lien vers facebook lien vers twitter lien vers youtube lien vers dailymotion lien vers le forum d'Oldies Rising lien vers mail
Recherche Avancée

Tiger Road

Section Test.


Tora he no Michi
??/??/1987
Edité par Capcom
________________________
Tiger Road
??/??/1987
Edité par Capcom
________________________
Tiger Road
??/??/1987
Edité par Capcom
________________________
Console: Arcade
Genre:Action
Développeur: Capcom
Joueurs: 1 à 2
Existe aussi sur: Amstrad CPC- Atari ST- Commodore 64- Commodore Amiga- Microsoft X-Box 360- Nec PC Engine- Sony Playstation 2-

Photo de la boite de Tiger Road
Tiger Road, capture d'écran Tiger Road, capture d'écran Tiger Road, capture d'écran
La culture asiatique ancienne, voire médiévale, n’apparaît pas souvent dans les jeux vidéo, qu'il s'agisse de titres consoles ou arcade. Ceci est d'autant plus paradoxal que le Japon fut le pays de référence en matière de développement pour l'un ou l'autre dès les années 80! Le jeu dont il est question aujourd'hui reprend une part de cette culture asiatique, en particulier chinoise et plus spécifiquement les clichés visibles dans certaines œuvres cinématographiques, de la Shaw Brother tout particulièrement! Étant un de mes jeux de référence à moi qui suis passionné de culture asiatique, c'est avec un immense plaisir que je vous propose un aperçu de ce Tiger Road, alias Tora He No Michi en version Japonaise.

Scénario: non significatif

Capcom fait dans l'original, du moins en ce qui le concerne: nous avions auparavant eu droit au kidnapping de jeunes filles, de villageois de tout âge, de fiancées etc, nous avons maintenant droit au kidnapping de petits villageois! En effet, un dénommé Ryuken Oh a envoyé ses sbires se saisir de tous les enfants qu'ils trouveraient. Impuissants à stopper ce kidnapping de masse lorsqu'il touche la communauté du temple de Oh Rin, les moines sont terrassés de coups d'épées meurtriers. Heureusement, le vieux maître du temple local possède un atout dans sa manche pour contrer les plans machiavéliques de Ryuken (celui-ci prévoyant de laver les cerveaux de ses jeunes victimes pour en faire de nouveaux soldats): Lee Wong. Ce dernier n'est autre qu'un jeune moine mais pas n'importe lequel puisque c'est sur ses épaules que repose le destin des enfants et, par extension, du pays! Il lui faudra donc partir en direction du Ryuga Doh, temple dans lequel un affrontement final contre Ryuken ramènera la paix, si Lee wong triomphe et si bien sûr il parvient jusque là vivant!

Gameplay: 18/20

Gameplay très simple et pourtant particulièrement savoureux et original caractérise ce Tiger Road! Nous avons affaire à un jeu d'action au scrolling horizontal non automatique. Nous dirigeons un personnage, Lee Wong, et devons progresser toujours plus dans des environnements mêlant assauts ennemis et pièges fourbes. Les ennemis sont de plusieurs natures: à pieds, volants ou suspendus. Jusque là tout est classique. Est également classique la façon de progresser qui demandera de donner des coups à l'aide d'une arme blanche et de sauter pour gravir les étages de divers bâtiments, les marches de pierres étagées de décors naturels ou bien encore éviter quelques obstacles gênants comme des trous, des pics ou même des ennemis. Ces actions ne demandent qu'une pression sur un des deux boutons que proposait la borne d'origine. Le jeu aurait pu se contenter de cela et être déjà très bon mais il va plus loin et introduit quelques subtilités qui non seulement le renouvellent mais subliment son ambiance (une chose dont nous reparlerons dans le paragraphe réalisation).

Ces ajouts sont des phases volantes et des phases d’entraînement. Quelques passages nous demanderont donc de voler. Étant un moine, Lee Wong n'a bien entendu pas une telle compétence mais fort heureusement son maître, qui a pensé à tout, lui a offert une tunique magique lui permettant de flotter dans les airs. Si étonnamment celle-ci ne lui permet une telle prouesse que dans des zones bien définies, elle donne au joueur l'occasion de se déplacer dans des environnements légèrement différents de ceux réservés à la marche. Il faudra s'y déplacer avec prudence et "naviguer" entre ennemis véloces et couloirs de pics par exemple. Ces phases sont toujours assez courtes, comme toutes celles du jeu d'ailleurs! Capcom profite en effet de l'établissement de zones courtes pour justement proposer un renouvellement graphique permanent, mais c'est là encore un détail que nous aborderons plus tard. La progression se fera donc à la force des poings ou plus exactement des lames. L'arme proposée en début de partie n'est pas unique et au total ce seront trois moyens d'attaque qui s'offriront à Lee Wong, à condition qu'il les récupère en détruisant coffres, jarres et statuettes disséminés dans le niveau: la lance, rapide et de bonne allonge limitée à une ligne droite, la hache, de faible portée mais capable de décrire des arcs de cercle, et le fléau permettant des attaques à bonne distance tout en étant assez rapide. A ces objets de destruction, s'ajoutent quelques bonus plus ou moins utiles. Les rouleaux de points ou les statuettes de pierres sont parmi les moins profitables si l'on ne cherche pas à établir un score maximum. Les gourdes bleues et rouges par contre restaurent la vie tandis que d'autres rouleaux stoppent le temps ou éliminent tous les ennemis présents à l'écran. Aucun n'est véritablement rare puisque le jeu est assez généreux côté items.

Enfin, les phases d’entraînement sont au nombre de quatre et interviennent après chacun des quatre niveaux traversés avant la rencontre avec Ryuken. Notre maître nous y donnera quelques consignes. Si nous réussissons à passer l'épreuve imposée, nous pourrons discuter avec un moine plus sage qui nous remettra chaque fois un précieux parchemin. Nous devrons tout d'abord traverser une cascade de laquelle tombent des rondins mortels afin d'obtenir une amélioration de notre barre de santé. Nous enchaînerons avec l'élimination de frères moines en grand nombre durant un temps imparti. Si nous passons ce défi, le Tora Ki Koh nous sera enseigné! Cette technique secrète permet, à l'instar de Link dans la légende de Zelda, de lancer une vague d'énergie depuis notre arme lorsque notre jauge de santé est remplie. Cette vague prendra ici la forme d'un tigre en rapport avec l'appellation du jeu. Avant-dernière épreuve, celle de l'ascension d'une tour piégée. A condition d'éviter d'innombrables javelots sortant des murs, Lee Wong pourra escalader les terrasses intérieures d'une tour et rejoindre le grand ancien moine pour voir la puissance de son arme doubler! Ultime progression, l'énergie dégagée par le Tora Ki Koh. Accessible seulement si nous parvenons à éteindre la flamme d'une immense bougie, en ne nous servant que de l'air généré par notre arme en mouvement et en un temps limité! En fin de compte, Tora he no Michi est un jeu aux mécaniques brillantes, qui sait renouveler son gameplay sans cesse tout en restant pourtant assez répétitif. Quand la répétitivité est à ce point de qualité, elle en devient invisible et donne au joueur ce qu'il recherche: du plaisir. J'adhère totalement!

Réalisation: 18/20

Comment le dire d'emblée sans être dans la demi-mesure? Ce jeu est excellent du point de vue de sa réalisation! C'est bien simple, nous tenons là un jeu probablement supérieur à quatre-vingt dix pour cent de la production antérieure de Capcom en Arcade. Supérieur à Makaimura, Trojan ou Bionic Commando! L'inspiration chinoise et les influences du cinéma Hongkongais des années 60 à 80 sont évidentes pour quiconque s'y connaît un minimum (à ne surtout pas confondre avec le cinéma Japonais!). Le prétexte scénaristique, les environnements traversés et les boss affrontés, tout est fait pour parler sinon aux fans du genre kung-fu ou wuxiapian, au moins à ceux qu'un dépaysement n'effrayera pas et qui verront dans ce jeu une forte originalité comparée aux univers médiévo-fantastico-mythologico-science fictionnesques!

L'introduction, dans la lignée des Ghosts 'n Goblins ou Speed Rumbler, va droit au but et met de suite dans l'ambiance "kidnapping" par des forces obscures! La succession des scènes, dont fait partie cette introduction est un procédé intelligemment utilisé par Capcom pour sans cesse abreuver le joueur de nouveaux décors et fonds, particulièrement étudiés. Ce jeu transforme d'ailleurs le joueur en spectateur et ce doit être la première fois qu'un titre développé par Capcom jouera ainsi des tours à tous ceux qui, absorbés par la minutie du pixel art environnemental, oublieront de se focaliser à cent pour cent sur la jouabilité! Après avoir scruté quelques secondes une carte de l'aventure sous forme de rouleaux chinois, le joueur se retrouvera plongé dans un paysage de cour de bâtisse, déjà imposant. En arrière plan, des montagnes et une végétation luxuriante. Au premier plan, le portail d'entrée, typique de l'architecture chinoise. Le ton, déjà donné dans le temple de Lee Wong, s'impose définitivement mais nous sommes encore loin des surprises prévues par les programmeurs! Une fois la porte de la demeure traversée, ce seront des effigies en or et des sculptures de dragon que nous observerons. La qualité est déjà plutôt bonne et l'atmosphère s'installe brutalement. Le premier demi-boss, un sauvage en geôle, garde la sortie vers des passages bien plus travaillés encore. Là, piliers en bas reliefs et murs ajourés du meilleur effet feront la transition vers une salle en hauteur ornée de peintures célestes! Le bas étant inondé et constituant le lieu de villégiature de quelques crocodiles affamés!

Loin de moi l'idée de décrire l'entièreté des niveaux et pourtant cela serait un exercice tout aussi plaisant que nécessaire! Il faut garder à l'esprit que chaque grand stage, sur les cinq que comporte le jeu, est constitué d'une multitude de courts passages, généralement d'une longueur d'une ou deux grandes pièces. Loin d'être un défaut, ceci est cohérent et permet de se remplir les pupilles, à chaque porte franchie, de nouvelles expressions du talent des graphistes de l'époque chez Capcom. Couleurs, gravures, sculptures et même textures, sont toutes plus évocatrices et réussies les unes que les autres. Si la beauté n'était que la qualité mise en avant par ces environnements, nous crierions à la qualité! Mais l'inspiration nous fera plutôt crier au génie! Jouer à Tiger Road, c'est être certain d'écarquiller les yeux un minimum d'une dizaine de fois. C'est être certain également de se poser des questions et de s'attarder sur des recoins de l'écran. Les influences vont du film de Kung-fu à la ghost-comédie et nous retrouverons donc aussi dans notre traversée des ennemis hauts en couleur, magnifiquement dessinés et animés: sous-fifres adeptes d'arts martiaux, gyonshi, colosses barbares, gardes impériaux, moines-démons, araignées énormes, sauvages vivant dans la forêt, serpents géants etc. Il y en aura pour tous les goûts et dans une cohérence sinon parfaite, du moins suffisamment forte pour créer un univers puissant, inspiré et influencé mais possédant sa propre âme! En un mot comme en cent, ce titre est aussi excellent dans sa réalisation que dans son gameplay!

Bande son: 14/20

Moins percutante que les graphismes, la bande son est pourtant d'une grande qualité, accompagnant parfaitement l'aventure du joueur en terres chinoises. Là aussi les influences sont repérables pour quiconque possède quelques connaissances des productions chinoises. Ces influences sont cependant moins directement utilisées puisque le titre possède au final des partitions réorchestrées avec une touche de rock fort bienvenue. Les bruitages sont peu nombreux mais conviennent parfaitement. Il faut noter que la version Japonaise est plus complète dans ce domaine puisqu'elle incluait des voix chez certains personnages, les boss et le héros par exemple, qui poussaient un cri lors de leurs frappes, mais aussi les enfants kidnappés qui lançaient un "tasukete, tasukete" (à l'aide! A l'aide!) dans la version originale. Pourquoi avoir supprimé ces voix? C'est un mystère mais fort est à parier que les quelques mots japonais des enfants en début de partie avaient rebuté les responsables de l'adaptation Occidentale.

Durée de vie: 16/20

Tiger Road est un jeu difficile. Dire ceci d'un jeu d'arcade des années 80 est presque un pléonasme mais il faut souligner que plusieurs aspects du jeu le rendent particulièrement frustrant à certains moments et même si comparé à un Makaimura, la difficulté pourra s'envisager comme bien moindre, il ne faudra pas pour autant croire que Capcom a voulu tomber dans une facilité vraiment accrue! Vaincre les sbires de base, ceux qui se contentent de brandir une épée par exemple, n'aura, dans la plupart des cas, rien de bien compliqué. Encore faudra-t-il se méfier comme de la peste de leurs sauts, capables de les faire retomber sur vous de manière presque inévitable. Le problème, c'est que les sbires de base sont peu nombreux, tout au plus trois. Le reste des ennemis, s'il ne s'agit pas de boss ou de demi-boss, est tout de même terriblement dangereux. On comptera par exemple sur la présence de géants vous saisissant sans crier gare et vous projetant avec fracas quelques mètres plus loin. Nous pourrions tout aussi bien citer les fameux serpents géants présents dans une grotte et vous empêchant de passer de par leur tête énorme. A peine les aura-t-on franchis, qu'un autre nous lancera une multitude de boules de feu, difficilement évitables! Gardons un peu de suspens pour ceux qui découvriraient le jeu mais donnons en dernier exemple, le cas du moine démon, qui sans que vous vous en doutiez est capable d'un simple toucher, d'aspirer toute l'énergie vitale de votre corps et qui vous obligera à recommencer, encore et encore, jusqu'à ce que dans un élan de perfection, vous l'éradiquiez sans entrer en contact ne serait-ce qu'une fois!

Le jeu est donc ainsi fait, que sa difficulté n'est pas insurmontable mais c'est un jeu traître, tout autant au niveau des adversaires que des pièges, qui peuvent parfois survenir sans qu'aucun indice ne vous le suggère (parfait exemple d'un saut en diagonale à effectuer dans un niveau sous peine de chuter sur des pics en contrebas!). Bref, Tiger Road est jouable, très jouable même mais demandera de bien connaître certains de ses passages pour ne pas succomber bêtement et à une vitesse incroyable! En dehors de cela, les cinq zones de jeu sont assez longues et les quatre séquences d’entraînement apportent un véritable plus à l'ensemble. A noter que la version Occidentale propose de sélectionner le nombre de niveaux à franchir, de cinq à deux seulement. Une initiative comme une autre mais qui amputera les joueurs de nombreuses traversées de charme s'ils optent pour la facilité!

Conclusion:18/20

Tiger Road est un jeu inspiré, brillant, esthétique, passionnant et dont la présence d'une "âme" est évidente! Un titre que les développeurs de Capcom devraient très sérieusement penser à remettre au goût du jour tant il fut injustement ignoré!


Article publié le 18/11/2012 Jeu testé par Tanuki