Super Dodge Ball

Section Test.

Super Dodge Ball, de son vrai nom « Kunio No Nekketsu Toukyu Densetsu », est le dernier jeu des développeurs de Technos Japan, firme disparue peu de temps après cette parution en 1996. Pour souvenir, on doit à cette compagnie des hits comme Double Dragon en arcade. Cet épisode exclusif à la Neo Geo est en réalité le dernier d'une très longue saga uniquement connue au Japon dont le héros est Kunio, un lycéen dans la plus pure tradition des mangas nippons, chef de gang toujours prêt à en découdre contre les autres gangs de la ville...

Si les premiers jeux de la saga ont été des beat them all à la sauce Double Dragon, dont le mythique Renegade qui s'est vu totalement modifié graphiquement en sortant du Japon afin de coller à la culture occidentale, les autres épisodes ont surtout été retranscrits sous forme de Dodge Ball (balle aux prisonniers pour nous petits français). Avec quelques volets NES, Game Boy ou SNES notamment, ces titres de « sport » ont connu leur apogée avec cet opus Neo Geo qui a su condenser tout ce que cette série avait de meilleur.

« Mets qu'lques sous » dans la borne :

Kunio no Nekketsu (je sais, j'ai déjà fait mieux comme jeu de mot pourri), est donc un pur jeu d'arcade disponible sur MVS mais aussi sur AES en très faible nombre d'exemplaires. Une fois passée la petite introduction rapide vous présentant les différents leaders d'équipes au look manga déjanté, vous n'aurez accès à aucun mode de jeu, si ce n'est One Player ou VS Mode. Dès lors, vous entrez sans ménagement dans un tournoi au sein duquel vous pourrez choisir parmi sept équipes de trois joueurs qui se distinguent par leur leader (certains membres annexes pouvant se retrouver dans une autre formation). La huitième équipe, non jouable, n'est autre que celle du « dernier boss » organisant ce tournoi entre gangs.

Comme vous allez rapidement le constater, vous aurez droit à tous les clichés habituels des mangas pour vos leaders. Entre le lycéen coiffé à la banane et son long imper blanc, la fille pompom girl, le loubard type militaire, la catcheuse au rouge à lèvres éclatant, le gars habillé très efféminé, il y en a pour tous les goûts. On se croirait dans le « collège fou fou fou », véritablement excellent si l'on aime ce type d'univers japonais.

Il est très amusant de constater que les jeux de « balle aux prisonniers » ont quasiment toujours été placés sous le signe de la dérision. Le film Dodge Ball avec Ben Stiller s'est d'ailleurs profondément inspiré de ce jeu en optant pour des équipes au look improbable et décalé.

Enfoiré d'Chuck Norris …

A l'inverse de Ben Stiller dans Dodge Ball qui nous a gratifié de cette réplique cinglante, ce jeu Neo Geo est particulièrement technique. Pour ceux qui ont vécu sur une autre planète, ou enfermés dans leur placard toute leur enfance, un petit rappel sur les règles du jeu s'impose... Deux équipes de trois joueurs chacune se font face sur un terrain rectangulaire coupé en son milieu par une ligne dessinée au sol. Le but du jeu est d'éliminer tous les joueurs adverses. Pour cela, vous devez attraper la balle et toucher votre adversaire sans qu'il n'ait eu la possibilité de rattraper la sphère. Si celle-ci tombe au sol après la « touchette », il est mis hors du terrain et ne pourra plus que servir d'appui à son équipe en ayant la possibilité de faire le tour de la bordure extérieure de la zone de jeu et, si on lui fait une passe, tirer à son tour sur l'équipe adverse. Quand les trois joueurs d'une même équipe sont « hors zone », c'est la fin de la partie, synonyme de victoire pour les survivants. Les matchs sont souvent survoltés et il faut aussi bien faire attention aux adversaires se trouvant devant vous dans l'aire de jeu, que guetter ceux éliminés qui peuvent être dans votre dos et attendre une bonne balle pour vous éjecter de la partie....

Tous les boutons de la manette sont ici utilisés. A permet de faire une passe, B de tirer (ou d'attraper la balle en phase de défense), tandis qu'un appui sur C déclenche un saut et que D sert à feinter son adversaire (ou à provoquer en phase de défense). Un double appui dans une direction permet d'accélérer en déclenchant une course. Le jeu alterne donc très rapidement et sans temps mort phases d'attaque et de défense. On peut frapper en sautant, feinter son adversaire qui va relâcher sa garde et frapper ensuite, courir pour donner de la puissance à son coup, etc.... Un timing millimétré sera nécessaire pour rattraper la balle, la manipulation consistant à appuyer sur B au moment ou le ballon vous arrive dessus. Un poil trop tôt ou trop tard, et vous recevez la balle en pleine face… Sachez aussi que vous pouvez « empiéter » sur le terrain adverse afin de vous rapprocher d'un ennemi pour lui lancer une balle puissante. Le revers de la médaille, c'est qu'il faut alors rapidement sortir de leur zone de jeu sous peine de se voir infliger de lourds dégâts en représailles.

Histoire de coller à l'image arcade de la Neo Geo, Technos a eu la bonne idée d'implanter une barre de furie. Celle-ci se remplit petit à petit en fonction de vos touches ou balles récupérées mais peut aussi être alimentée en appuyant sur A et B simultanément, uniquement si vous n'avez pas la balle dans les mains. Une fois cette jauge pleine, il faudra tout comme dans les jeux de combat les plus populaires, faire un mouvement circulaire type avant, arrière, demi cercle avant pour lancer votre super pouvoir d'équipe différent pour chaque leader …

Et comme si ce n'était déjà pas assez complet, sachez qu'avec un mouvement type boule de feu en attaque, vous enverrez un tir surpuissant (distinct lui-aussi pour chaque personnage), et ce même mouvement en phase de défense au moment de recevoir la balle (donc très difficile à placer) provoquera un contre ultra rapide pour renvoyer le cuir illico à l'attaquant.

Afin d'achever ce gameplay déjà très technique, sachez que chaque personnage de votre équipe dispose d'une petite barre de vie distinguée des autres par sa couleur. Une fois cette jauge vide, le joueur incriminé est éjecté. Un match peut se terminer également par une victoire si à la fin du temps alloué pour la partie, votre équipe bénéficie d'une jauge d'énergie plus remplie que celle de son adversaire. Cerise sur le gâteau, lorsque vous gagnerez un match, vous pourrez intégrer dans votre équipe le leader déchu de la formation adverse et ainsi composer une team encore plus puissante ...

Bref, vous l'aurez compris, Super Dodge Ball bénéficie d'un gameplay très étudié et digne des meilleurs jeux de combat.

Sugar Baby Love …

Pour ceux ne connaissant pas le tube Sugar Baby Love des Rubettes (ouh là, je me sens encore un peu plus vieux chaque jour avec ce type de références musicales), je vous invite à l'écouter pour comprendre dans quelle ambiance sucrée Super Dodge Ball s'inscrit. Plein de bonne humeur, de bons sentiments et de couleurs flashy, ce titre de Technos Japan va vous flatter la rétine mais aussi les tympans. Que ce soit au niveau des sprites type SD, de grande taille, très détaillés, ou des décors très inspirés, on ne peut que saluer le travail remarquable de cet éditeur. Entre la fête foraine, le temple, la boîte de nuit, le parking de course automobile ou devant des cerisiers en fleurs, Super Dodge Ball parvient à conférer à chaque équipe son univers propre dans un bain de couleurs des plus vivifiants.

Les super-pouvoirs de nos chers joueurs sont à la fois humoristiques pour certains, mais surtout visuellement très travaillés. Des ballons devenus météorites, boules de feu, ou éclairs, jeu de passes ultra rapide entre coéquipiers qui finit en super coups, on a souvent la sensation de se retrouver devant Captain Tsubasa (Olive et Tom pour les francophones). Le tout est servi par des voix digitalisées de qualité et une bande son vraiment réussie. Mélangeant des morceaux de techno, de rock, ou Japon traditionnel, chaque thème colle parfaitement au décor de chaque équipe. La Neo Geo a toujours fait merveille en la matière et ce jeu ne déroge pas à la règle.

Avec toutes ces éloges, vous allez me dire que ce jeu est parfait, ou presque. Ce n'est pas loin d'être vrai, mais ce constat idyllique souffre de petits défauts qui auraient pu être évités. Commençons par les zooms et dé-zooms incessants. Si l'effet visuel fait toujours sensation, il devient finalement un peu fatiguant, tant l'action est rapide et pousse toujours la console à zoomer ou rétrécir. Ça donne un peu le mal de mer...

Je regrette également la relative lenteur de nos persos pour se retourner. Il n'est pas rare de se prendre un coup de balle dans le dos lorsqu'un joueur éliminé s'y trouve. Un peu rageant par moments. Enfin j'aurais aimé que les tirs ne soient pas « lockés », comprenez par là que quelle que soit la direction que vous prendrez, le tir ira immanquablement sur le joueur le plus proche de vous. J'aurais aimé que le tir soit totalement « libre » afin d'apporter une phase encore plus technique au jeu. On pourrait alors tirer sur les joueurs les plus éloignés, faire des rebonds sur les murs plus facilement, etc....

Mais bon, je chipote...

Conclusion :

Super Dodge Ball est le digne héritier de Soccer Brawl, Windjammers ou Street Hoop, un jeu de sport décalé, hyper fun, visuellement très réussi et techniquement plus travaillé qu'il n'y paraît. Il est à mon sens le meilleur représentant de la discipline de la balle aux prisonniers, toutes consoles confondues. Même si l'on pourrait regretter une certaine pauvreté en termes de modes de jeu et quelques détails de gameplay, ce titre est bourré de bonne humeur et se savoure surtout en multi.


NOTE : 17/20

Article publié le 03/03/2013 Jeu testé par Slaine