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Time Gal

Section Test.


Time Gal
13/11/1992
Edité par Wolf Team
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Time Gal
??/??/1993
Edité par Renovation
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Time Gal
??/??/1993
Edité par Sega
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Console: Sega Mega-CD
Genre:Film Interactif
Développeur: Wolf Team
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: Arcade- Sega Saturn- Sony Playstation-

Photo de la boite de Time Gal
Time Gal, capture d'écran Time Gal, capture d'écran Time Gal, capture d'écran
Faisons un petit retour en arrière pour revenir au début des années 80. Courant 1983, Nintendo révolutionne le monde des jeux vidéo en sortant la NES au pays du soleil levant. Le monde aura les yeux rivés sur ce nouveau support, et très rares seront les personnes remarquant la même année la première utilisation en arcade du système « Laser Disc ». Imaginez plutôt.... Vous jouez tranquillement à Mario sur votre bonne vieille télévision et là, au détour d'une salle d'arcade, vous tombez sur Dragon's Lair, un dessin animé interactif réalisé par un ancien de chez Disney. Tout le monde connaît ce jeu, sorti encore récemment sur iOS, mais dites-vous qu'il faudra attendre 1994 sur 3DO pour avoir une version quasi similaire à l'arcade (et encore …), soit presque onze ans et deux générations de consoles. Certes, ce type de jeux ne plaira pas à tout le monde, mais on ne pouvait nier la claque visuelle que proposaient ces titres se basant sur ce tout nouveau système. Plusieurs softs verront alors le jour sur ce support, dont la plupart ne franchira jamais les frontières du Japon ou des USA. S'appuyant toujours sur une base de dessin animé interactif, l'éditeur le plus prolifique en la matière fut Taito via le studio Toei Animation à qui l'on doit les plus grandes séries animées nippones des années 80-90.

Le jeu, signé Taito, qui nous intéresse tout particulièrement aujourd'hui est donc sorti en 1985 dans les salles enfumées. Il sera repris par Wolfteam, une équipe qui maîtrisait bien les consoles de Sega et notamment le Mega CD, pour un portage sur ce dernier qui représentera le second soft de cet éditeur après Thunderstorm FX. Notez toutefois qu'en Europe, c'est Road Avenger qui fut adapté avant celui-ci. Time Gal n'aura quant à lui droit qu'à une parution américaine, dont la jaquette et la censure font peine à voir. Pour les collectionneurs purs et durs, vous pourrez aussi retrouver Time Gal sur Playstation et Saturn dans une compilation comprenant également Ninja Hayate. Cette compile, quasi introuvable, est cependant vendue à prix d'or sur le net.


Ne pars pas, j'ai pas la Gal …

Le scénario vous place en l'an 4001. Le méchant, un certain Luda, dérobe une machine à voyager dans le temps afin de remodeler l'Histoire selon son bon vouloir. Notre héroïne, Reika Kirishima, dispose d'un médaillon lui permettant de figer le temps et de suivre Luda dans son voyage temporel. Elle parcourra donc plusieurs époques allant de la préhistoire, à cette fameuse année 4001.

La trame scénaristique n'est peut être pas la plus recherchée du monde, mais reconnaissons que cela change de la princesse capturée attendant qu'un valeureux chevalier vienne la délivrer. D'ailleurs, en y regardant de plus près, rares à cette époque étaient les jeux où le personnage contrôlé était une femme. En cela, Time Gal innove donc quelque peu en offrant une héroïne crédible, pleine de charme et bourrée d'humour. D'aucuns ayant joué au jeu m'opposeront que durant l'aventure, Reika passe plus son temps à fuir le danger pour échapper à une mort certaine qu'à combattre vaillamment l'adversité. Il arrivera pourtant que celle ci fasse preuve de combativité en utilisant son arme, et mine de rien, elle finira par sauver le monde...

L'introduction met en scène le vol de la machine temporelle par Luda et la présentation de notre héroïne Reika. Cette séquence précède des « extraits » de quelques niveaux traversés, le tout dans un rendu dessin animé que l'on retrouvera dans l'intégralité du jeu. Le ton est donné : celui-ci sera placé sous le signe de la bonne humeur, ne se prenant jamais trop au sérieux mais offrant une aventure palpitante sans aucun temps mort.

Une fois pressée la touche Start, vous aurez le choix entre plusieurs paramètres, à commencer par la difficulté allant de Easy à Hard. La différence se situe ici dans le temps de réaction toléré par la console pour appuyer sur le bon bouton. Vous pourrez également choisir le nombre de vies disponibles, en tenant compte du fait qu'il n'y aura aucun crédit durant la partie. Vous remarquerez aussi deux modes de jeu intitulés « game start » et « visual mode ». Si le premier est évidemment le moyen de lancer l'aventure, le second n'est autre qu'une sorte de replay de votre dernière partie, amputé du cadre entourant la zone de jeu et contenant toutes les informations (score, époque, etc...). Une bonne manière de redécouvrir le soft comme un véritable dessin animé.

Notez que des mots de passe seront délivrés lors de la partie, vous permettant de revenir au dernier niveau traversé. Vu la faible durée de vie du jeu, je n'y vois aucun intérêt flagrant, mais il me paraissait important de mentionner leur existence.

Damned des Quick Time Event !!!

Alors que les joueurs modernes pestent aujourd'hui contre la multitude de ces fameux QTE, Dragon's Lair et les jeux qui ont suivi comme celui que nous testons aujourd'hui ont été les vrais créateurs de ce système de gameplay. Beaucoup pensent à tort que Shenmue a lancé les QTE alors qu'il s'est contenté de les adapter, de les affiner, et surtout de les populariser dans un jeu qui n'était pas un film interactif. D'autres encore, plus jeunes, sont quant à eux persuadés que God of War est à l'origine de ce système… La réalité est tout autre, et si aujourd'hui on peut s'offusquer de leur utilisation quasi systématique, en 1983 on était loin de ces considérations.

Mais qu'est ce qu'un Quick Time Event ? Ce terme générique moderne signifie que le joueur va devoir appuyer sur un bouton ou une combinaison de boutons désignés, ou encore une direction prédéfinie, le tout dans un temps imparti et dans l'ordre imposé. Si vous réussissez, le jeu enclenchera la séquence adaptée pour la poursuite de l'aventure. Dans le cas contraire, cela signifiera le plus souvent la mort. Les QTE actuels sont plus diversifiés, plus dynamiques et la conséquence d'un échec n'est plus forcément synonyme de Game Over ou de perte d'une vie, mais d'une réussite moins « spectaculaire », de plus gros dégâts subis, ou d'enchaînements incomplets. Pour ceux qui blêmissent à la simple évocation des QTE, Time Gal risque de vous faire fuir, tout comme Dragon's Lair, ThunderStorm FX, ou Road Avenger…

Time Gal va donc vous demander tout au long de l'aventure d'appuyer sur le bouton « Action » ou sur la flèche de direction adaptée au bon moment. N'espérez pas opérer des choix influant sur l'aventure, diriger Reika comme dans n'importe quel jeu, ou terminer le soft de plusieurs façons différentes. Non, ici on pourrait presque qualifier Time Gal de simple « jeu de réflexe ». Réussissez à appuyer au bon moment sur le bouton demandé et la progression continue. Ratez, et vous mourrez...

Pour vous aider dans cette mission, l'écran de jeu est entouré d'un « cadre » d'informations diverses. Comme vous pouvez le remarquer sur les images jointes à cet article, chaque face de ce cadre compte un cercle rouge représentant chaque sens de la croix directionnelle. Si le cercle s'allume en haut, vous devrez appuyer sur haut, s'il s'allume à droite, il vous faudra appuyer à droite. Ces indications sont complétées par un élément du décor apparaissant en « surbrillance » afin de bien vous faire comprendre où vous devez orienter la croix de direction. Si les quatre cercles s'allument cela signifie qu'il faut appuyer sur le bouton A, servant principalement à tirer à coups de laser. Pour ceux ayant joué à la borne d'arcade, vous avez certainement remarqué que ce cadre « interactif » était absent de cette version, remplacé par des flèches ou un gros « action » apparaissant au beau milieu de l'écran.

Classique dans le domaine du film interactif, Time Gal apporte toutefois une petite subtilité par rapport à son ancêtre Dragon's Lair. A certains moments de l'aventure, Reika activera son pendentif pour figer le temps. La console vous proposera alors trois choix et vous devrez sélectionner le bon en moins de dix secondes. Pour illustrer tout cela, imaginez Reika qui plonge dans l'océan. Un animal préhistorique tente de la dévorer alors qu'elle est acculée à un rocher. Le temps se fige et l'on vous propose de « monter sur le rocher », « plonger plus profondément dans l'eau », ou « tirer sur le monstre ». A vous de choisir la solution la plus logique en fonction de ce que vous voyez à l'écran. Si vous faites le bon choix, vous continuez l'aventure, dans le cas contraire c'est la mort assurée. Si ce système (assez rare au demeurant) apporte un peu de fraîcheur, on regrette cependant qu'il n'y ait qu'un seul choix viable. Cela aurait été à mon sens plus pertinent de proposer deux solutions de fuite et une seule mortelle, histoire de varier un peu les parties en offrant plusieurs issues possibles.

Retour vers le futur …

A l'instar de ce très bon film de Steven Spielberg, Time Gal va vous demander de traverser différentes époques avant de revenir au temps « présent » de 4001, juste avant le vol de la machine temporelle. En tout, seize époques seront à l'honneur, partant de la préhistoire pour passer par l'antiquité, la seconde guerre mondiale, les années 2000 et même un futur plus lointain encore. Les premiers niveaux de la préhistoire seront proposés de façon aléatoire, peut être une façon de donner un semblant de « renouveau » lorsque vous débutez une nouvelle partie. Pour la deuxième moitié du jeu, les époques s’enchaîneront dans un ordre chronologique. Comme dans le film mentionné plus haut, vous ne manquerez pas de sourire en découvrant la vision des années 2001 et 2010 qu'avaient nos amis des années 90. Jugez plutôt : en 2001 Reika va chevaucher une moto volante dans un monde post-apocalyptique avec des punks à la sauce Ken le Survivant. En 2010, cette même héroïne parcourra même une base spatiale! On est finalement très loin de ce résultat au jour d'aujourd'hui…

Le choix d'offrir un jeu se déroulant à plusieurs époques a le mérite de varier les situations. Si Reika affronte dans ses premiers instants d'énormes animaux préhistoriques, elle finira par se mesurer à des hommes des cavernes, des gladiateurs dans une arène romaine, des avions de chasse de la seconde guerre mondiale, des sous marins, des punks, des robots géants, des aliens, etc... Mon coup de cœur reste le niveau où il faut carrément affronter la Mort dans un bois lugubre. Ce grand moment de bravoure est une véritable réussite, mais les autres stages ne déméritent pas pour autant.

L'action non stop du jeu est un réel point positif. On ne peut pas s'ennuyer en jouant à Time Gal. Reika court dans tous les sens, évite les attaques ennemies, utilise son laser avec efficacité... Bref, la progression n'est sujette à aucun temps mort. On ne pourra reprocher à ce soft que sa très courte durée de vie, symptomatique de ce type de titre. Comptez environ quinze à vingt minutes pour en voir le bout. Le scoring, ou la volonté de partager l'expérience avec un ami, constituent le seul intérêt de recommencer une partie, pour une replay value assez limitée. Time Gal est clairement de ces jeux que l'on ressort avec plaisir de temps en temps, pour le terminer une nouvelle fois avant de le replacer sur son étagère.

Je suis une Poupée de Cire, une Poupée de Son …

Comme le chante si bien France Gall (France Gall, Time Gal, hem…), Reika est une vraie poupée. Avec ses longs cheveux verts, ses vêtements courts, sa taille fine et ses formes généreuses, elle a tout pour être le fantasme animé de nos amis nippons. Elle ne sera pas aussi sexy à mon goût que la fameuse Daphnée de Dragon's Lair, mais il y a fort à parier que là n'était pas le but des créateurs.

Techniquement parlant, Time Gal était une vraie réussite en Arcade, avec une patte graphique indéniable faisant penser aux meilleurs moment de Dragon Ball. La version Mega CD ne peut bien entendu pas rivaliser avec le support Laser Disc. Ainsi la fenêtre contenant le dessin animé est-elle beaucoup plus réduite. De même, le nombre limité de couleurs de la console de Sega rend le visuel globalement moins attrayant, mais en toute objectivité, le soft de la Wolfteam fait partie des plus beaux titres du genre. Un cran en dessous de Space Ace, peut être, mais plus beau que Road Avenger et Thunderstorm FX. Du côté de l'animation, on perd en fluidité en comparaison de la déclinaison Arcade, mais encore une fois le jeu est plus abouti que Road Avenger et surtout Thunderstorm FX -le pire en la matière- sur ce plan. On regrettera surtout l'absence de musique pendant le jeu, l'ambiance sonore se limitant aux paroles de Reika et aux sons de l'environnement. Certes, cela rend plus « crédible » l'aventure, mais insérer quelques symphonies lors des moments les plus stressants de la progression eut été un réel plus en termes d'ambiance. Quoi qu'il en soit, la borne d'arcade n'en bénéficiait pas non plus, donc pas de regrets. Vous l'aurez compris, pour ceux qui aiment ce type de jeu, Time Gal est techniquement dans le haut du panier.

Je me devais également d'aborder le douloureux sujet de la censure occidentale. Commençons par la boîte du jeu. Aux USA, Reika a été totalement remodelée sur la jaquette pour coller aux stéréotypes de la fille « occidentale », perdant une grande partie de son charme en chemin. Je ne comprendrai jamais ce besoin de dénaturer à ce point une œuvre sous prétexte qu'elle ne correspond pas au profil du consommateur lambda. D'autant plus que le jeu en lui même conserve la même Reika en dessin animé… De même, comme bon nombre de productions importées, la musique d'introduction chantée de la version japonaise a été totalement supprimée pour n'offrir qu'un insipide air instrumental.

Mais le pire reste à venir… En effet, la version US du jeu ne propose quasiment aucune animation de mort pour notre personnage. N'imaginez pas que celles présentes de la version japonaise étaient sanguinolentes, bien au contraire. Dans la mouture originale, lorsque Reika mourrait, elle était remplacée par sa forme Super Deformed, pour une séquence plus humoristique et décalée qu'autre chose… J'imagine donc que les américains étaient allergiques à ce type d'humour ou de représentation graphique… Le plus étrange, c'est que ces morts SD feront leur apparition pendant les crédits de fin en une sorte de séquence « best of ». Pourquoi donc les avoir en grande partie supprimées?

Pour terminer, l'ultime censure réside dans la suppression de quelques séquences animées au sein desquelles on pouvait apercevoir la culotte de Reika. Là encore, rien de vulgaire, mais visiblement trop choquant pour nos pauvres amis américains…

Conclusion

Time Gal ne plaira pas à tout le monde, et ce jeu s'adresse forcément à ceux qui ne sont pas allergiques à ce type de gameplay. Si comme moi faire une petite partie de Dragon's Lair ou Road Avenger vous donne le sourire et vous fait passer un bon moment, Time Gal est fait pour vous. Plein de bonne humeur, techniquement réussi et avec ce côté animé japonais qu'on affectionne tant, il ne souffre que des défauts inhérents à ce type de jeu. La version Mega CD fait honneur à ce support mais préférez la déclinaison japonaise plus authentique et non censurée. Pour ceux ayant les moyens, jetez vous sur la compilation commercialisée sur Saturn et Playstation, plus proche de l'arcade. Pour les plus riches, la version Laser Disc envoi du lourd, mais nécessite cependant d'énormes moyens financiers pour assumer son acquisition.

Difficile donc de noter ce type de jeu. Certains ne mettront pas plus de 10/20 considérant que ce n'est pas un « vrai » jeu vidéo, d'autres comme moi le prendront comme une porte ouverte sur un rêve de ces années 80 : jouer à un véritable dessin animé interactif. Ce rêve ne sera jamais réellement concrétisé, mais l'effort était louable.


VERDICT : 15/20


Article publié le 06/04/2014 Jeu testé par Slaine