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Rugby - The World Cup

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Sortie US non communiquée
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Rugby : The World Cup
??/12/1991
Edité par Domark
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Console: Commodore Amiga
Genre:Sport
Développeur: Walking Circles
Joueurs: 1 à 2
Existe aussi sur: Atari ST- Commodore 64-

Photo de la boite de Rugby - The World Cup
Rugby - The World Cup, capture d'écran Rugby - The World Cup, capture d'écran Rugby - The World Cup, capture d'écran
Les amateurs de rugby se plaignent souvent du peu d'adaptations vidéoludiques de leur sport favori. Ils ont en grande partie raison, surtout sur les dernières années. Pourtant, les plus anciens se souviennent qu'au tout début des années 90, un certain micro-ordinateur, l'Amiga (j'en vois déjà qui ont les yeux qui s'allument), a proposé près d'une demi-douzaine de softs ayant pour thème le ballon ovale. Si toutes ne resteront pas gravées dans les mémoires, on ne peut que saluer ces initiatives de la part des développeurs, d'autant que ce sport parfois complexe nécessitait de s'adapter aux restrictions techniques de l'époque. C'est précisément ce qu'a tenté de faire le studio Walking Circles, avec plus ou moins de réussite.

Revenons d'abord au contexte dans lequel a été créé ce titre : en 1991, l'Australie accueille la deuxième Coupe du Monde, en l'absence de l'Afrique du Sud, privée de compétitions officielles pour cause d'apartheid. Pour la première fois, certaines des équipes présentes ont participé en amont à un tournoi qualificatif, les autres, les majeures, ayant été invitées. L'époque était à l'amateurisme tant pour les joueurs (qui posaient des congés pour participer au mondial !), que dans les retransmissions télévisuelles. Pourtant, un vrai intérêt international se manifestait autour de ce sport pas encore médiatique, et Domark Software, surfant sur l’événement édita Rugby : The World Cup sur Amiga, mais également sur Atari ST et Commodore 64. Les joueurs ont donc pu se prendre, le temps de quelques parties, pour Serge Blanco ou Micheal Lynaght, les stars des années 90, dans ce jeu bénéficiant de la licence officielle de l'époque.


La Coupe du Monde comme si vous y étiez...ou presque

Pour être honnête, "licence officielle" est un peu exagéré. En fait, seules les seize équipes présentes lors de la phase finale de la Coupe du Monde sont intégrées dans le jeu. Il est ainsi possible de choisir une de ces formations, puis de prendre part à la vraie poule, face aux adversaires "réels". On pourra ainsi suivre le déroulement de la compétition, mais le côté "officiel" s'arrête là. C'est le premier défaut du soft, s'il y a bien les équipes authentiques et leurs logos respectifs (avec une jolie inversion entre celui de la FFR et celui de la fédération roumaine), cela s'arrête là. Aucune autre équipe ne pointe le bout de son crampon, pas plus que le moindre nom de joueur. Oubliez également les stades officiels. Même si bien entendu on ne s'attendait pas à les voir modélisés, voir apparaître un petit nom ou deux aurait été sympa.

Les modes de jeu ne sont pas non plus légion : Coupe du Monde donc, et amical, voilà tout. Ah si, un mode "démo" est également présent, et permet de regarder des rencontres ordinateur contre ordinateur. Je vous laisse seul juge de son intérêt... Il faut d'ailleurs noter que durant une compétition, il est possible de voir tous les matchs si on le souhaite. On peut donc regretter quelque peu ce contenu quasiment famélique, tant sur les modes de jeu que par l’absence de tout un tas de petits éléments qui pourraient offrir l'immersion dont un jeu de sport a besoin.

Un parti-pris technique intéressant

Tout n'est pas pourtant pas a jeter dans Rugby : The World Cup, à commencer par son aspect technique. Non, non, ne vous précipitez pas sur les screenshots : les graphismes ne sont pas beaux. La vue choisie est une vue de dessus, classique à l'époque (on retrouve la même sur les simulations de football Kick-off et Sensible Soccer par exemple). Les joueurs sont vraiment de toute petite taille, leur design est très simple et identique pour tous, et le public dans les tribunes est presque inexistant. Mais plutôt que de nous en mettre plein la vue visuellement, les développeurs ont semble-t-il pris le parti d'en garder sous la semelle pour l'animation.

Et il faut bien le dire, c'est une réussite. Le jeu est très rapide, à mille lieues de la concurrence d'alors, les courses sont vives, les plaquages puissants et les coups de pied partent fort. Les actions sont donc agréables à voir, et cela rend surtout les parties plus intéressantes à jouer. Toujours d'un point de vue technique, la bande son est sympathique, le public est bien présent et les bruitages ont un style "too much" assumé qui prête souvent à sourire. Ainsi, même lors d'une passe, les joueurs poussent un petit cri ridicule, et il en de même lors de chaque action. Tout cela nous donne donc un soft qui, bien que limité, a su créer un environnement dans lequel le joueur aime évoluer.

Des choix de gameplay pour profiter d'un fun immédiat...

Cela est d'autant plus vrai que Rugby : The World Cup est extrêmement simple à prendre en main. D'abord parce que, comme sur la plupart des jeux Amiga, un seul bouton est nécessaire. Ce dernier (le bouton "tir") servira à la fois aux passes et aux coups de pied, les variations se faisant au joystick. En le poussant vers l'avant (c'est à dire tout droit ou en diagonale, droite ou gauche) tout en pressant le bouton, un tir est déclenché, sur les côtés ce sera une passe. Plus on le maintient longtemps, et plus le tir ou la passe seront puissants.

Le contrôle des courses se fait donc aussi au stick, et il est possible de courir dans toutes les directions. Il n'y pas de bouton de sprint, et les échappées se font toutes à la même vitesse, pour un joueur donné. Car il faut ajouter que tous ne sont pas aussi véloces, les trois-quarts l'étant bien plus que les avants, ce qui est un point très positif. Les équipes aussi ont des caractéristiques propres, en ce qui concerne la rapidité de leurs arrières ou la puissance de leurs avants dans les mêlées et les touches. Malheureusement, aucune donnée chiffrée n'est disponible et cela nuit encore au plaisir que l'on éprouve à suivre la compétition, même s'il faut avouer que ces différentes caractéristiques sont globalement en adéquation avec les équipes d'alors.

Le jeu de course et de passe est très sympathique. La vitesse de l'animation apporte beaucoup et il est possible de réaliser de brusques changements de direction pour passer un adversaire qui se retrouve alors le nez dans le gazon. De même, le jeu de passe est plutôt convaincant, permettant de donner le ballon au dernier moment pour "cadrer" un défenseur et libérer de l'espace. On peut alors suivre le déroulement de l'action sur le judicieux radar en transparence sur l'écran. Pour poursuivre sur les commandes, les développeurs ont réussi à proposer un gameplay fort sympathique pour les mêlées, tout en se pliant aux contraintes de la machine. Pour gagner une de ces phases de conquête, il faut remuer frénétiquement son joystick(!) de gauche à droite. Presque aussi fatigante qu'en vrai (non en fait...), cette séquence rehausse des moments de jeu pas toujours très funs. Face aux équipes les plus fortes dans ce secteur de jeu, il faudra vraiment déployer toute sa puissance, ce qui fait dire à certains joueurs anglo-saxons que ce titre était un véritable "joystick killer". En revanche, le choix d'imposer les mêmes mouvements pour les touches ne rend pas vraiment justice à ces dernières, dans lesquelles la technique collective est plus importante que la force brute. Les transformations sont également bien retranscrites, avec une cible qui balaie l'écran et qui demande d'appuyer sur le bouton dans le bon timing.

On peut ainsi dire que cette simplification à outrance du gameplay permet à tout un chacun, même au plus profane, de comprendre immédiatement les mécaniques de jeu, et ce afin de garantir un plaisir rapide. La contrepartie évidente est que les amateurs de rugby seront déçus par les raccourcis allègrement pris par les développeurs. Pire encore, les puristes auront, à certains moments, bien du mal à reconnaître leur sport.

...parfois même au détriment des règles

Je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler que le rugby est un sport collectif qui oppose deux équipes de quinze joueurs. L'objectif est de déposer un ballon ovale dans l'en-but adverse, pour gagner quatre points à cette époque (depuis les règles ont évolué et cela vaut désormais cinq points). Il est possible de marquer deux points en transformant un essai ou trois points en réussissant un drop ou une pénalité. Heureusement, on retrouve bien dans le soft quinze joueurs pour chaque équipe, et il est bien possible de marquer un essai en appuyant sur le bouton tir dans l'en-but adverse. Les drops sont aussi de la partie, il suffit pour cela de frapper un coup de pied en direction des poteaux. Mais il n'y a en revanche aucune pénalité dans le jeu. C'est un point très critique, car il est en fait impossible de commettre une faute ou un en-avant au cours d'une partie. Très dommageable, cette conséquence de la simplification de l'adaptation ampute les rencontres d'une bonne part d'intérêt. Exit donc les matchs à couteaux tirés se terminant sur une ultime pénalité victorieuse.

Pire encore, les mêlées ouvertes sont tout bonnement passées à l'as! En rugby à quinze, lorsqu'un joueur est plaqué, il doit lâcher le ballon et les deux équipes vont alors pouvoir se le disputer. Ici, après un plaquage, le jeu s'arrête et l'on repart sur une mêlée ! En plus de hacher le match au possible, ces mêlées à répétition faussent grandement les débats. Car comme nous l'avons vu, chaque équipe a une puissance différente pour ces phases de jeu, et au vu du nombre de mêlées dans un match, les formations les plus fortes sont très avantagées. Ainsi, alors que battre la Roumanie avec la France ne devrait pas poser de problème, sa capacité à gagner des ballons dans ce secteur de jeu est telle qu'il faut batailler comme un fou pour y arriver.

On le voit, à trop vouloir rendre son bébé accessible, Walking Circle a laissé de côté trop de paramètres pour en faire une simulation cohérente et capable de contenter les fans du sport dont il est inspiré... Attention cependant, cela ne veut pas dire que le titre n'est pas plaisant à jouer, mais il ne faut simplement pas trop lui en demander.

A deux, c'est mieux

Pour passer un bon moment sur Rugby : The World Cup, il convient de le prendre pour ce qu'il est : un petit jeu sans prétention très orienté arcade. Même si ce n'était pas le but avoué des développeurs, cela nous évitera une trop grande déception. Le mieux, c'est comme souvent de trouver un ami pour partager quelques matchs amicaux, ou même une Coupe du Monde. On oublie alors facilement les errements du gameplay et les libertés prises sur les règles pour se défouler sur son joystick à chaque mêlée.

En conclusion, Rugby : The World Cup n'est pas la grande simulation de rugby que les fans attendaient sur Amiga. C'est finalement un jeu d'arcade correct qui souffre des raccourcis pas vraiment assumés que lui ont imposé ses créateurs. On ne pourra qu'éprouver un sentiment de déception tant le soft, avec son côté technique correct et son jeu de passe bien pensé, aurait pu s'imposer comme la référence de son temps.

Graphisme/animation 11/20 : Joueurs clonés de taille ridicule et stades anecdotiques sont compensés par une animation rapide et fluide qui fait honneur au sport.

Bande-son 12/20 : Peu de musique mais des bruitages assez drôles et de qualité.

Durée de vie 10/20 : Le mode deux joueurs ne permet pas de faire oublier le contenu famélique (deux modes de jeu, une seule compétition) du soft.

Gameplay 9/20 : Ce qui est proposé est de bonne qualité, mais trop de points ont été retirés pour considérer le gameplay comme complet.

Verdict 10/20 : Pas beau mais bien animé, bénéficiant de bonnes idées de gameplay mais simplifié à outrance, Rugby : The World Cup, est une simulation de rugby ratée, tout en étant un jeu d'arcade agréable le temps de quelques parties.


Article publié le 24/01/2013 Jeu testé par mmmss