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Two Crude Dudes

Section Test.


Crude Buster
28/02/1992
Edité par Data East
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Two Crude Dudes
11/05/1991
Edité par Data East
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Two Crude Dudes
??/??/1991
Edité par Data East
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Console: Sega Megadrive
Genre:Beat'em All
Développeur: Data East
Joueurs: 1 à 2
Existe aussi sur: Arcade-

Photo de la boite de Two Crude Dudes
Two Crude Dudes, capture d'écran Two Crude Dudes, capture d'écran Two Crude Dudes, capture d'écran
Véritable géant dans le monde de l’Arcade des eighties et nineties, malheureusement disparue en 2003, la société Data East n’est plus à présenter aux Retrogamers de tout temps. Rappelez-vous l’un de ses Beat’em All phares sorti en 1988 sur borne d’arcade, j’ai nommé Bad Dudes Vs Dragon Ninja. Très populaire dans les salles obscures, le programme avait connu des adaptations à la qualité plus que douteuse avec, entre autres, une version NES des plus déplorables et qui s’est d’ailleurs ramassée un tout aussi déplorable 4/20 sur votre site préféré. Deux années plus tard, sur les bornes américaines, sort un titre tout aussi accrocheur : Crude Buster, et qui rencontrera un fort succès. Succès qui poussera d’ailleurs la société à le porter sur la console reine des adaptations de jeux d’arcade de l’époque à savoir la MegaDrive. Le soft prit alors le nom de Two Crude Dudes (même aux US…). Vous le voyez venir, le lien de parenté ? Deux Dudes, deux Beat’em All, Data East, les salles d’arcade, un portage…

Même s’il n’a pas été officiellement annoncé comme une suite par Data East, force est de constater que ce Two Crude Dudes se situe dans la droite lignée de Bad Dudes Vs Dragon Ninja et nous le verrons encore mieux dans les prochains paragraphes avec des similarités frappantes.

Alors ce portage de Crude Busters, que donne-t-il ? Est-il à sauver de l’Apocalypse ou doit-on le reléguer au même rang que le jeu testé par MaitreCoq ? La réponse après un sérieux nettoyage de rues.


Scénario 10/20

Si les domaines du jeu vidéo et du cinéma avaient un quelconque lien de parenté, nul doute que les films d’action et les Beat’em All seraient frères. De par leur sens exacerbé du spectacle, de par leur utilisation -parfois proche de l’apologie- de la violence, mais surtout de par leurs scénarii. Et ce constat est encore plus flagrant avec les productions des années 80. Rappelez vous du mythique film de John Carpenter, New York 1997 (et même Los Angeles 2013 d’ailleurs). Si l’on ne saisit pas le message qui se trouve derrière, nous ne nous trouvons que devant un simple film d’action au scénario bien maigre tenant en quatre mots : Chaos, Baston, Muscles, Iroquois. La liste de ces films est bien longue et, si l'on peut aujourd’hui les regarder d’un air amusé, force est de constater que ceux-ci faisaient recette en leur temps. Prenez maintenant le scénario type de la (quasi) totalité des Beat’em All des années 80, celui-ci tient aussi en quatre mots : Chaos, Baston, Muscles, Iroquois.

Two Crude Dudes est bien de ceux-ci et je m’en vais vous conter son scénario (ou son prétexte, ça dépend du point de vue). L’action se place dans la ville de New York, en l’an de grâce 2010. Ravagées par une explosion atomique vingt ans plus tôt, les rues se reconstruisent peu à peu. Malheureusement, un savant fou décide de lever une armée de mutants pour asseoir son pouvoir sur les décombres de la grosse pomme. Le nom de ce gang ? Big Valley. Le gang et sa violence ont pris une telle ampleur que toutes les actions mises en place par le gouvernement pour retrouver la paix se sont révélées être des échecs. La dernière solution s'avrère être deux frangins à crête et super musclés. Oui, ce sont eux, les Two Crude Dudes (Les Deux Bourrins).

Ce scénario vous est expliqué d’ailleurs un peu partout, que ce soit à l’arrière de la jaquette, dans le manuel ou encore dans une séquence introductive, en images fixes mais rudement bien faite.

On est donc bien en face d’un Beat’em All dans l’âme, le scénario est bête et méchant et n’est toujours qu’un prétexte au Chaos, à la Baston, aux Muscles et aux Iroquois. La filiation avec Bad Dudes Vs Dragon Ninja se voit ici avec la sempiternelle quête accordée par le gouvernement désemparé aux deux parias. La trame me fait beaucoup penser à celle de Double Dragon, le film, pas le Beat’em All, comme quoi, l’ambiance nanarde n’est pas très loin.

Réalisation 10/20

Comme beaucoup de points avec ce jeu, ce que je vais vous dire sur la réalisation graphique vous paraîtra sans doute contradictoire. Et pour cause, ce qui fait la force de ce Two Crude Dudes, c’est bien son côté second degré et non ses qualités techniques.

En 1991, le premier Streets of Rage voyait le jour, tout le monde s’extasiait devant ses graphismes, son ambiance ainsi que sur la possibilité de se déplacer sur la profondeur, spécificité déjà existante dans Double Dragon en 1988 et qui devint ensuite un gage de qualité pour les Beat’em All urbains. Point de tout cela dans le soft de Data East. Comme son prédécesseur, Two Crude Dudes se joue sur un plan unique, on avance, on recule, on saute mais on ne peut pas faire un pas de côté, ce qui fait vraiment tache en cette année. Ai-je dit que l’on pouvait sauter ? On le peut et ça ne sert pas qu’à esquiver. Les développeurs ont ajouté une petite dose de plates-formes au jeu en incluant la possibilité de se déplacer sur deux niveaux par moment. Ainsi, même s’il est impossible de se mouvoir sur deux plans horizontaux comme dans Bare Knuckles, vous pourrez le faire sur deux plans verticaux. Quand même en retard sur cet aspect, le jeu fait plus penser à ceux du début du genre comme Kung Fu ou encore Vigilante de Irem, de bons titres certes, mais toutefois antérieurs à 1991. Heureusement, le tout ne souffre d’aucun ralentissement ni clignotement malgré un grand nombre de sprites parfois présents à l’écran.

En ce qui concerne les graphismes, ce n’est pas non plus très reluisant avec des décors pauvres aux couleurs criardes et aux thèmes maintes et maintes fois revus comme les ruelles, les égouts, l’usine ou encore le labo. Les sprites de nos héros jouissent par contre d’un véritable capital sympathie avec des phases d’animation mettant en scène des mimiques vraiment tordantes. Les voir esquisser une danse sexy à chaque fin de niveau est toujours un bon moment, tout comme de contempler le logo « Peace & Love » dans leur dos lorsqu’ils montent une échelle. Malheureusement, ils ont beau être jumeaux, les deux musclés à l’iroquois et aux lunettes de soleil ne connaissent qu’une simple distinction de couleur. Ce constat s’applique aussi pour les sprites ennemis. On savait que le procédé de modifier la couleur d’un même sprite pour montrer les différences de puissance était déjà utilisé dans Double Dragon, mais ces modifications avaient au moins la décence de se faire entre deux niveaux. Ici, les variantes de couleurs tournent presque au pathologique car on pourra retrouver le même sprite orné de bleu, de jaune ou de rouge et ce, au sein du même stage. Il est alors clair que les développeurs n’ont pas fait d’efforts à ce niveau mais qu’ils se sont lâchés sur le plan de la créativité pour nous offrir des ennemis tous plus hilarants les uns que les autres. Vous pourrez alors croiser des sosies de Predators roses, de faux Terminators, des nains bossus ou encore des pères Noël de petite taille. Les Boss sont quant à eux des plus étranges, entre un champion de Lucha Libre en talons compensés, un punk avec des bras de faucheuse, un minotaure ou un homme araignée, on se demande bien où est la cohérence, mais force est de constater qu’il y a eu un gros travail de réflexion pour les faire évoluer du plus burlesque au plus cauchemardesque.

Graphiquement, Two Crude Dudes est donc un jeu qui pâtit d’une piètre réalisation, datée au possible ainsi que d’une technique en retard sur la concurrence. Fort heureusement, ces défauts sont rattrapés par l’humour que dégagent les sprites et par le capital sympathie qu'ils renvoient (je ne parle pas de charisme, les héros n’en ont aucun et sont juste de gros balourds qui aiment rire et cogner fort). L'apparition d'onomatopées comme Paf, Wham ou Bing avec un design de comics lorsque l’on frappe un ennemi sont des preuves supplémentaires de l'orientation humoristique voulue par Data East pour son titre.

Gameplay 09/20

On parlait de désuétude lorsque l’on a abordé les graphismes du jeu (mais si, rappelez vous, ce n’est pas si loin), eh bien ce qualificatif sera aussi de mise en ce qui concerne la jouabilité. Forcément, avec une action sur plan unique, on ne part pas avec de l’avance, nous ramenant à l’époque de Spartan X. Les trois boutons seront mis à contribution de la façon suivante : un pour donner des coups, un pour sauter, le dernier pour attraper. Les sauts servent surtout à monter sur une plate-forme et très peu à esquiver les ennemis, notre héros étant un tel balourd qu’il ne pourra sauter que par-dessus les chiens robots ou les nains. La palette de coups se révélera quant à elle très décevante avec seulement un coup de poing à lâcher à l’infini et de très légers coups de pied sautés. Aucun combo possible, ce qui nous ramène directement aux fondements du genre au milieu des années 80 et nous offre une clé de compréhension quant au fait que ce soft ait connu un succès plus que confidentiel : la plupart des Beat’em All de l’époque nous offrait au moins un minimum d’enchaînements de coups, regardez le premier volet de Streets of Rage sorti en 1991. La hitbox parait d’ailleurs assez difficile à gérer, vous vous verrez souvent incapable de frapper un ennemi si vos deux sprites se confondent alors que ça ne semblera pas vraiment lui poser de souci. Même si vous pourrez détruire certains éléments du décor, et frapper dans quatre directions, la portée de vos coups de poing paraîtra très courte tant vous aurez à vous rapprocher de la racaille pour la toucher. Et là on se demande bien si l’utilisation des coups n’a pas été volontairement minimisée par les développeurs pour que nous, joueurs, ne basions l’essentiel de notre attaque sur le recours à la troisième touche, celle qui sert à attraper. Pressez cette touche et vous pourrez soulever à bout de bras tout ce qui vous chante entre des éléments de décors comme les classiques poubelles, les tuyaux ou encore les grands mats de feux tricolores, des chars d’assaut ainsi que vos ennemis (Boss compris). Un second appui sur cette touche vous fera lancer votre proie pour lui causer des dégâts ainsi qu’à votre cible. Les possibilités seront nombreuses, certains objets se lançant au sol, ce qui sera utile lorsque vous serez à l’étage supérieur, d’autres se projetant en ligne droite afin d’embrocher toute une lignée d’ennemis. Il vous sera aussi possible de donner des coups de pied alors que vous porterez un projectile, de sauter ou encore de vous baisser. Il est à noter que, entre chaque niveau, à l’image d’un Street Fighter II, vous aurez un level bonus où le but sera de défoncer un distributeur de soda pour en faire tomber les canettes qui vous rendront des points de vie si elles sont bues. Un distributeur rendu à l’état de miettes vous rapportera d’ailleurs une vie supplémentaire.

Suivant un scrolling horizontal forcé, vous avancerez finalement avec un certain plaisir : celui de contrôler un gros balourd en lui demandant de choper et de balancer tout et n’importe quoi sur ses ennemis. Alors certes, en 1991 on faisait bien mieux, bien plus diversifié, bien plus novateur mais il faut avouer que ce minimum syndical rendu par Data East comble nos instincts les plus archaïques. Pas besoin de combos à outrance lorsque l’on peut prendre le même plaisir à balancer une carcasse de voiture sur un groupe d’ennemis en contrebas. D’autant plus que, bizarrement, vous contrôlerez un balourd ne présentant aucune lourdeur dans son maniement.

Bande son 12/20

Kitch, voilà un adjectif qui sied à ravir à la bande son de ce Two Crude Dudes. Assez anecdotiques, les musiques abordent un ton souvent décalé et très typé science fiction. Certaines sont même totalement hors sujet comme la petite mélodie Jazzy audible lors des stages bonus. Les bruitages sont tout aussi déjantés, les cris poussés par les ennemis mourants me font d’ailleurs beaucoup penser à ceux poussés dans Metal Slug, l’inénarrable jeu au second degré assumé.

Un petit tour dans le menu des options vous fera découvrir le sound test du jeu, un atout que je trouve toujours très appréciable pour réécouter ces petites mélodies désuètes en dehors de l’action frénétique des niveaux.

Durée de vie 14/20

Composé de sept niveaux, le soft se pose dans la moyenne des Beat’em All du début des années 1990. Si la progression se fait assez aisément, la présence de Boss et de demi-Boss viendra vous ralentir parfois assez fortement, certains d’entre eux vous arrachant de grandes quantités de vie sans aucune vergogne. D’autant plus que, procédé souvent utilisé dans le genre, le rendant même caricatural, le dernier niveau sera un enchaînement des différents Boss croisés dans les stages. Une durée de vie qui sera contrebalancée par une certaine monotonie ressentie du fait du peu de possibilités offertes par le soft. Mais ce constat ne s’applique qu’au jeu en solo. En effet, comme tout bon Beat’em All qui se respecte, les parties en collaboration seront bien entendu le principal atout du soft. Encore plus fun à deux, encore plus bourrin et surtout encore plus débile, preuve en est la possibilité de choper son frère pour le jeter sur vos ennemis. Jamais le Friendly Fire ne m’aura autant fait rire.

Alors oui, le jeu n’est pas forcément très long, pas forcément difficile mais le fun qu’il dégage nous y fera revenir de temps en temps pour une petite partie entre amis, comme la plupart des jeux du genre d’ailleurs.

Conclusion 14/20

Paradoxal, c’est sûrement ce que vous trouverez de mieux pour qualifier ce test et les notes données. Paradoxal sera aussi le meilleur qualificatif pour ce Two Crude Dudes lorsque vous y aurez joué. Arborant une réalisation datée ainsi qu’un gameplay minimaliste, le soft se rattrapera par le kitch et l’humour très second degré qu’il dégage. Alors oui, j’ai mis 14/20 car je suis très réceptif au second degré, un joueur n’ayant pas ce côté bon public se focalisera sur ses défauts et pensera qu’il ne mérite pas plus de 08/20.

Vous l’aurez compris, le soft de Data East est ce qu’on peut qualifier de nanar vidéoludique. Jouant des codes et des caricatures d’une époque, Two Crude Dudes est un véritable mauvais jeu sympathique, preuve en est de sa jaquette. Un jeu auquel on aime jouer dans un esprit de franche camaraderie, bouillonnants de testostérone en se mettant des coups d’épaule bien virils.


Article publié le 07/09/2013 Jeu testé par Icarus