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Rock n Rage

Section Test.


Koi no Hot Rock
??/??/1986
Edité par Konami
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Rock'n Rage
??/??/1986
Edité par Konami
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Sortie EURO non communiquée
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Console: Arcade
Genre:Action
Développeur: Konami
Joueurs: 1 à 2
Une exclusivité Arcade

Photo de la boite de Rock n Rage
Rock n Rage, capture d'écran Rock n Rage, capture d'écran Rock n Rage, capture d'écran
-Cher monsieur Jeux vidéo, dans la série des jeux un peu déjantés, je voudrais un titre de Konami, de 1986, inspiré de la musique et plus particulièrement du Rock’N Roll !
-Comment ? Je dois piocher ? Pourtant j’en suis certain, vous avez dans votre main un jeu qui correspond à la description !
-Ah ? Je me trompe, tout y est sauf le « déjanté » ? Pourtant, et sans vouloir encore une fois insister, les visuels et l’histoire annoncée semblent indiquer que Rock’n Rage, ce fameux jeu que vous gardez précieusement camouflé, répond à ma demande.
-Enfin, vous me le concédez ! Mais pourquoi avoir si longtemps hésité ? Attendez donc que j’y regarde de plus près!


Scénario : non significatif

John, Rick et Shena sont avec deux autres compères, des stars du Rock’n Roll. Alors qu’ils sont dans la phase finale de leur dernier concert live, une main terrifiante surgit d’un brouillard venu d’on ne sait où. En une fraction de seconde, la monstruosité s’empare de Shena, la chanteuse du groupe. Cet ignoble kidnapping ne se fera cependant pas sans rencontrer un minimum de résistance ! Sans l’ombre d’une hésitation puisque n’écoutant que leur courage et l’amour qu’ils portent à la chanteuse, John et Rick plongent dans le nuage vaporeux qui bientôt se referme ! Ballottés à droite et à gauche, nos rockeurs de l’intrépide débarquent dans une contrée étrange, qu’ils ne tarderont pas à reconnaître : l’Égypte ancienne. Le danger s’avérera être omniprésent, la main diabolique ayant enlevé la belle blonde du groupe étant très vraisemblablement à l’origine de la survenue en ces lieux hostiles de forces maléfiques. Vite, sauvons Shena et retournons à nos accords !

Vu comme cela, et de manière pourtant très romancée par votre humble Tanuki, le scénario n’est pas des plus intrigants, le kidnapping de représentantes de la gente féminine étant un passe-temps répandu dans l’univers du jeu vidéo. Le fait que les héros soient cette fois des musiciens va-t-il changer quoi que ce soit à la donne ? C’est ce que nous allons continuer d’observer !

Gameplay : 05/20

1986, une époque lointaine, comme un mirage pour beaucoup de vieux dinosaures du jeu vidéo, une ère de chimères pour les plus jeunes poussins du monde vidéoludique. En ces temps reculés, vivaient ce qu’on désigne aujourd’hui par le terme « retro », des titres simplement pionniers et pourvus d’une âme et d’une volonté de séduire qui n’est plus à démontrer. Édités pourtant par dizaines chaque année, ces titres trouvaient le moyen de se frayer un chemin jusqu’au cœur des passionnés par divers moyens, le plus souvent par l’entremise d’un gameplay, parfois fort simple, mais pourtant inoubliable. Aujourd’hui, et même si le cas n’est pas synonyme de règle, le fait que Rock’n Rage ne soit pas plus connu bien qu’étant une production Konami, laisse songeur. Que ce soit dans sa version Japonaise, Koi no Hot Rock (autrement dit le rock brûlant de l’amour) ou dans sa version Occidentale, Rock’n Rage, le titre annonçait pourtant une bonne dose de capital sympathie assurée d’office par la présence du Rock’n Roll. Le flyer d’époque, affublé de personnages très stéréotypés (et sans doute inspirés de vraies personnalités que j’aurais bien du mal à identifier), avait de quoi séduire également. Comment se fait-il donc que nous ne soyons pas plus nombreux à connaître ce jeu ?

La réponse pourrait être qu’il fut noyé dans la masse des productions de l’époque, à moins qu’il ne fût tout simplement pas produit en grande quantité ? L’une dans l’autre, ces explications reviennent au même : définir un manque de personnalité suffisante pour asseoir une ambition, celle de se faire une place. Nous l’avons vu, le scénario n’était qu’un prétexte, mille fois ressassé. Mais nous le savons, ce n’est pas ce qui aura empêché d’autres titres de devenir des légendes. Le point commun de ceux-ci aura cependant été d’associer à un scénario « insipide » un gameplay d’orfèvre ! Avant même de vous en dire plus sur Rock’n Rage à ce sujet, vous l’aurez je pense compris, laissez moi vous dire que ce n’est pas le cas ici !

Alors comment y joue-t-on à ce Rock’n Roll de l’amour ? De la manière la plus simple qui soit, à l’aide d’un bouton permettant de donner des coups de guitare (ou de micro pour le second joueur) -notre héros la tenant par le manche pour assommer ses ennemis avec la « caisse »- et également régulièrement à l’aide d’un second bouton, dévolu aux tirs musicaux. Ces tirs ne sont accessibles qu’en récupérant une note de musique, disséminée dans un monstre, çà et là. Que le monstre soit détruit et il laissera éventuellement apparaître une note. Il en existe trois différentes. La première, simple, octroie un tir rectiligne. La seconde, double, nous gratifie d’un tir épais, toujours rectiligne. La dernière, un crochet, nous assure une portée maximale puisqu’elle fait surgir trois grosses notes de notre guitare. Bien entendu, ces notes peuvent se récupérer plusieurs fois dans les niveaux et s’accompagnent d’autres bonus. Ces derniers ne sont pourtant que des « gonfleurs » de score : canette de soda, hamburger ou bière par exemple. Un one Up est également de la partie, mais cependant plutôt rare. Armés de notre létal instrument à cordes, nous parcourons chacun des niveaux en éliminant ou en évitant tout ce qui s’y promène ou y stagne ! Cela passe bien évidemment par les monstres et projectiles mais aussi par des générateurs d’ennemis. S’il est possible et recommandé de les détruire (un simple coup suffisant), il est par contre fastidieux de devoir le faire puisque d’une part ils se reconstituent après quelques secondes, et que d’autre part ils ne constituent pas vraiment un objectif stratégique utile à la progression. Disons qu’on enchaînera leur destruction parce qu’on les croisera sur notre parcours, par dizaines. Enfin, dans chaque niveau, quelques sphères bleues révéleront une Shena captive, qu’on libérera en passant simplement dessus. Un intérêt des plus limités et qu’on laissera vite de côté si notre objectif est plus de terminer le jeu que d’y réaliser un score-exploit.

Décrit comme il l’est, le gameplay de Rock’n Rage peut sembler simple, à la limite du pauvre. C’est un fait et si là encore d’autres réalisations ont prouvé sans mal qu’un bouton et une action pouvaient engendrer des gameplays miraculeux, ce n’est encore pas le cas ici. Quelques tares s’additionnent en effet, générant un sentiment de répétitivité assez conséquent et provoquant au final un ennui, non pas catastrophique, mais qui ne nous portera pas à penser que le titre de Konami possède une replay value, ne serait-elle que basique.

Durée de vie :08/20

Si une telle replay value n’existe pas, c’est que durant le jeu lui-même le challenge est pour ainsi dire absent. Absence marquée par une linéarité de niveaux qui se ressemblent tous, non pas graphiquement parlant, mais du point de vue structurel et difficulté qui n’existerait pas si quelques ajouts roublards n’avaient pas étaient implémentés par les développeurs. Dans le premier cas, nous devons sans cesse traverser les stages pour trouver une porte menant à un sous niveau très court aboutissant lui-même à un boss. Les parcours étant légèrement labyrinthiques mais sans obstacles typés plates-formes ou énigmes, linéaires donc. Le second cas nous oppose des groupes d’adversaires ne nous suivant pas mais pouvant nous jeter des projectiles, se déplaçant mécaniquement sans forcément nous porter une grande attention et réapparaissant donc sans cesse. Comme nous le disions, ce n’est que parce que quelques fourberies furent ajoutées qu'un certain challenge est présent : des mains, celles du ravisseur de Shena, longeant l’écran horizontalement de manière ponctuelle dans le premier niveau et impossibles à éviter, ou bien une boite de détection des collisions très large et propice aux touches de projectiles qu’on pensait pourtant largement esquiver.

Pour vaincre les boss habitant les cinq contrées visitées -l’Égypte, la Rome Antique, le Moyen-âge Britannique, les USA modernes et la France Napoléonienne- il faudra sans cesse remplir les mêmes objectifs. En premier lieu, trouver une porte menant à un personnage historique, toucher ce dernier et en obtenir un pouvoir de protection qui remplacera notre capacité à lancer des notes de musique, puis triompher de l’ennemi en chef. Nous parcourrons l’ensemble avec une certaine lassitude donc puisqu’à un scénario prétexte ne s’ajoutera qu’un gameplay basique. Fort heureusement, la réalisation pourra rehausser, très brièvement et faiblement, le niveau.

Réalisation : 07/20

Bon, il aurait été étonnant de constater un contraste de grande ampleur entre le gameplay et la réalisation de notre titre. Le second n’est donc pas réellement le sauveteur du premier. Admettons tout de même que certains sprites se détachent du lot mais il ne s’agit grosso modo que d’un centurion sur son char, d’un chevalier, de clones de Mozart, de soldats de l’Empire et d’un vampire hantant les détours d’un château de l’ancienne Angleterre et rappelant fortement Nosferatu. Il est rare d’avoir une liste de beaux sprites dans un test, la tâche étant généralement d’une difficulté certaine à cause du nombre. Si l'élaboration de cette liste est possible ici, c’est que le jeu ne dispose que de très peu de personnages et autres bestioles malfaisantes. On a, peut-être faussement, l’impression que le nombre de réalisations dans ce domaine ne s’élève qu’à trois ou quatre pour le premier stage, ce qui nous donnerait une vingtaine de sprites pour l’ensemble du jeu. Dérisoire donc, d’autant que certains, comme la chauve souris, reviennent à plusieurs reprises. Notons d’ailleurs que cette récurrence est la preuve d’une certaine paresse des développeurs puisqu’on se retrouve finalement devant un titre à la cohérence parfois étonnante. Ainsi, nos premiers affrontements ont lieu envers des momies, normal et classique pour un stage inspiré de l’Égypte, mais ceux qui les accompagnent ne sont que des humains. S’y ajoutent une sorte de Gil-Man et des rochers « possédés ». La Grande Bretagne offre des araignées, des abeilles, des arbres ressemblant à des « Ents ». Le rapport à l’Angleterre est assez anecdotique, une inspiration « fantasy » sans doute. Les vampires qui y apparaissent complètent le tableau même si, là encore, on pourrait se dire qu’un château hanté en Angleterre, pourquoi pas, mais hanté par des vampires…bof. Les USA montrent des Bikers et des Américains en chemise hawaïenne. Des zombies ? Bref, le topo sprite n’est pas des plus réjouissants, leurs animations étant également très basiques. Il n’y a véritablement pas grand-chose à se mettre sous les yeux de ce côté et pour achever le tout, les environnements ne sont pas non plus des plus passionnants, victimes du syndrome de linéarité décrit plus haut et très peu détaillés. L’Angleterre est même assez horrible dans sa première partie avec un aplat de couleurs qu’on peut supposer essayer de donner l’illusion d’une texture de verdure.

Vous l’avez peut-être oublié à ce niveau de votre lecture, mais la section précédente se terminait sur ces mots : « Fort heureusement, la réalisation pourra rehausser, très brièvement et faiblement, le niveau». Il y a donc du bon malgré tout dans la réalisation ? Les quelques sprites mentionnés en font donc partie, au même titre que la petite surprise représentée par l’identité des « détenteurs » du pouvoir de protection dans chaque niveau. Le premier n'est autre que Cléopâtre, le second le roi Arthur, le troisième Napoléon Bonaparte, le quatrième la Statue de la Liberté et le dernier un astronaute sans nom mais qui doit très certainement être Neil Armstrong. On se demande toujours quelle sera la personnalité à venir. Il est fort dommage que ce soit si ponctuel et que les développeurs n’aient pas utilisé l’idée de manière plus importante. Les boss, au contraire, sont assez insipides. Une tête de pharaon avec des serpents, une sorcière, un Minotaure, une courtisane démon et pour finir Monster Kids, le grand vilain du jeu, un adepte de musique semble-t-il Metal et qui réside étrangement en Amérique.

Une fois l’ensemble du bestiaire défait, rien ne félicitera de façon convaincante le joueur qui retrouvera Shena et ses partenaires sur scène, avant que la chanteuse ne se fasse à nouveau enlever. J’avoue ne pas avoir parcouru le jeu une seconde fois, faute d’entrain. Peut-être y a-t-il une autre fin ensuite mais la motivation n’était pas des plus présentes. Un mauvais signe.

Bande son : 10/20

Sans doute le point le plus étonnant du jeu avec la présence de Napoléon et Armstrong. La piste audio du titre est composée de musiques originales de Konami et de thèmes célèbres, classiques ou pop. Ainsi, et avec une capacité à se faire remarquer plus importante en fin de jeu, les thèmes varient de "Woman" de John Lennon, à "Born In The USA" de Bruce Springsteen en passant par "Like a Virgin" de Madonna, "Gonna Fly Now" de Bill Conti, ou encore "Twist And Shout" des Beatles. Nous avons même droit à la Marseillaise (quel autre jeu rétro et qui plus est Arcade peut se targuer de faire écouter la Marseillaise ?) et à l’hymne national Américain. Il est dommage que les débuts du jeu ne se fassent pas plus remarquer au niveau du son. Les bruitages ne sont pourtant pas plus forts que la musique mais celle-ci n’est pas assez mise en valeur pour que l’on fasse « tilt » de suite, ou alors faut-il être un mélomane averti ?! Sans tomber dans le grandiloquent, la présence de quelques pistes connues est un plus indéniable pour notre jeu, celui-ci peinant depuis le début à vraiment se démarquer.

Conclusion :09/20, une note finalement assez élevée mais qui traduit un jeu pas si nullissime que ça, simplement trop paresseux pour aller jusqu’au bout de son ambition.

Rock’n Rage partait sur une idée des plus enthousiasmantes : mélanger univers musical, ou du moins Rock, et aventure. Le résultat final est un jeu manquant clairement d’ambition, très peu fignolé et qui s’affiche sans jamais afficher de génie. Le thème Rock et guitariste aurait pu être repris de mille façons extravagantes, mais Konami a préféré ne s’en servir que comme d’une trame grossière à laquelle une bande son aux aspects populaires aura été greffée. Le voyage dans le temps aurait pu être très pertinent, il ne fait ici office que de déroulement classique, à la limite du vu et du revu, même en 1986. Pourtant, Rock’n Rage peut conserver une partie de son capital sympathie de départ, il bénéficie d’un petit je ne sais quoi qui, sans l’excuser de sa paresse généralisée, lui conserve un attrait très temporaire mais empreint d’une forme de curiosité qu’on voudrait éprouver pour toutes les productions existantes. A défaut d’avoir tiré un jeu vraiment déjanté, nous aurons donc pioché dans la catégorie des jeux à peine curieux mais qu’il faut avoir vu ne serait-ce qu’une fois.


Article publié le 01/12/2013 Jeu testé par Tanuki