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Shenmue

Section Test.


Shenmue Chapter 1 : Yokosuka
29/12/1999
Edité par Sega
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Shenmue
08/11/2000
Edité par Sega
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Shenmue
06/11/2000
Edité par Sega
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Console: Sega Dreamcast
Genre:Action/Aventure
Développeur: Sega-AM2
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité Sega Dreamcast

Photo de la boite de Shenmue
Shenmue, capture d'écran Shenmue, capture d'écran Shenmue, capture d'écran
Chaque année, des milliers de jeux sortent toutes consoles confondues. Quatre vingt dix neuf pour cent de cette pléthore de titres seront purement et simplement oubliés dix ans après. Le titre qui nous intéresse aujourd’hui fait partie des un pour cent restants, de cette catégorie de jeux capable de changer la perception qu’une personne a du monde vidéoludique. Née de l’esprit fertile de l’extraordinaire Yu Suzuki, la saga Shenmue devait à l’origine compter trois épisodes. L’objectif ambitieux du premier volet, disposant d’un budget astronomique de soixante dix millions de dollars, était de sauver la Dreamcast déjà en perte de vitesse à l’époque. Hélas, les bonnes ventes ne suffirent pas à rentabiliser le colossal investissement initial et la saga ne comptera finalement que deux épisodes, même si de nombreux fans attendent avec espoir la sortie du troisième volet.

Une histoire de vengeance, de trahison et de haine

Mais qu’importe, toutes ces anecdotes ne font que contribuer à rendre Shenmue plus splendide encore ! Touché par la grâce, ce jeu hors du commun réalise l’exploit d’aborder les problèmes de la société au travers de son splendide scénario. A la manière des meilleurs films du cinéma asiatique, Shenmue nous conte l’histoire de Ryo Hazuki, un jeune homme de dix huit ans dont la vie va basculer en cette journée de novembre 1986. Rentrant chez lui comme tous les soirs, il découvre son père aux prises avec un mystérieux individu. Visiblement à la recherche d’un miroir, ce dernier semble avoir nettement le dessus sur Iwao Hazuki, malgré les extraordinaires talents de combattant de ce dernier. N’écoutant que son courage, Ryo se rue sur l’adversaire de son père mais se fait envoyer au tapis en quelques secondes. Au lieu d’aider son paternel, il va servir de monnaie d’échange, l’homme en vert promettant de l’épargner si Iwao lui révèle l’emplacement du précieux miroir. La fin du combat tourne alors au drame : par un coup d’une puissance extraordinaire, l’inconnu assassine le père de Ryo, laissant ce dernier désespéré tenant la dépouille de son père dans ses bras. Dans sa détresse, le jeune homme fait le serment de retrouver l’assassin d’Iwao afin d’accomplir la vengeance de la famille Hazuki.

Une immersion totale

Ce jour de l’hiver 1986 sera donc le premier d’une enquête menée de main de maitre par Ryo pour découvrir l’identité de l’homme en vert. La première chose qui frappe n’est autre que l’immersion provoquée par le soft. Vous SEREZ Ryo Hazuki. Le gameplay du soft est en effet conçu pour que toutes les actions réalisables par un être humain le soient également dans le jeu. Vous devrez donc raisonner comme vous le feriez si vous étiez confronté à un tel problème dans votre propre vie, pour récolter des indices et faire progresser votre enquête. Pour rendre possible cette totale immersion dans le monde de Shenmue, les développeurs ont eu recours à un tout nouveau système de jeu baptisé FREE (pour Full Reactive Eyes Entertainment), consistant à permettre une totale liberté de mouvement au joueur. Ainsi, si les déplacements se feront dans une vue à la troisième personne, vous pourrez à tout moment entrer en vue subjective pour avoir une vision panoramique et fouiller les différents éléments présents dans le lieu où vous vous trouverez. Ce parti pris des développeurs sera palpable dès les premières secondes de jeu, quant vous devrez fouiller de fond en comble la chambre de Ryo pour récupérer tous les items utiles à votre progression. Jamais un jeu n’avait proposé au joueur une liberté provoquant une telle immersion dans la peau du personnage qu’il incarne. Une fois habitué à ce système pour le moins novateur, il deviendra très facile de trouver les objets clés, et de discuter avec les différents témoins pour recueillir de précieuses informations que vous noterez dans votre carnet. Ce dernier représentera en effet votre item le plus utile de toute l’aventure. Accessible à tout moment, il vous permettra de garder une trace de toutes vos actions, et d’ainsi réaliser une synthèse efficace de toutes les informations récoltées pour vous rapprocher petit à petit de la vérité.

Un nouveau sens donné au mot liberté

J’évoquais plus haut l’impression de liberté ressentie par le joueur. Force est de constater que le mot liberté relève du doux euphémisme tant la latitude laissée au joueur sera énorme. Chaque élément rencontré sera interactif, pas un placard ne restera clos lorsque vous presserez la touche d’action. Vous avez une petite soif ? Allez vous acheter une boisson à un distributeur. Besoin d’un peu de détente ? Pourquoi ne pas aller jouer à Space Harrier ou Hang On dans une salle d’arcade? Bien entendu, ces petits plaisirs de la vie ne seront pas gratuits et vous devrez utiliser le pécule qui vous sera remis chaque matin. Si ce dernier ne vous suffit plus, il vous sera possible de trouver un travail pour arrondir vos fins de mois. Attention toutefois à ne pas vous laisser prendre par le temps. Car oui, Shenmue propose une gestion très poussée du temps qui passe. Vous devrez donc toujours avoir un œil sur votre montre pour ne pas être en total décalage avec le déroulement du jeu. Pour prendre un exemple concret, vous ne pourrez en aucun cas aller faire vos courses à trois heures du matin. De même, la ville sera totalement déserte la nuit, vous laissant pour seule possibilité d’aller vous coucher jusqu’au lendemain matin. Vous ne pourrez pas non plus arriver à temps pour assister à tous les événements provoqués par le jeu, et devrez donc vous résigner à rater quelques passages au risque de voir l’histoire évoluer différemment. Deux parties de Shenmue ne seront donc jamais identiques, et en voir tous les aspects demandera un temps astronomique pour réaliser la pléthore de quêtes annexes composant la vie de notre ami Ryo.

Quick Time Event ou Free Battle ?

Le soft est donc le parfait exemple du mélange des genres réussi, en mêlant astucieusement l’exploration à l’aventure, le tout saupoudré d’une intrigue policière digne des plus grands polars. Même si elles ne représentent pas l’essentiel du jeu, les phases d’action seront également de la partie et se diviseront en deux catégories. Tout d’abord, vous devrez constamment vous débarrasser des malfrats vous cherchant des noises. Vous contrôlerez alors Ryo dans des combats dont le gameplay ne sera pas sans vous rappeler un certain Virtua Fighter. Et pour cause : à l’origine, le projet ambitieux de Yu Suzuki était de réaliser un RPG basé sur les combattants du célèbre jeu de baston. Inutile de vous dire que, dans ces conditions, les affrontements bénéficient d’une technicité remarquable vous permettant d’enchainer coups et contres avec cette virtuosité qui avait fait de vous un as de Virtua Fighter. La grosse différence entre les deux softs viendra cependant de l’univers dans lequel vous évoluez. Oubliez les combats loyaux en un contre un sur un ring ! Ici, vous devrez faire face à des voyous sans foi ni loi qui n’hésiteront pas à user de tous les moyens possibles et imaginables pour vous envoyer au tapis, ce qui inclut l’utilisation d’armes et les attaques à plusieurs. Plus encore que dans Virtua Fighter, maitriser la maniabilité lors des affrontements deviendra ici une nécessité absolue si vous souhaitez vous sortir de tous les mauvais pas dans lesquels vous ne manquerez pas de vous fourrer. Fort heureusement, vous serez en mesure d’apprendre de nouveaux mouvements en rencontrant des maitres en arts martiaux, qui vous apprendront des techniques en provenance des plus grandes écoles d’arts martiaux du monde. Plus vous avancerez dans le jeu, plus le gameplay des combats gagnera donc en complexité et en richesse, rendant ainsi ces derniers de plus en plus jouissifs. Mettre une raclée à quatre bonshommes pour le moins patibulaire représentera toujours une satisfaction sans égal et s’accompagnera d’un sentiment de fierté jamais ressenti dans un jeu vidéo.

Un second mode de combat viendra cependant remplacer les affrontements libres lors de certaines séquences de jeu, j’ai nommé le Quick Time Event. Il n’est à mon sens pas exagéré de prétendre que ce système de jeu ayant connu son heure de gloire à l’époque du Mega-CD a été révélé au grand public par Shenmue. Pour les étourdis, voici un petit rappel du principe : lors de certaines cinématiques, il vous sera demandé d’appuyer sur une certaine touche au moment précis où celle-ci sera affichée à l’écran. Au premier abord, ces séquences pourront paraitre simplistes jusqu’à ce que vous vous rendiez compte que l’appui devra être de plus en plus rapide, mettant vos nerfs à rude épreuve. J’ai par exemple en tête un combat contre un gang de motards vous fonçant dessus aux commandes de leurs bolides, motards qui vous entraineront finalement dans une course poursuite effrénée qui fera à n’en pas douter monter votre adrénaline à un niveau jamais atteint auparavant. Ces séquences, bien que très dirigistes, apportent un réel plus à l’aventure en fournissant un stock considérable de passages intenses et spectaculaires, qui n’auraient pas pu être réalisés avec une maniabilité normale. Sega a, en outre, réussi à doser admirablement le nombre de QTE dans son jeu pour ne pas lasser le joueur refusant légitimement d’être spectateur dans un jeu vidéo. On est bien loin d’un Road Avenger dont la maniabilité entièrement constituée de QTE devenait très vite lassante et diablement frustrante…

La haute technologie au service d’une atmosphère grandiose

Plus que dans sa maniabilité, c’est cependant dans son atmosphère que réside la plus grande force de Shenmue. Jamais un joueur normalement constitué n’aurait pu imaginer que la Dreamcast était capable de proposer des graphismes d’une telle richesse, tant et si bien que vous en viendrez à craindre que votre chère console ne se sacrifie pour vous permettre de finir le jeu. Vous évoluerez ainsi dans un monde vivant, voyant les chiens courir sur les trottoirs, les enfants jouer dans la rue et les passants vaquer à leurs occupations. On a réellement le sentiment que la moindre brique composant une maison a fait l’objet d’un formidable travail de précision de la part des designers, qui se sont évertué à modéliser le détail le plus insignifiant avec une finesse à même de faire pâlir de honte nombre de jeux actuels. Chaque lieu visité sera doté d’une ambiance qui lui sera propre, pour un dépaysement garanti à chaque franchissement d’une porte. D’ailleurs, vous verrez la ville évoluer petit à petit au fil des jours, passant de l’été à l’hiver avec l’apparition de flocons de neige faisant briller les rues d’un blanc éclatant. Vous en arriverez presque à pester lorsqu’une averse vous surprendra au beau milieu de la journée, sans aucun abri pour vous réfugier au sec. Shenmue, c’est aussi des références perpétuelles à l’univers de Sega. Dès la première partie du jeu, vous aurez ainsi l’occasion de découvrir une Saturn ans votre placard (étonnant quand on sait que le jeu se déroule en 1986), une notice de Master System dans un tiroir, un poster de Virtua Fighter placardé sur le mur de votre chambre… Au fil du jeu, le joueur sachant être attentif à ce qui l’entoure aura de multiples occasions de relever ces clins d’œil qui ne pourront que ravie les fans de la firme au hérisson bleu.

Mais l’aspect technique le plus impressionnant réside dans la modélisation des visages. Au gré des innombrables dialogues entièrement enregistrés vocalement (adieu les scripts écrits de la plupart des RPG !) et servis par un doublage anglais impeccable, vous aurez réellement l’impression de converser avec une personne de chair et de sang tant son facies sera criant de vérité. Chaque mimique, chaque expression semble avoir été capturée sur un véritable acteur pour retranscrire au mieux les émotions du personnage auquel elle a été affectée. Vous verrez ainsi vos interlocuteurs tressaillir, faire la moue, rire, pleurer… Le visage lisse du jeune Ryo contrastera avec les rides présentes sur la figure des personnes âgées qu’il rencontrera. Vous en arriverez à ressentir une forme d’empathie envers les différents protagonistes tant la retranscription de leurs émotions sera fidèle à ce que vous êtes habitué à voir dans la vie de tous les jours. Le véritable exploit des développeurs réside dans le fait d’avoir obtenu ce résultat pour un nombre minimal de concessions. Vous aurez tout juste droit à un peu de clipping, quelques ralentissements dans les zones surpeuplées et des temps de chargement venant sanctionner chaque changement de zone. Le prix à payer pour une telle félicité visuelle est il trop élevé ? La réponse est un non indigné ! L’univers de Shenmue méritait bien une réalisation technique à la hauteur des espoirs placés en lui, et c’est donc tout naturellement que nous nous retrouvons en présence de l’un des deux plus beaux jeux de la console, au coude à coude avec le second volet ayant bénéficié du même soin…

Une épopée à ne pas manquer !

Si la perfection était de ce monde, il ne fait nul doute qu’elle s’appellerait Shenmue. Plus qu’un jeu, le titre de Yu Suzuki est tout simplement une œuvre d’art qui a su justifier les moyens colossaux mis à sa disposition. Malheureusement, le monde des finances est sans pitié et malgré son énorme succès aux Etats Unis, Shenmue ne sera pas suffisant pour sauver la Dreamcast, ni même pour rembourser les sommes astronomiques englouties dans son développement. Au-delà de ces considérations purement mercantiles, on ne peut qu’être qu’admiratif devant le travail effectué. Pendant tout le temps de l’aventure, vous serez Ryo Hazuki et ressentirez presque son effroyable conflit intérieur entre son désir de vengeance, et la nécessité de se maitriser pour parvenir à châtier l’assassin de son père. Quatre GD-ROM de pur bonheur ayant pour seul défaut de vous obliger à vous en procurer quatre autres, les scénarios des deux épisodes étant étroitement liés…

Réalisation : 20/20
Gameplay : 18/20
Bande son : 19/20
Durée de vie : 17/20
Scénario : 19/20
VERDICT : 19/20


Article publié le 18/02/2009 Jeu testé par Manuwaza