The Curse of Monkey Island
Section Test.
Sortie JAP non communiquée
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The Curse of Monkey Island
31/10/1997
Edité par Lucas Arts
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The Curse of Monkey Island
31/10/1997
Edité par Lucas Arts
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Console: PC
Genre:Aventure
Développeur: Lucas Arts
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité PC
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The Curse of Monkey Island
31/10/1997
Edité par Lucas Arts
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The Curse of Monkey Island
31/10/1997
Edité par Lucas Arts
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Console: PC
Genre:Aventure
Développeur: Lucas Arts
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité PC
Décidément, quand on a la poisse…
L’une des grandes forces de la saga réside dans la continuité de son scénario tout au long des épisodes. Vous retrouvez ainsi Guybrush Threepwood qui est parvenu de s’échapper tant bien que mal des griffes de LeChuck à la fin du précédent volet. Devenu capitaine d’un fier navire (une auto-tamponneuse ne flottant que par miracle), ce dernier sillonne les mers à la recherche d’Elaine, sa dulcinée qui le croit mort. Alors qu’il pensait être condamné à mourir de faim sur l’océan, le destin l’amène au pied de la forteresse de sa bien aimée qui est hélas assiégée par un navire que notre héros ne connaît que trop bien : celui de son pire ennemi, le pirate zombie LeChuck qui ne démord pas de son idée d’épouser la belle. Heureusement, l’amour est plus fort que tout et Guybrush parvient à couler le navire fantôme en récupérant au passage une bague ornée d’un diamant aussi gros que sa tête. L’occasion était trop belle, et au milieu de ces chaudes retrouvailles, notre gentleman demande sa bien-aimée en mariage en lui passant au doigt ce splendide bijou. Tout aurait pu se terminer dans la liesse d’un mariage grandiose, mais c’eut été sans compter sur la formidable malchance de notre pirate en herbe. En effet, la bague s’avère être porteuse d’une terrible malédiction transformant tous ceux qui la portent en statue d’or. Guybrush va donc devoir parcourir les caraïbes à la recherche de l’antidote qui lui permettra de libérer Elaine, tout en affrontant son adversaire de toujours qui semble être doté du trait caractère présent chez tous les méchants des jeux vidéo : une persévérance maladive et une totale incapacité à mourir (souvenez vous du Docteur Willy dans Mega Man).
Une réalisation de haute volée
Dès les premières secondes de jeu, vous serez choqué par l’évolution technique du jeu. Est-ce dû au départ de Ron Gilbert (le créateur des deux premiers épisodes), ou bien à la volonté de Lucas Arts de ne pas se reposer sur ses lauriers ? Impossible de répondre à cette question. Toujours est-il que les développeurs n’ont pas perdu leur temps pendant les cinq années séparant ce troisième volet de son prédécesseur. En effet, autant le rendu des deux premiers chapitre était relativement proche, autant celui de The Curse of Monkey Island rompt radicalement avec tout ce que l’on avait pu voir jusqu’ici…pour notre plus grand plaisir ! Vous jouez désormais à un véritable dessin animé interactif avec un rendu d’une finesse tout simplement incroyable grâce au passage à la haute résolution (du moins pour l’époque, soit 640x480). Que ce soit au niveau de la modélisation des personnages, des décors, ou de l’animation, la réalisation technique du jeu a bénéficié d’un bond spectaculaire tant et si bien que l’on peinera à reconnaître notre bon vieux Guybrush d’autant que le chara-design a été profondément bouleversé en donnant un aspect beaucoup plus mince aux différents protagonistes. Et pourtant, l’identité graphique du soft est restée intacte. Le coup de crayon des designers contribue grandement à renforcer l’aspect loufoque de l’univers, tant et si bien que l’on en arrive à ne pas concevoir ce troisième épisode avec d’autres graphismes que ceux proposés. Dès les premières secondes de jeu, on tombe instantanément sous le charme des nuages aux formes tout sauf réalistes, s’étirant dans le ciel crépusculaire. D’ailleurs, le level-design ne manquera pas de vous rappeler celui des dessins animés Disney dotés en prime d’une originalité propre à Lucas Arts.
Côté son, le bond technique est tout aussi réussi puisque le passage au stockage sur CD-ROM en lieu et place des antiques disquettes a permis aux développeurs d’augmenter singulièrement la qualité des musiques. Pour la plupart reprises des épisodes précédents elles n’ont jamais été aussi belles et vous apprécierez grandement de les redécouvrir après cette cure de jouvence. Vous aurez cependant aussi droit à des morceaux inédits, la variété des compositions de Michael Land étant beaucoup plus grande du fait de la plus grande capacité de stockage. Même constat pour les bruitages, faisant preuve d’une énorme richesse. Chaque action se déroulant à l’écran fera l’objet d’un bruit bien particulier, que ce soit le sciage d’une planche avec un couteau, un tir de pistolet ou tout simplement l’océan frappant contre la coque d’un navire. Vous pensiez que le ravissement s’arrêtait là ? Grossière erreur ! The Curse of Monkey Island est en effet le premier jeu de la série à être doté d’un doublage intégral de tous les dialogues du jeu. En apprenant cela, le joueur s’étant essayé à Zelda the Wand of Gamelon ne peut que s’inquiéter, cette bouse étant le parfait exemple de l’ajout foireux d’une voix faisant perdre tout charisme au héros. Fort heureusement, Lucas Arts ne mange pas de ce pain là : chaque parole prononcée, le moindre petit pleur bénéficie d’un jeu d’acteur grandiose, preuve que tous les doublages français ne sont pas systématiquement à jeter à la poubelle. Les voix collent parfaitement aux différents personnages et apportent un réel plus à l’humour omniprésent sans lequel cet univers fantasque n’aurait pas lieu d’être.
Une grande fidélité à ses illustres ancêtres
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le mot fantasque tient ici plus de l’euphémisme qu’autre chose. La marque de fabrique de la série a toujours été un humour décalé ainsi qu’un univers déluré et force est de constater que cette tendance n’est aucunement reniée dans ce troisième épisode. Toutes les répliques du jeu semblent avoir été étudiées pour déclencher ne serait ce qu’un sourire chez le joueur avec un aspect humoristique exacerbé tout au long de l’aventure. Les personnages toujours aussi hauts en couleur bénéficient d’expressions faciales plus réussies encore que dans les précédents épisodes, gagnant ainsi beaucoup en charisme. Vous aurez d’ailleurs le plaisir de retrouver des têtes connues, à commencer par Lady Vaudou qui vous aidera dans votre noble quête comme elle avait pris l’habitude de le faire depuis le premier épisode. Au rang des come-backs, comment ne pas mentionner celui de Stan que vous retrouvez à la place exacte où vous l’aviez laissé dans le précédent opus, c'est-à -dire enfermé par vos soins dans l’un de ses précieux cercueils qu’il tentait tant bien que mal de vous refourguer à prix d’or. Une bonne occasion pour ce commercial hyperactif d’opérer une troisième réorientation de sa carrière en devenant vendeur d’assurances vies (après avoir été vendeur de navires puis croque-mort : j’ose à peine imaginer la longueur de son curriculum). Chaque situation vécue durant votre aventure renforce cet aspect humoristique, les développeurs ayant mis un point d’honneur à ne pas se prendre au sérieux et à laisser libre cours à leur créativité délirante. Le meilleur exemple reste selon moi le passage à l’hôtel de l’île du sang dans lequel vous ingurgitez des médicaments couplés avec de l’alcool, ce qui vous projette instantanément dans le coma. S’inquiétant au bout d’une heure de ne pas vous voire reprendre vos esprits, le barman appelle le fossoyeur qui nous sort comme une fleur : « c’est drôle ça, je ne pensais pas qu’on mourrait dans un jeu Lucas Arts ». Cette réplique est ensuite suivie par un faux générique de fin interrompu par notre héros outré de se voir enterré si vite. L’humour est d’ailleurs présent jusque dans les menus, puisqu’en vous baladant un peu dans ces derniers, vous aurez la surprise de découvrir une option « activer l’accélération 3D ». Le jeu étant en 2D, il s’agit bien entendu d’une autre blague, chose confirmée par l’affichage d’un message pour les étourdis qui, comme moi, auraient eu l’idée saugrenue de cliquer sur cette case. Ce genre de situations loufoques se trouvent à la pelle dans le jeu, tant et si bien que vous en viendrez à vous demander où les développeurs ont bien pu aller chercher des idées aussi farfelues.
Tout comme ses ainés, The Curse of Monkey Island est lui aussi doté de moult références à d’autres œuvres culturelles. Les développeurs semblent toutefois avoir voulu freiner un peu sur les clins d’œil à Indiana Jones omniprésents dans le second volet puisqu’ici seule la réplique culte « sa place est dans un musée » viendra vous faire penser à l’homme au fouet. Cependant, de nombreuses références à d’autres jeux de l’éditeur font leur apparition. Tout d’abord, vous aurez l’occasion à deux reprises de faire apparaître Max, l’un des deux héros du jeu Sam & Max Hit the Road (voir screenshot correspondant). Ensuite, vous rencontrerez un personnage ressemblant étrangement à Manny Calavera de Grim Fandango, et doté d’un badge assez évocateur. Enfin, les fans de la première heure auront la joie de savourer quelques clins d’œil aux deux précédents épisodes, comme par exemple la possibilité d’obtenir une poupée à l’effigie de LeChuck reprenant le sprite utilisé dans le second volet ou encore l’offre d’un poste de cuisinier dans la taverne de l’ile de Scabb (souvenez vous, Guybrush avait fait virer le cuisto en flanquant un rat dans son ragout !). Soulignons enfin l’apparition d’une dimension morale que l’on ne connaissait pas, avec moult petits messages disséminés aux quatre coins du jeu. A titre d’exemple, on pourrait citer la phrase « Ne consommez pas d’alcool avant de prendre la barre » présente dans un livre de recettes. En bref, malgré sa totale refonte graphique, ce troisième chapitre des aventures de Guybrush n’a rien perdu de sa superbe et garde tout l’aspect attachant de son univers, faisant irrémédiablement tomber le fan que je suis sous son charme.
Un gameplay totalement revu
Compte tenu de la beauté du jeu, les développeurs ont pris le parti de laisser un maximum de place à l’affichage des actions. Ainsi, si le gameplay est toujours basé sur le moteur SCUMM, on constate directement la disparition de l’inventaire et de la liste de verbes habituellement présents en bas de l’écran. Désormais, le seul moyen d’interaction que vous aurez avec le décor résidera dans le curseur déplacé à l’aide de votre souris. Un clic gauche sur un élément précis du décor entrainera l’apparition d’un menu contextuel sous la forme d’une pièce d’or comportant trois éléments : une main, une tête de mort et une tête de perroquet. La fonction de chaque icône variera selon l’objet sur lequel vous aurez cliqué, même si chacune gardera le même domaine d’action : la main pour pousser, frapper, tirer etc, la tête de mort pour examiner et la tête de perroquet pour tout ce qui a rapport avec la bouche (manger, parler, souffler…). L’inventaire est quant à lui accessible via un clic droit. Cette nouvelle interface a pour avantages de nécessiter un encombrement minimal de l’écran, et de rendre le jeu plus accessible aux néophytes (est ce vraiment un avantage ?). Après un petit temps d’adaptation durant lequel vous bataillerez pour perdre vos réflexes durement acquis dans les épisodes précédents, vous ne pourrez qu’apprécier cette maniabilité pour sa souplesse, sa discrétion et sa formidable efficacité.
La sortie de ce troisième opus marque également le retour des combats d’insultes, désespérément absents du second volet. Petit rappel du principe : vous affrontez un adversaire et devez lui sortir la meilleure insulte possible. Si vous y parvenez, vous prenez l’avantage et pouvez continuer à tenter votre chance. Dans le cas contraire, ce sera à lui de vous balancer des vannes et à vous de trouver la meilleure répartie. Le premier à atteindre trois points gagne le combat. La différence avec les affrontements du premier volet réside dans la nécessité de faire rimer vos réponses avec les insultes de votre adversaire, d’où une difficulté largement accrue. De plus, ces combats se déroulent désormais sur le pont de votre navire et sont donc à ce titre précédés par un court combat naval durant lequel vous dirigez votre navire tout en canonnant celui de l’adversaire, un peu à la manière d’un Sid Meier’s Pirates. En gagnant des combats, vous amassez des richesses qui vous permettront d’aller acheter des canons dotés d’une meilleure portée. D’autres phases de jeu spéciales viendront ponctuer votre progression, comme une phase de tir pur dans laquelle vous canarderez des chaloupes pleines de squelettes, un mythique duel de banjo ou encore une partie de poker tout sauf honnête. En un mot comme en cent, tout a été mis en œuvre pour offrir au joueur un plaisir de jouer maximal sans jamais le lasser, chose appréciable compte tenu de la difficulté du jeu qui en aurait autrement dissuadé plus d’un…
Un challenge toujours à la hauteur
En effet, si la maniabilité a été rendu plus accessible aux débutants, le jeu en lui-même reste extrêmement difficile et offrira un challenge largement à la hauteur de la saga. La progression se fait en résolvant les nombreuses énigmes qui vous seront soumises. Cependant cette résolution est rendue difficile par deux facteurs principaux. Le premier est sans aucun doute la disparité des objets dont vous aurez besoin. Ainsi, vous n’utiliserez que très rarement un item dans les minutes suivant son obtention. Du coup vous en viendrez, au fil des heures de jeu, à quasiment oublier son existence jusqu’à ce qu’un puzzle fasse tilt dans votre esprit. D’ailleurs, vous devrez ramasser tous les objets que vous pourrez trouver sous peine de vous retrouver bloqué des heures plus tard, vous obligeant à revenir en arrière pour récupérer l’élément manquant pour résoudre une énigme.
La seconde composante de cette difficulté réside dans l’aspect loufoque de ces énigmes. Les créateurs du jeu semblent en effet avoir mis un point d’honneur à inventer des casse-têtes tous plus incongrus les uns que les autres, vous obligeant à vous mettre dans un état d’esprit similaire à celui des développeurs pour avancer dans le jeu. Ne faites jamais l’erreur d’éliminer une solution potentielle en la jugeant trop tirée par les cheveux, puisqu’il y a fort à parier que, ce faisant, vous éliminiez le seul moyen de résoudre ce puzzle sur lequel vous êtes bloqué depuis des heures. Pour prendre un exemple concret, vous devrez à un moment du jeu trouver du goudron pour réparer la coque de votre navire. La solution consistera à récupérer deux morceaux de fromage, à placer l’un d’entre eux dans une marmite puis à monter au sommet d’un volcan pour jeter l’autre morceau dans le cratère et déclencher une éruption. Du coup, la lave cuira le premier morceau qui se transformera en goudron. Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres, et telle sera la teneur d’une grosse majorité des énigmes auxquelles vous serez confronté. Cependant, malgré leur difficulté, elles demeureront logiques et réalisables pour peu que vous soyez attentifs aux dialogues avec les PNJ qui vous donneront de précieux indices quant à leur résolution.
A noter que, tout comme son prédécesseur, The Curse of Monkey Island vous proposera au début de l’aventure de choisir votre niveau de difficulté parmi les deux disponibles, l’un contenant plus d’énigmes que d’autres. Si les puristes choisiront directement le mode Super Monkey, cette possibilité rendra le jeu accessible aux néophytes désireux de s’initier au noble genre des point & click.
Conclusion
Au risque de m’attirer les foudres des fans de la première heure, ce troisième chapitre des aventures de Guybrush Threepwood représente pour moi l’aboutissement de la saga. Reprenant les ingrédients ayant fait la force de ses prédécesseurs (un humour décapant et un univers original), tout en profitant de la puissance des machines de l’époque, The Curse of Monkey Island s’impose comme une référence dans le domaine du point & click et a réussi l’exploit de ne pas prendre une ride depuis sa sortie il y a maintenant plus de dix ans, preuve que la 2D est nettement moins sujette à l’obsolescence que sa petite sœur. L’attente de cinq ans entre le deuxième épisode et ce petit bijou vidéo-ludique valait le coup. A consommer sans modération, et à posséder ABSOLUMENT dans sa ludothèque !
Réalisation : 20/20
Gameplay : 19/20
Durée de vie : 19/20
Bande son : 18/20
Scénario : 18/20
Verdict : 19/20
Article publié le 08/09/2008
Jeu testé par Manuwaza