez sur l'une d'entre-elles! Bien que rien, absolument rien, ne les différencie, certaines disparaîtront sous vos pieds, d'autres s'effondreront doucement, d'autres seront fixes ou vous feront rebondir, d'autres encore feront office d'ascenseur... Bref, tout est permis et aucune indication ne viendra renseigner le joueur sur ces différences, le forçant à apprendre par cœur chaque niveau pour espérer progresser. Pire encore : certaines plates-formes invisibles n’apparaîtront qu'une fois que vous vous trouverez dessus, tandis que d'autres se déplaceront à des vitesses aléatoires rendant difficile l'appréhension de l'atterrissage... Et comment ne pas évoquer le dernier niveau dans lequel Mickey devra, sur un fond noir uniquement éclairé par des yeux translucides, sauter au hasard sur des plates-formes invisibles... Du par cœur, ni plus, ni moins ! Il faut ajouter à cela certains éléments du décor pouvant faire office de support sans que cela ne soit réellement clair. A titre d'exemple, la grotte du troisième niveau comporte en arrière plan une sorte d'amas de pierres sur lequel vous pourrez sauter sans souci. Quelques mètres plus loin, vous retrouverez exactement le même motif qui n'est pourtant cette fois-ci qu'un simple élément cosmétique du décor au travers duquel vous passerez allègrement si vous tentez de l'atteindre. Même frustration avec ces coffres implantés dans le background et de la même teinte que celui-ci, qui vous renvoient directement au début du niveau si vous les touchez...

Vous l'aurez compris, Fantasia est implacable et demandera au joueur de recommencer encore et encore le même niveau pour en connaître toutes les subtilités, les pièges, les plates-formes, les emplacements de notes de musique sournoisement cachées, le tout en faisant fi d'une maniabilité particulière. A l'époque, seuls les joueurs persévérants parvinrent à terminer l'aventure et aujourd'hui encore, Fantasia est de ces jeux qui distingue ces derniers des autres...

Conclusion

Le moment d'attribuer une note au bébé d'Infogrames est arrivé, et je dois bien reconnaître qu'il s'agit là d'un exercice extrêmement difficile. Fantasia dispose d'indéniables qualités, comme une plastique généreuse, une bande son réussie, un univers conforme au dessin animé et un challenge qui ne manquera pas d'intéresser quelques gamers endurcis. Il aurait cependant gagné à proposer quelques petits ajustements qui auraient fait toute la différence. Le simple fait d'ajouter un compteur totalisant les notes de musique à trouver, des indicateurs visuels afin d'identifier les différentes plates-formes et leurs spécificités, ou plus généralement une prise en main immédiate accompagnée d'une plus grosse cohérence dans la manière d'aborder les ennemis aurait fait toute la différence. De même, l'adjonction de quelques boss et d'une scénarisation un peu mieux maîtrisée aurait certainement fini de parfaire un tableau pourtant terriblement mal engagé.

Pire encore, le joueur parvenant à déjouer tous les pièges de ce Fantasia ne sera récompensé que par une fin absolument atroce se contentant de montrer Mickey sur un fond bleu en train de serrer la main du chef d'orchestre. Pas d'ending, pas même de générique de fin, comme si les développeurs avaient eu honte du résultat et n'avaient par conséquent pas osé inclure leurs noms dans les crédits. La récompense est donc bien fade compte tenu de la difficulté globale du soft, même si le joueur ayant réussi à passer outre les défauts de conception du titre pour récupérer toutes les notes de musique sera finalement fier d'annoncer qu'il est parvenu à boucler l'aventure. Pour les moins patients en revanche, mieux vaudra reporter son attention sur les autres jeux Mickey d'une ludothèque Megadrive particulièrement prolifique en la matière...


VERDICT : 10/20


Article publié le 14/03/2015 Jeu testé par Slaine