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Astal

Section Test.


Kisuishou Densetsu Astal
28/04/1995
Edité par Sega
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Astal
27/04/1995
Edité par Sega
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Sortie EURO non communiquée
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Console: Sega Saturn
Genre:Plates-Formes
Développeur: Sega
Joueurs: 1 à 2
Une exclusivité Sega Saturn

Photo de la boite de Astal
Astal, capture d'écran Astal, capture d'écran Astal, capture d'écran
1995, quelques mois après sa sortie japonaise, la Saturn accueille un jeu destiné à imposer la nouvelle mascotte de Sega. Après le succès mondial de Sonic et de ses différents épisodes, la firme au hérisson bleu a probablement voulu s'inspirer de cette réussite tout en créant un nouveau héros plus « mature » encore, afin de coller à l'image qu'ils voulaient donner à leur dernière console. Personnellement, si les raisons de cette volonté de remplacer Sonic, héros qui n'aura d'ailleurs aucun épisode consacré sur cette machine (exception faite d'une compilation, ou d'un Sonic 3D Blast d'une qualité très contestable), me restent obscures, je ne pouvais à l'époque que m'enthousiasmer devant ce courage de tenter d'innover ou apporter de nouvelles licences. D'ailleurs, la Saturn (japonaise je précise) reste pour moi l'une des meilleurs consoles à laquelle j'ai joué en regard de toutes ces nouvelles licences créées, ces jeux au charisme et au potentiel exceptionnel. Et surtout, la 32 bits de Sega offrait à l'époque ce qui se faisait de mieux en termes de 2D, bien loin devant une Playstation plutôt portée sur la troisième dimension.

Quoiqu'il en soit, le jeu qui nous intéresse aujourd'hui, Astal, ne parviendra jamais à percer, et fera même office d'échec commercial. Je consacrerai un chapitre entier sur la question pour tenter d'en comprendre les raisons. En attendant, laissez-moi vous présenter l'un de mes platformers préférés sur cette machine...


Jerado est un vilain pas beau...

Tout commença lorsque la déesse Antowas créa un monde à partir d'un simple joyau. Celui-ci, composé de cristal, fut appelé Quartilia. Afin de continuer son œuvre, elle mit « au monde » deux êtres. A partir d'un joyau rouge, elle enfanta un garçon nommé Astal, tandis qu'un joyau vert donna naissance à une fille baptisée Leda. Astal se vit confier pour principale mission de veiller sur Leda. Fière de sa création, Antowas s'endormit…

Malheureusement, un être maléfique connu sous le nom de Jerado profita du sommeil de la déesse pour tenter de conquérir Quartilia. Il créa pour l'aider un guerrier à l'aide d'un joyau noir : Geist. Ce dernier parvint à capturer la jeune Leda et l'emmena au plus profond de l'océan de cristal de la planète. Astal, fou de rage, parvint à la délivrer mais dans sa colère détruisit une partie de ce monde qu'il devait protéger. La déesse Antowas se réveilla alors, constata les dégâts et décida de punir Astal pour son comportement. Il fut banni, enchaîné à une Lune voisine. Leda, triste, lui donna son joyau. Jerado usa de sa ruse pour faire croire qu'il ne reviendrait pas sur ce monde et laisserait la jeune Leda tranquille. Antowas se rendormit, rassurée. Mais hélas, Geist était toujours en liberté et attendait les ordres de son maître. Une fois la déesse profondément assoupie, il captura de nouveau la jeune fille esseulée. Astal, témoin de la scène, brisa ses chaînes et partit à nouveau sauver sa chère et tendre, au risque de provoquer la colère de sa déesse. C'est là que commence votre aventure…

Comme vous pouvez le constater, le scénario est travaillé même si le fond de l'histoire pourrait se résumer à un simple sauvetage de princesse. Il est assez rare d'avoir des trames aussi complexes dans un jeu de plates-formes, et il me paraissait donc important de le souligner. Toute cette histoire vous est contée dans une introduction commentée par une voix off de très haute qualité et des dessins vous décrivant la situation. Une fois la narration terminée, un dessin animé s'enclenche faisant furieusement penser à la séquence introductive de Sonic CD. Une musique rythmée avec une chanteuse lance ce passage d'excellente qualité. On y voit Astal brisant ses chaînes et parcourant le monde à la recherche de sa bien aimée. Cette introduction est dans la plus pure tradition de celles produites sur Saturn à cette époque : belle, épique, enivrante, féerique, bref un succès total. Notez toutefois que seule la version japonaise dispose de la musique chantée. Les déclinaisons américaine et européenne se contentent quant à elles d'une version instrumentale.

Astal toi bien dans ton siège, ça va décoiffer…

Après avoir paramétré votre nombre de vies dans les options ainsi que les touches de la manette, vous pouvez vous lancer dans l'aventure. Sachez que, si les options n'offrent aucun réglage de la difficulté, elles permettent toutefois d'avoir accès à toute la bande son du jeu et d'activer un mode Stéréo. Eh oui, à cette époque c'était une nouveauté de pouvoir sortir du son en full stéréo.

Astal est donc un jeu de plates-formes, mais le personnage dispose d'un éventail de mouvements digne d'un beat them all. Contrairement à un Sonic qui se veut rapide et agile, ou à un Mario qui ne tue ses adversaires qu'en leur sautant sur la tête, Astal est plus « brutal » et colle ainsi parfaitement à son image de personnage caractériel. On pourrait presque le comparer à Stitch de Disney. Vous pourrez donc cogner vos adversaires avec votre poing, mais aussi frapper le sol pour déclencher un tremblement de terre et ainsi immobiliser les ennemis. Leur sauter dessus, ou déclencher un souffle puissant aura pour effet de tuer ces derniers, ou au moins de les figer un court instant. Enfin, attraper les ennemis s'approchant d'un peu trop près vous permettra de les balancer au loin. Cette force se caractérise aussi par la possibilité de déraciner certains éléments du décor pour les balancer sur vos opposants. Quand je vous disais qu'Astal était une brute…

Cerise sur le gâteau, très rapidement au milieu du premier niveau, vous allez délivrer un oiseau qui pour vous remercier va vous accompagner dans votre aventure. Apparaissent alors deux possibilités. Si vous jouez en solo, vous contrôlez les pouvoirs de l'oiseau. Ce dernier vous avertit d'un éventuel danger ou de la présence d'un objet caché hors de votre portée, vous permettant d'ensuite lui demander de le récupérer. Le volatile met également à votre disposition un pouvoir offensif déclenchable par un appui long sur la touche correspondante, une fois l'oiseau sélectionné. A ce niveau, sachez qu'une gemme bleue en cas de l'écran représente ce dernier, tandis qu'une rouge correspond au souffle d'Astal. L'oiseau partira alors dans tous les sens pour détruire tous les adversaires présents à l'écran. Cet allié se révélera donc fort utile, vous dégageant souvent le passage, créant parfois des plates-formes, ou même combattant pour vous notamment contre un boss où votre personnage habituel sera emprisonné, faisant de votre compagnon le seul capable d'en venir à bout.

Je vous parlais précédemment d'une deuxième possibilité induite par la présence de votre allié. Celle-ci n'est autre que le mode deux joueurs. Eh oui, Astal peut se jouer à deux. Votre coéquipier prendra alors le contrôle de l'oiseau pour vous aider dans l'aventure. Vous pourrez donc dans ce mode combattre directement les ennemis, déclencher vos pouvoirs, chercher les objets... Bref, vous jouerez totalement l'aventure comme Astal. Une excellente idée…

Votre énergie vitale est représentée par des sortes de fruits rouges, au nombre de trois. Ce sont d'ailleurs les seuls objets que vous pourrez ramasser durant la partie. Pour le reste, Astal est un jeu de plates-formes relativement classique. Les cinq mondes traversés sont découpés en sous-niveaux pour un total de neuf stages. Vous allez sauter de plate-forme en plate-forme, voyager à dos de dragon des mers, escalader des montagnes de cristal, éviter divers éboulements... Bref, un cheminement finalement très convenu. Quelques mini-boss vous barreront le passage, et à chaque fin de niveau un boss d'envergure viendra vous affronter. Cela fait de ce titre un jeu très court, mais j'aurai l'occasion de revenir sur cet aspect un peu plus loin dans ce test.

Opel Astal, deutsch quality…

Ce qui frappe tout de suite dans ce jeu, outre l'introduction en dessin animé, c'est la qualité visuelle d'Astal. Sorti plus de six mois avant Rayman, le soft reste parmi les jeux 2D les plus aboutis de la console de Sega.

Dès les premières minutes de jeu on en prend plein les yeux. Les couleurs pastel flattent la rétine, les scrollings différentiels sont légion et surtout remarquablement incrustés. On ne voit pas les « séparations » entre chaque « couche » de parallaxe, donnant un effet de profondeur plus convaincant encore. Des objets passent en premier plan, en arrière plan, ça zoome, des rotations (il suffit de voir la galaxie du niveau quatre pour comprendre), distorsions, effets de transparence apparaissent constamment... Astal est une véritable vitrine technologique de tout ce que la Saturn pouvait offrir en effets spéciaux dans un jeu en deux dimensions.

Au delà de cette explosion d'effets visuels, c'est tout l'univers d'Astal qui prête à l'enchantement. Les couleurs sont sublimes, les cristaux brillent de mille feux, les effets de lumière sont remarquables et chaque ennemi a bénéficié d'un soin particulier, au même titre que les différents décors visités. Vous allez traverser dans le désordre des plaines de cristal, des rivières embrumées, des grottes où le soleil ne filtre que par quelques ouvertures dans le plafond, des monts enneigés, des plaines volcaniques, des cieux tonitruants ou encore des cavernes scintillantes. Que dire également des boss énormes qui font leur entrée magistrale à chaque fin de niveau ? Vous aurez toujours droit à une petite entrée en matière de toute beauté, et à chaque fin de stage une séquence animée vous expliquera la suite de l'histoire.

Tout ce ravissement visuel ne serait rien sans une bande sonore de qualité, et là encore Astal fait très fort. Les musiques sont limpides, entraînantes, du grand art… A cela s'ajoutent des voix off de qualité, un Astal qui parle durant l'aventure, crie à chaque coup porté, exulte de colère quand il le faut... On en redemande.

Comme je vous le disais, seul Rayman, dans un autre style graphique, pourra se targuer de rivaliser avec notre jeu de ce jour. Reste pour combler les joueurs, une belle petite fin avec une chanson magnifique, mais uniquement disponible sur la version japonaise, la déclinaison américaine se contentant une fois encore d'un thème instrumental. Alors pourquoi malgré toutes ses qualités Astal fut-il un échec commercial ? Tentative de réponse plus bas…

Astal la vista, baby …

Difficile de définir les raisons exactes pour lesquels ce jeu est quasiment passé inaperçu à l'époque, mais je vais tenter d'apporter quelques bribes de réponses.

Tout d'abord commençons par ce qui a probablement sauté aux yeux de certains : le design général du soft. Comme vous l'aurez peut être remarqué, notre personnage ressemble étrangement à Sonic. Que ce soit sa coupe de cheveux, ses proportions ou son attitude un peu rebelle, on aurait presque pu le remplacer par l'emblématique hérisson. L'introduction en dessin animé très inspirée de Sonic CD ne fera que le confirmer. Même l'oiseau qui nous accompagne n'est pas sans évoquer ceux auxquels le héros bleu porte souvent secours .

Alors pourquoi ce rapprochement ? A l'époque de la sortie de la Saturn, Sega était en recherche d'une nouvelle mascotte. Voulaient ils remplacer Sonic ? Difficile à dire... Ce qui est certain, c'est que fort de la réputation des consoles Sega de proposer des jeux matures, la firme a certainement voulu passer un palier en offrant à sa nouvelle machine un héros encore plus « rebelle » que Sonic, tout en en conservant certains aspects. Astal a donc été présenté dans un premier temps comme le successeur du hérisson bleu. Malheureusement, le public n'a pas été réceptif à ce nouveau héros, plusieurs raisons pouvant expliquer cela. Tout d'abord, les fans de Sega étaient d'ores et déjà conquis par Sonic, et tout le monde attendait un nouvel épisode sur Saturn. Ensuite, le style de jeu est totalement différent. La force de Sonic était d'offrir un gameplay vif, mais aussi des niveaux vastes à passages multiples avec des tas de voies secrètes, énormément de façons de finir un stage, et la quête des émeraudes ou autres objets à dénicher. Astal, aux antipodes de tout cela, se veut « linéaire », assez facile, sans rien d'autre à récupérer que ce qui se trouve sur le chemin imposé. Une fois Astal terminé, on y revient uniquement pour le plaisir des yeux. Le titre aurait donc gagné à offrir plus de profondeur et des niveaux beaucoup plus intéressants. Neuf stages pour un jeu de plates-formes, aussi beau soit-il, cela fait court, à fortiori s'ils sont linéaires.

Ensuite, chose importante, Astal est sorti dans la même période que la Playstation. Tout le monde avait les yeux braqués sur cette nouvelle console et ses jeux en trois dimensions. Astal paraissait alors « dépassé » par ces derniers. N'oublions pas non plus la sortie de Rayman, qui bien que commercialisé plusieurs mois plus tard au Japon, a vu le jour de manière quasi-simultanée dans nos contrées. Ces deux jeux se sont donc affrontés dans les ventes, mais Astal n'avait aucune chance. Rayman avait pour lui des graphismes splendides, mais surtout un monde vaste, une originalité avérée, une durée de vie énorme, et une campagne marketing rondement menée. Enfin, je dirais que Sega n'a pas su soutenir sa nouvelle mascotte. Peu de communication, aucune suite annoncée, on a eu la sensation que l'éditeur était rapidement passé à autre chose en voyant le choc « Playstation » dans les foyers, pour se concentrer sur des productions en 3D.

Conclusion

La Saturn a été particulièrement gâtée en jeux de plates-formes, et Astal fait partie du haut du panier. Il ne lui manquait pas grand chose pour toucher la perfection, peut être des niveaux plus longs et plus complexes, ainsi que quelques quêtes annexes type émeraudes de Sonic. Quoiqu'il en soit, ce titre unique sur la machine de Sega vous proposera une aventure de qualité avec ses graphismes magnifiques, sa bande son magistrale et ses dessins animés de toute beauté. N'oublions pas son mode deux joueurs qui rehausse de manière tangible sa replay value. Croyez moi, achetez vous la version japonaise les yeux fermés, vous ne serez pas déçus !

Scénario : 17/20 : Une histoire travaillée et des dessins animés de qualité.

Gameplay : 17/20 – Simple à prendre en main, des tas de mouvements, un régal à commander.

Durée de vie : 12/20 : Neuf stages courts et faciles. Le plus gros défaut du jeu.

Réalisation : 18/20 – Un régal pour les yeux et les oreilles.

Bande son : 18/20 – Une bande son magistrale


NOTE 17/20


Article publié le 09/06/2013 Jeu testé par Slaine