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Desert Demolition

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Desert Demolition Starring Road Runner and Wile E. Coyote
??/??/1994
Edité par Sega
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Desert Demolition Starring Road Runner and Wile E. Coyote
??/??/1995
Edité par Sega
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Console: Sega Megadrive
Genre:Plates-Formes
Développeur: Blue Sky Software
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité Sega Megadrive

Photo de la boite de Desert Demolition
Desert Demolition, capture d'écran Desert Demolition, capture d'écran Desert Demolition, capture d'écran
Il semble qu'il y ait un consensus à propos du dessin animé « Bip Bip et le Coyote », qui peut être résumé par la phrase suivante : c'est de la balle. Mais je pense que son succès tient moins au géocoucou bleu qu'à l'incroyable malchance de Coyote. Il y aurait beaucoup à dire sur le plan psychanalytique à propos de la fascination morbide que l'on peut éprouver à la vue du pauvre animal qui voit tous ses stratagèmes -pitoyables- se retourner contre lui les uns après les autres. Après tout, la base de l'humour n'est-elle pas une peau de banane traînant par terre, et un quidam qui ne regarde pas devant lui pendant qu'il marche?

Quoiqu'il en soit, les deux ennemis jurés -décision unilatérale- n'en sont pas à leur première apparition vidéo-ludique puisqu'ils sont venus sillonner les routes sur Atari 2600, NES, Super Nintendo, Commodore 64 et même Game Gear. Bip-Bip lui même fera un caméo remarqué dans Une Faim de Loup sur Playstation, jeu génial où il viendra embêter Ralph, le cousin du Coyote. Cette version Megadrive, sortie en 1995, nous vient tout droit de BlueSky Software à qui l'on doit les deux premiers Jurassic Park sur la même console, ainsi que les Vectorman une année plus tard. Mais la boite a dû déposer le bilan en 2001 suites aux difficultés financières d'Interplay, leur maison-mère. Oui, ce n'est pas très drôle. Mais souvenez-vous : la banane, le mec qui marche...


Réalisation

Autant l'annoncer tout de suite : Desert Demolition est beau. Très beau. Beau comme un camion. Un camion ACME qui vous percute de plein fouet, vous laissant au sol avec de belles marques de pneus sur le corps...et quand vous vous relevez, heureux d'être en vie, sa cargaison vous tombe dessus et vous achève à coups d'enclumes, de missiles téléguidés et de catapultes mal réglées. Mais je m'égare (de Lyon. Haha, humour, encore une fois!).

Nous sommes en 1995, la Megadrive entame sa dernière ligne droite et les créateurs maîtrisent la machine sur le bout des doigts. C'est pour ça que, dès l'allumage, Desert Demolition en impose : le logo Sega se fait exploser par un Coyote maladroit. Puis, apparaît la présentation d'un dessin animé Looney Tunes avec ses cercles orangés. Et enfin, on aperçoit les deux comparses en pleine course-poursuite, quand l'écran se fige et que leurs faux noms latins respectifs (Speedicus Birdicus, et Canis Ravenous) apparaissent. Cette présentation me faisait hurler de rire à chaque fois, et encore maintenant j'ai un petit sourire sur le visage. Et on n'a pas commencé le jeu que la réalisation pose les bases : c'est superbe. Le trait est d'une rare finesse, les couleurs sont parfaites et les animations des personnages font preuve d'un souci du détail rare qui force l'admiration. Pour tout le reste en revanche...non, il n'y pas Mastercard. Mais peut-être aurait-il fallu...

Le problème avec cette réalisation, c'est qu'elle ne semble s'appliquer qu'à Bip Bip et au Coyote. Les niveaux eux-mêmes sont plats, génériques et manquent de vie. Les divers éléments qui viendront s'opposer à leur progression sont eux-aussi très banals et semblent être animés à la va-vite. Cela donne une impression générale en demi-teinte, comme si tout le budget était passé dans les deux protagonistes, et le reste réalisé avec le strict minimum. Non pas ce que soit désagréable, mais on aurait aimé un rendu plus homogène.

Bande-son

Au niveau sonore, Desert Demolition présente un intérêt certain. Il y a bien certaines musiques typiques des Looney Tunes comme le générique de début, mais en dehors de ça, le son n'existe, peu ou prou, que quand les protagonistes ou les choses bougent.

Oui, formulé ainsi ça peut paraître bizarre. Dans les faits, quand vous commencerez un niveau ce sera le silence total, puis quand vous vous mettrez en marche, une petite musique typique accompagnera vos pas et s'arrêtera net en même temps que vous. Elle se modifie aussi quand le Coyote rampe (une variation plus « furtive »), quand vous accélérez ou quand vous utilisez un objet spécifique. Même constat pour les effets sonores d'ailleurs. Cela donne une impression étrange, qui ne sera éclairée que quelques minutes de jeu plus tard : c'est exactement comme dans le dessin animé! Il n'y a pas de musique d'accompagnement, rien que les sons produits par les personnages. Pour en rajouter, aucune parole n'est prononcée autre que « Bip Bip ! ». Cela donne une rythmique très spéciale, par à-coups, mais le tout est d'une fidélité désarmante!

Qu'est-ce que j'aurais aimé qu'il en soit de même pour le gameplay...mais je vais plus vite que la musique, encore une fois (humour, machin, tout ça²).

Gameplay

Bon, commençons par les généralités.

Le but, pour les deux protagonistes, va être d'arriver à la fin des niveaux avant le temps imparti. Il y a des chronomètres qui traînent dans les stages, rajoutant dix secondes au compteur. On n'a donc pas trop le temps de traîner pour admirer le paysage. On peut également ramasser des timbres-poste qui, une fois cent vingt cinq récoltés, ouvrent l'accès à des niveaux bonus. L'objectif final pour les deux compères est de prouver à ACME qu'ils sont bien les stars du show, les meilleurs. Voilà, ça me permet de me débarrasser du scénario tout de suite! On a donc affaire à un jeu d'aventure et de plates-formes en 2D somme toute classique dans son déroulement, bien que le soft porte la marque des Toons : petits, gentils, et un peu barjos aussi.

Bip-Bip, comme vous le devinez, va vite, très vite. Le simple fait de maintenir Droite ou Gauche le fera courir dans une direction, et il ne sera arrêté que par un obstacle. Appuyez sur B quand vous disposez d'un Turbo (un objet rouge traversé par un éclair) et il foncera avec une vitesse folle, en passant à travers certains obstacles hostiles sans dommage. Cela lui permettra de ne pas se faire attraper par Coyote qui rôde dans les parages. Mais si jamais vous arrivez à le surprendre, vous pourrez hurler « Meep-meep ! » (Bouton A) dans son dos pour le paniquer et lui faire lâcher des chronos et des timbres-poste! Ce piaf est rapide et ne craint pas les chutes ni les chocs contre le décor, ce qui rend les parties particulièrement vives et plus faciles que celles du Coyote. Par contre soyez réactifs, car on a tôt fait de se planter dans un mur ou dans un baril explosif...mais vous pourrez vous soigner en picorant des graines (touche Bas).

Notre malchanceux de service, maintenant. Une vraie publicité ambulante pour les marabouts et autres magnétiseurs vous annonçant que vous avez un cancer, un lupus et une rage de dents en même temps. Coyote se déplace assez lentement et va être tributaire des livraisons ACME, à savoir des caisses dans lesquelles se cachent des gadgets débiles. A chaque caisse son bonus, mais vous ne saurez pas lequel vous obtiendrez avant de l'ouvrir. Kinder-Suprise les enfants! Et ACME a été généreux : patins à roulettes alimentés en nitroglycérine, costume de Batman vert fluo, chaussures-ressorts, tout est bon pour finir le niveau et surprendre Bip Bip. En revanche il aura bien moins d'occasions de se soigner, et la barre de vie peut fondre assez vite...car oui, fidèle à sa réputation, Coyote se blesse bien plus souvent que son ennemi. Atterrissages approximatifs, tête écrasée contre un plafond suite à un saut hasardeux, course qui se finit dans le mur...et bien sûr, le reste des éléments nocifs qui s'appliquait à Bip-Bip lui nuira tout autant.

Il pourra tenter un plongeon désespéré en appuyant sur A pour choper l'oiseau par le cou, acte récompensé par des chronos et des timbres-poste bien sûr en cas de réussite. Une pression sur B le fera courir (pas aussi vite que son ennemi, cela va sans dire), mais une deuxième pression avec un Turbo et il se déchaînera, s'octroyant plus de liberté pour courir sans se blesser et attraper Bip-Bip.

La touche C, enfin, est assignée au saut pour les deux personnages, tout simplement.

Le jeu se prend très bien en main, les contrôles répondent au quart de tour mais peut-être faudra-t-il à certains un temps d'adaptation aux déplacements, qui ne sont pas sans rappeler ceux d'Aladdin de David Perry. Ce n'est pas l'inertie exagérée d'un Earthworm Jim ou d'un Cool Spot, mais c'est un peu spécial.

Maintenant, le gameplay de Desert Demolition me gêne. Non pas qu'il soit « mauvais », les commandes sont précises, il n'y a pas de soucis de collisions, le tout est bien fichu. Mais en y jouant, je me posais sans cesse la question  « Pourquoi ce gameplay avec Bip Bip et le Coyote? » Je veux dire par là que leurs buts respectifs ne correspondent pas à l'objectif donné par le jeu. On se rend très vite compte que les touches Action, le « Meep-meep ! » et le saut de Coyote ne servent à rien du tout et nous font perdre du temps, alors que c'est la base de la relation (oui, même basée sur un désir carnassier, ça reste une relation!) entre les deux protagonistes, c'est même pour cela qu'on les connaît et les apprécie! Alors on se contente de finir les niveaux le plus vite possible...

Le tout apparaît comme étant hors-sujet. Le gameplay est bon mais ne sied pas à l'univers...à moins que ce ne soit le contraire. Mais bon, l’œuf et la poule, hein...

Durée de vie

Sur ce point, fini l'humour et place à la douche froide. Glacée, même. Avec d'énormes glaçons qui vous tombent sur le râble.

Desert Demolition se finit en moins d'une heure si l'on sait tenir une manette Megadrive dans le bon sens...Oui oui, avec les deux personnages bien sûr. Une demi-heure pour chacun d'eux, en gros. Oui, c'est très court, d'autant plus que le jeu ne propose pas de raisons de le refaire ensuite. Le soft comporte six niveaux, dont cinq sont divisés en deux. Ils sont terminés très vite, et certains d'entre eux sont une resucée des anciens, ce qui est très décevant. Sans compter le dernier level qui n'est qu'un affrontement contre l'autre protagoniste... L'autre problème vient du fait que peu importe le choix du personnage, ces niveaux sont les mêmes pour les deux, seul l'ordre différera ainsi que l'emplacement de certains objets, mais c'est très anecdotique. Hélas, même le niveau final est identique pour Coyote et Bip-Bip! Quand je disais qu'il n'y avait aucune replay value...

Alors on pourra toujours s'acharner à attraper les cent vingt cinq timbres dans les levels pour accéder aux stages bonus, ce qui relèvera quelque peu le challenge il est vrai. Il faudra compter le chrono, le niveau et les timbres, ce qui corsera quelque peu la difficulté, mais là non plus rien d'insurmontable. Les stages eux-mêmes, assez rigolos, consistent à attraper le plus d'objets possible dans le temps imparti. Les situations sont bien pensées : ça peut aller de la parodie de Sonic (le coup des loopings) à la survie sur des rondins de bois sur une rivière pendant que Daffy Duck se fait canarder par Elmer. A croire que l'expression a été inventée par ses soins. Mais aussi amusants qu'ils soient, ça n'en reste pas moins léger et le soft ne procure finalement aucune sensation d'accomplissement tant le tout est trop facile.

Bref, comme le Coyote on reste sur sa faim, la mine déconfite tandis que le plaisir de jeu s'échappe à toute allure, comme Bip Bip, en soulevant la route. « C'est tout ? », se dit le joueur au bout de l'heure de jeu? Ben oui, c'est tout.

Conclusion

J'ai donné l'impression d’être méchant mais qu'on ne s'y trompe pas, Desert Demolition est un bon jeu. Un bon petit jeu rigolo. Mais il aurait pu être tellement plus, surtout avec une réalisation pareille et une telle fidélité (en apparence du moins) à l’œuvre d'origine! Il laissera sur leur faim les joueurs qui en attendaient tant à cause d'un gameplay bon mais hors-sujet, et d'un cruel manque de consistance.

Un peu comme si vous aperceviez un énorme gâteau au chocolat au loin : vous courez à toute vitesse pour le prendre et une fois arrivé à la table, ce n'est qu'une part de brownie. C'est bon le brownie...mais ça aurait pu être le plus grand marbré du monde! Et vous croquez votre part de brownie avec dépit. Et c'est moche d’être dépité à cause d'un chocolat, non?

Réalisation 15/20
Bande-son 14/20
Gameplay 13/20
Durée de vie 6/20

Note générale 13/20


Article publié le 19/02/2013 Jeu testé par Tama