Joust

Section Test.

Bien avant de n’être qu’une entreprise gourmande qui, à force de vouloir toujours plus d’argent a fini par se brûler les ailes, Atari Inc avait tout de même développé et édité quelques perles aujourd’hui devenues des « classiques ». Certes, la firme a fait faillite et proposait des jeux de mauvaise qualité dans les années 80, mais celui dont nous allons parler –qui lui, est sorti en 1983, à la toute fin d’Atari donc- s’en sort plutôt pas mal. Pour preuve, il a été adapté à absolument toutes les sauces et sur toutes les consoles y compris les plus récentes. En effet, de la borne d’arcade à l’Atari 2600, ce petit jeu addictif affublé du doux nom de Joust s’est ensuite exporté sur des systèmes très connus tels que la NES, la Super NES, Game Boy, Game Boy Color. Il est allé faire un tour également sur Dreamcast, GameCube, X-Box et j’en passe...mais sachez qu’aucune (ou presque) console n’a été épargnée. Pour faire simple, s’il y a une compilation de jeux vidéo made in Atari qui apparaît sur tel ou tel système, vous pourriez être quasiment sûrs de le voir y figurer. La recette de Joust est plutôt simple mais efficace, ce qui a poussé certaines personnes, sur borne d’arcade, à tenter de battre des records du monde en capitalisant un maximum de points en se lançant dans des marathons vidéoludiques durant près de soixante-sept heures ! Sur Atari 2600, que nenni et même si des records existent probablement concernant Joust, le but de la console était avant tout de se divertir à la maison sur des softs sortis quelques années auparavant sur les bornes d’arcade. Ceci étant dit, voyons maintenant ce que ce soft a de si particulier pour être sorti sur toutes les consoles et toutes les formes de médias possibles (disquettes, cartouches, CDs et téléchargements).

Réalisation: 15/20

Globalement, le titre s’en sort avec les honneurs. Chaque élément du jeu est clairement identifiable (bravo à Jan Hendricks, le graphiste), et sur une console Atari 2600 datant de plus de vingt ans, je n’ai observé aucun clignotement ou signe d’usure (même si vous vous en douterez bien, je conserve avec soin mes consoles et jeux mais là n’est pas le sujet). On voit bien de toute manière en y jouant que le jeu a été soigné même s’il faut bien avouer qu’il n’est pas riche en termes de gameplay, d’éléments à afficher en même temps, ou encore au niveau de la bande son. On peut penser qu’Atari a été fainéante avec Joust mais bien au contraire, la firme américaine ne connaissait que trop bien sa console et orientait par conséquent ses productions en fonction de ce qu’elle avait à offrir aussi bien aux concepteurs et développeurs qu’aux joueurs. Ce à quoi vous aurez droit en jouant à Joust, n’est rien de plus qu’un jeu Atari parmi d’autres, c’est-à-dire aux graphismes minimalistes, à la bande son quasi inexistante, et doté d'un principe largement basé sur le scoring. J’exagère un peu, puisque Joust pose malgré tout certaines bases de jeux de plates-formes en 2D de l’époque et récents. On dit même qu’il aurait inspiré Shigeru Miyamoto pour son célébrissime Mario Bros sorti sur NES bien plus tard, rien que ça !

Gameplay: 14/20

Concernant le gameplay, rien de fabuleux. Le stick du pad de l’Atari 2600 permet de se diriger à droite et à gauche tandis que le bouton déclenche le saut si vous appuyez une fois, ou offre de prendre de l’altitude en le pressant plusieurs fois. Mais ne réduisons pas Joust à cela, et creusons un peu, car il y a plus de choses à dire concernant le gameplay sur ce titre. Le concepteur du jeu John Newcomer (qui a été également Game Designer sur Star Rider) a pensé à un petit système assez basique mais sur lequel repose toute l'aventure. Le but est d’engranger un maximum de points dans différents niveaux truffés d’ennemis. C’est pourquoi vous incarnez un chevalier montant un oiseau qui doit se défaire d’autres chevaliers chevauchant eux aussi des oiseaux. Le bestiaire se compose en tout et pour tout de trois types d’ennemis. Hormis vos semblables, un ptérodactyle pourra parfois traverser la salle pour deux raisons : vous mettez trop de temps pour terminer un niveau, ou vous êtes dans des stages avancés. En effet, le jeu étant dépourvu de compte à rebours, il fallait bien trouver une parade afin d’éviter que la partie ne s’éternise. Il y a donc ce ptérodactyle qui viendra augmenter la difficulté sur chaque tableau. Enfin, sur des niveaux très avancés, apparaîtra à de très rares occasions un géant qui pourra saisir votre monture. Le jeu se situant dans un univers médiéval-fantastique, il est fort possible que ce « géant » soit un troll comme certains aiment à le penser.

Ce jeu symbolise finalement les fameuses joutes chevaleresques de l’époque médiévale. Un concours qui opposait jadis deux chevaliers qui se lançaient à toute allure sur leurs chevaux afin de désarçonner l’adversaire grâce à une lance. Celui qui tombait de son cheval perdait. Ces épreuves furent créées pour mesurer le courage d’un homme à l’heure de lui donner des biens ou des postes hauts placés au sein des familles nobles et royales. Dans Joust, il faut éliminer les adversaires en leur sautant dessus, ou plutôt en leur atterrissant dessus. La mort d’un ennemi est comptabilisée uniquement si votre monture est au-dessus de la sienne. Sinon, c’est vous qui mourrez… Battre un adversaire fera apparaître un œuf qu’il faudra collecter sous peine de voir sortir de celui-ci un chevalier doté d'une rapidité accrue. Une fois tous les chevaliers adverses vaincus, c’est la fin du niveau et vous passez au level suivant. Ce qui différencie un stage d’un autre, c’est surtout la disparition de plates-formes et l’apparition d’ennemis plus forts voire invincibles (le ptérodactyle ne peut être tué) et de la lave. Les plates-formes jouent un rôle dans le gameplay puisqu’elles permettent d’établir certaines stratégies une fois compris le pattern de certains ennemis. Certains, car oui, des ennemis auront un comportement parfois imprévisible. Les plates-formes pourront être utilisées pour se protéger d’un opposant vu que ces derniers tout comme vous, se cogneront dessus et ne les traverseront pas. Enfin, sachez que si vous sortez du cadre du jeu, vous réapparaîtrez du côté opposé. Une caractéristique que nous voyions beaucoup à l’époque afin d’éviter le sentiment d’enfermement sur un seul écran.

A deux joueurs, le jeu ne change pas tellement si ce n’est que ce mode peut être considéré comme coopératif (les joueurs s’aident pour aller le plus loin possible à deux) ou compétitif (chacun tente de ramasser le maximum de points). D’ailleurs, s’ils ne font pas attention, les joueurs peuvent s’entre-tuer ! A vous donc, avant de lancer la partie, de vous mettre d’accord avec votre ami(e). Pour avoir testé les deux modes, le coopératif est vraiment drôle à jouer. Que dire du compétitif ? Il est très difficile ! Éviter et tuer l’intelligence artificielle est une chose, éviter un joueur qui essaie de vous piéger, en est une autre ! Mais quel que soit votre choix lorsque vous jouerez à deux, sachez que les deux se valent en termes de divertissement.

Bande son: 09/20

Une bande son made in Atari. Vous retrouverez pas mal de bruitages déjà utilisés dans d’autres jeux de la firme américaine. Rien de bien grave et personnellement l’absence d’une véritable bande son dans ce jeu ne m’a jamais dérangé. Il est préférable sur un jeu aussi addictif que Joust de n’avoir aucune musique plutôt qu’une musique désagréable. C’est en partie ce que je reprochais à Acid Drop qui lui, s’est muni d’une OST pitoyable pour un jeu qui se voulait addictif (puisqu’il copiait allègrement Tetris dans certaines mécaniques de jeu). Concernant Joust donc, peu de bruitages finalement (le vol de votre monture, le saut, la mort d’un ennemi, la collecte d’un œuf et le ptérodactyle sont les rares bruitages que vous entendrez). C’est pauvre, mais suffisant et en aucun cas dérangeant. Heureusement que la musique choisie pour le spot publicitaire ultra kitsch de l’époque n’a pas été utilisée. Si vous n’avez encore jamais vu la publicité pour Joust sur Atari, foncez ! C’est un must see pour se rendre contre de l’imagination ultra débordante de l’époque. Attention, cette publicité pourrait heurter la sensibilité des spectateurs !

Durée de vie: 18/20

Comme mentionné en introduction, certains joueurs ont passé soixante-sept heures sur Joust. Soixante-sept heures de jeu sans sauvegarde qui plus est. Cela constitue un record mondial, qui équivaudrait à une bonne partie de Skyrim ou d’un GTA V, ce qui pour l’époque est assez impensable ! Mais comme la majorité des jeux se basant sur le principe du scoring, c’est votre patience, votre détermination à battre des scores déjà établis qui détermineront la longévité du soft. Aucune limite donc, car aucune histoire ! Libre à vous de vous attaquer au record du monde au score (qui est de 107 301 150 points) détenu par John McAllister, ou à celui du temps le plus long passé dessus. Sachant encore une fois que ces deux records furent validés sur la borne arcade et non sur la version Atari 2600.

Conclusion

Un classique, je vous l’avais bien dit ! Joust, sorti en 1983 sur Atari 2600 est un jeu qui a beaucoup été apprécié à l’époque. Un tel engouement était rare pour un jeu estampillé Atari Inc., la plupart des louanges revenant à l'époque au studio Activision… Le bon vieux temps diront certains… Que vous aimiez ou non le scoring, je suis sûr que vous pourrez passer du temps sur Joust. Une recette parfaite pour un jeu addictif à souhait malgré son caractère simpliste aux premier abord. Je ne l’ai découvert que très tard, les cartouches en Europe étant très difficiles à trouver et pour cause : sur notre continent, il n’avait atterri qu’au Royaume-Uni. Si vous pouvez vous le procurer donc, foncez!

Réalisation: 15/20
Gameplay: 14/20
Scénario: -/20
Bande-son: 09/20
Durée de vie: 18/20

Note globale: 14/20

Article publié le 16/12/2014 Jeu testé par Jsdef