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Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Broken Sword : The Sleeping Dragon
08/12/2003
Edité par The Adventure Company
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Les Chevaliers de Baphomet : Le Manuscrit de Voynich
14/11/2003
Edité par THQ
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Console: Microsoft X-Box
Genre:Aventure
Développeur: Revolution Software
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: PC- Sony Playstation 2-

Photo de la boite de Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich
Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich, capture d'écran Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich, capture d'écran Les Chevaliers de Baphomet - Le Manuscrit de Voynich, capture d'écran
En 1996, débarquait sur PC et Playstation un point&click dans la plus pure tradition du genre. Il nous était proposé d'incarner George Stobbart, un touriste américain entraîné bien malgré lui dans une enquête qui l'emmènera aux quatre coins du monde. Digne héritier des jeux d'aventure du début de la décennie, le soft remporta un énorme succès d'estime et fut donc tout logiquement suivi d'un second épisode en 1999, intitulé Les Boucliers de Quetzalcoatl. Depuis, la saga semblait quelque peu tombée dans les oubliettes, probablement en raison d'une perte d'intérêt du public envers le point&click. Il aura donc fallu attendre six ans pour enfin avoir droit à un troisième volet, répondant au doux nom de Le Manuscrit de Voynich et commercialisé sur PC, Playstation 2 et X-Box. Ayant suscité d'énormes attentes de la part des fans, ce nouveau chapitre des aventures du plus célèbre des touristes américains remplit-il son contrat ? Réponse à suivre...

Nico et George : la fine équipe!

Un certain temps s'est écoulé depuis les aventures passées de George. Celui-ci, avocat de son état, s'est spécialisé dans l'homologation de brevets et doit dans le cadre de son travail se rendre au Congo. En effet, un scientifique prétend avoir conçu une machine capable de produire une énergie propre et inépuisable. Hélas, rien ne se passe comme prévu. Pris dans une violente tempête, l'avion de notre juriste s'écrase et celui-ci ne parvient à quitter la carlingue que pour voir l'objet de sa visite se faire tuer par de mystérieux inconnus. Sur le cadavre du chercheur, George trouve une carte postale expédiée par un certain Bruno, depuis une petite ville du sud de l'Angleterre. Celle-ci ne sera que la première étape d'une longue enquête pour notre détective aussi amateur qu'incroyablement efficace...

Parallèlement à ces événements, nous retrouvons à Paris Nicole Collard, amie de longue date de notre héros, accusée du meurtre d'un pirate informatique qu'elle devait interviewer. Celui-ci avait, peu avant sa mort, été chargé par un mystérieux employeur de traduire le manuscrit de Voynich. Il s'avérera que le savoir contenu dans ce dernier permet d'utiliser les lignes de force tellurique de la planète comme source de pouvoir. Tout cela a-t-il un rapport avec les perturbations climatiques et catastrophes naturelles qui sévissent dans le monde entier depuis maintenant plusieurs mois ? Qui sont ces malfrats semblant s'intéresser de près à ces notions ésotériques ? Pour prouver son innocence, Nico va devoir faire le jour sur ce coup monté dont elle est la victime. Une enquête qui va rapidement rejoindre celle de George, réunissant du même coup l'un des duos les plus attachants de toute l'Histoire du jeu vidéo pour une épopée contenant quelques savoureux rebondissements, et une bonne dose d'héroïsme.

Une ambiance que ne renieront pas les fans de la saga

Car depuis le tout premier épisode, l'ambiance si sympathique des Chevaliers de Baphomet s'est largement appuyée sur la complicité entre les deux personnages. Une complicité qui n'a rien perdu de sa superbe au sein de ce troisième volet qui a su conserver l'ambiance de ses prédécesseurs malgré un passage à la 3D imparfait. Doté d'un aspect très cartoon, le tout s'appuie sur un moteur retranscrivant de bien belle manière les expressions faciales des personnages principaux (mises en valeur par de nombreux gros plans), qui bénéficient par ailleurs d'un chara design de qualité. Les décors profitent dans l'ensemble d'une belle finesse, et l'on appréciera particulièrement le dépaysement ressenti puisqu'il sera proposé de visiter Paris, l'Angleterre, Prague, le Congo et même l’Égypte. Les fans de la saga ne manqueront en outre pas de remarquer de nombreux clins d’œil aux précédents épisodes savamment dissimulés, avec en point d'orgue un savoureux retour à Montfaucon, dans le lieu même où débutait le premier volet.

L'ambiance, le feeling Baphomet sont donc indéniablement au rendez-vous, se basant largement sur un humour omniprésent, et porté par un doublage en français d'une qualité bluffante. Les comédiens qui nous avaient enchantés en 1996 sont de retour, et vous retrouverez avec une joie teintée d'émotion la voix de George avec son irrésistible accent américain. Pour la petite histoire, c'est Emmanuel Curtil qui prête son timbre à notre héros. Cet acteur spécialisé dans le doublage est notamment la voix française officielle de Matthew Perry, Jim Carrey, Mike Myers ou Dean Cain. C'est également lui qui assurait le doublage de Luigi dans le film Super Mario Bros de 1993. Bref, il apparaît comme fortement probable que vous ayez déjà entendu sa voix, puisque ce n'est ni plus ni moins qu'un des doubleurs français les plus demandés que s'est offert Revolution Software pour insuffler toute son âme à un George Stobbart se fendant constamment de répliques aussi cultes qu’hilarantes. Mais l'excellence du doublage est générale et ne se cantonne pas au seul Emmanuel Curtil. Chaque protagoniste a bénéficié d'un réel travail à ce niveau, et les différents accents découlant des nationalités diverses de ces derniers ont été parfaitement retranscrits. Tout juste pourrait-on reprocher un enchaînement un peu artificiel et maladroit des dialogues pendant les cinématiques, les répliques allant même parfois jusqu'à se chevaucher ou à être coupées légèrement avant leur terme. Mais cela ne saurait gâcher notre plaisir. La musique, discrète, remplit quant à elle parfaitement son office en apportant le punch nécessaire au bon moment. Elle s'active en outre au cours des dialogues afin de signaler au joueur qu'il est sur la bonne piste, et que les paroles de son interlocuteur sont importantes pour la suite de l'aventure. Bref, un sans faute, et une utilisation intelligente du son...

Passage à la 3D douloureux techniquement...

Techniquement en revanche, nous sommes loin d'un constat aussi dithyrambique. Si le soft est doté d'indéniables qualités sur le plan artistique, qualités mentionnées plus haut, il en va tout autrement de l'aspect purement technique. En effet, Le Manuscrit de Voynich apparaît vraiment daté pour un titre de 2003 avec des textures souvent grossières, notamment sur les personnages, le tout s'accompagnant en prime d'un aliasing extrêmement marqué. Les environnements, bien que plutôt jolis, auraient gagné à apparaître un peu plus vivants. S'il peut être cohérent de découvrir un désert égyptien ou un village anglais désertés par l'être humain, cela ne s'applique pas à Paris et ne voir que deux ou trois personnes parcourir les rues de la capitale ne manquera pas de faire grincer quelques dents. Concrètement, les seuls personnages présents seront ceux indispensables à la progression dans l'aventure via leurs dialogues. Peut être eût-il été pertinent d'ajouter quelques protagonistes supplémentaires afin de meubler les lieux et de les rendre plus vivants, quitte à signaler clairement par une surbrillance ceux susceptibles de donner lieu à des dialogues utiles. En outre, le joueur ne manquera pas de remarquer quelques bugs assez insolites. Rien de gênant pour la progression, certes, mais voir une tueuse à gages menacer le héros avec une main vide alors qu'elle devrait tenir un pistolet fait franchement mauvais genre et démontre que quelques étapes ont été sautées dans le beta testing. Puisque l'on parle des cinématiques, celles-ci s'avèrent à quelques exceptions près d'une qualité discutable avec en prime des étapes d'animation souvent manquantes dans les mouvements des personnages, les faisant ressembler à des pantins désarticulés. Finissons sur le problème technique le plus rédhibitoire en mentionnant les innombrables temps de chargement d'une longueur inadmissible. Ainsi devrez-vous fréquemment attendre une trentaine de secondes après avoir ouvert une porte pour enfin pouvoir entrer dans la pièce se situant derrière. Dans un jeu d'aventure nécessitant de nombreux allers et retours, cela ne manquera pas de provoquer une réelle frustration chez le joueur, à fortiori si ce dernier se retrouve bloqué sur une énigme, multipliant de fait les déplacements et donc les loadings. Pire encore : là où certains titres ont l'intelligence de proposer au joueur de profiter de son attente pour en apprendre plus sur le background du jeu en agrémentant ces écrans de texte, vous n'aurez ici qu'un défilement de screenshots au format timbre poste. Décevant...

Vous l'aurez compris, malgré d'indéniables qualités, la technique du titre de Revolution Software est trop imparfaite pour réellement convaincre, d'autant que les fans de la saga restaient sur un précédent épisode s'appuyant sur une 2D d'une grande finesse et fourmillant de détails. Le passage à la troisième dimension ne peut donc ici pas être qualifié de franche réussite et s'apparente à une véritable douche froide visuellement parlant, même s'il s'est effectué sans anicroche en termes de gameplay.

...mais parfaitement négocié du point de vue de la maniabilité

Un gameplay que l'on pourrait qualifier de classique pour un jeu d'aventure en trois dimensions. Ainsi dirige-t-on le personnage dans des environnements précalculés relativement limités en termes de taille, ce au moyen du stick gauche du pad, avec une caméra placée sur un point fixe. Un parti pris bienvenu, évitant tout problème en termes d'angles de vue, ceux-ci étant pourtant assez fréquents lors du passage d'une saga à la 3D. Les deux gâchettes permettent de courir ou de s'accroupir afin de marcher prudemment. Si l'intérêt de la course réside bien évidemment dans la rapidité des déplacements, celui du second mouvement cité apparaît plus obscur. Éclaircissons sans plus attendre la situation.

Afin de varier quelque peu les plaisirs, le soft vous proposera ponctuellement des séquences d'infiltration dans lesquelles vous aurez à éviter des gardes dans des zones où ils pullulent. Pour ce faire, vous devrez observer attentivement leurs déplacements, puis utiliser le décor afin de vous dissimuler. Courir, ou même marcher normalement, ne manquera pas de vous faire repérer si vous êtes trop proche, menant immanquablement à la mort par mitraillette interposée. En effet, Le Manuscrit de Voynich est l'un des rares point&click que je connaisse à fréquemment sanctionner certains échecs par la mort du personnage, que ce soit au terme d'une phase d'infiltration mal négociée, ou bien pour cause de réflexes insuffisants lors des quelques combats se basant sur des QTE, proposés çà et là durant les cinématiques. Puisque l'on aborde les nouveautés de gameplay, sachez que vous aurez très souvent des casse-têtes à résoudre, ceux-ci se basant sur le déplacement de cubes (blocs de pierre, caisses, voire même...machines à laver). Pour ma part, je trouve qu'il s'agit là de l'ajout le plus dispensable de ce troisième épisode ! Peut être la présence de ces énigmes en petit nombre eût elle été judicieuse, mais les développeurs en ont ici clairement abusé et vous ne tarderez pas à pester après chacune de ces phases dignes d'un puzzle game qui ne manqueront pas de totalement hacher le rythme de la progression. A titre de comparaison, quelques séquences d'escalade sont également présentes, vous proposant de vous creuser les méninges pour atteindre un objectif précis en vous plaquant contre des murs, sautant, montant sur des blocs ou encore en vous agrippant à des corniches. Mais ces séquences, bien qu'un peu molles, sont en nombre suffisamment faible pour ne pas devenir le point central d'un jeu qui est avant tout un héritier du point&click. Ce dosage raisonnable et intelligent, nous ne le retrouvons pas dans ces puzzles basés sur les blocs, et c'est bien dommage.

Fort heureusement, et même si cela est quelque peu éclipsé par la frustration découlant de ces derniers, le titre compte bel et bien son lot d'énigmes classiques, d'une variété plus qu'appréciable bien qu'hélas moins nombreuses que dans les deux premiers volets. Divers items pourront ainsi être ramassés et stockés dans un inventaire accessible facilement par une simple pression sur la touche noire. Ces objets pourront être examinés, ce qui aura parfois pour effet d'en révéler de nouveaux, ou bien combinés entre-eux afin d'être ensuite placés au bon endroit pour mettre un terme à l'énigme correspondante et passer à la suivante. Chaque élément interactif du décor est signalé par un clignotement, rendant aisée leur identification. Les puristes crieront au scandale, les néophytes apprécieront. Peut être offrir cette aide sous une forme optionnelle aurait-il été le meilleur moyen de contenter tout le monde... Une fois devant l'élément en question, un diagramme représentant les quatre touches d'action (A, B, X et Y) sous forme schématique s'animera à l'écran pour informer le joueur sur les actions disponibles (examiner, activer, ramasser...). Sans être spécialement simples, les énigmes sont dans l'ensemble plutôt logiques et vous parviendrez assez aisément à déterminer la bonne action à accomplir pour en venir à bout, grâce aux indications pleines d'humour mais non moins indispensables livrées par la voix off de George ou de Nico (que vous serez amené à incarner alternativement, et même à faire coopérer pour résoudre certaines énigmes), ou aux dialogues. Ces derniers revêtent d'ailleurs une importance capitale dans la progression, et chaque personnage présent dans une zone devra être scrupuleusement interrogé sur tous les sujets de conversation proposés. Pour cela, rien de plus simple, il vous suffira de vous approcher de votre interlocuteur, puis de presser la touche correspondant au symbole de la bouche pour déclencher le dialogue. A partir de là, un certain nombre de sujets de conversation apparaîtront en bas à gauche de l'écran sous la forme d'icônes, et vous pourrez naviguer dans la liste au moyen du stick gauche, pour ensuite aborder un thème par un appui sur A.

Durée de vie correcte, replay value inexistante

Si l'on peut légitimement s'interroger sur la pertinence de certaines séquences, le gameplay n'en reste pas moins agréable et vous ne vous retrouverez jamais à pester sur des commandes répondant mal, ou bien sur un bug bloquant la progression. Une progression s'étalant sur une grosse dizaine d'heures et se plaçant donc dans la moyenne des jeux d'aventure, tout en s'avérant inférieure à celle des deux premiers chapitres. D'une manière générale, les énigmes restent assez abordables. Si certaines s'avèrent corsées et qu'elles demandent dans l'ensemble une bonne dose de réflexion, elles n'en restent pas moins logiques et n'ont pas cet aspect totalement loufoque rendant un Monkey Island aussi difficile. Il est cependant crucial de fouiller de fond en comble chaque endroit visité afin d'en récupérer tous les objets, sous peine de se retrouver bloqué plus loin dans l'aventure. La mort n'est en outre pas des plus pénalisantes, puisqu'elle ne vous renverra que quelques secondes en arrière juste avant la phase d'action l'ayant causée. La possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment étaye un peu plus encore l'accessibilité du soft, qui compte exclusivement sur ses énigmes pour mettre des bâtons dans les roues du joueur. Notons enfin que, si la replay value s'avère bien faible -voire inexistante- dans ce troisième volet, le fait de boucler l'aventure débloquera une foule d'artworks et de dessins de production accessibles via le menu principal, et s'ajoutant aux résumés textuels des précédents épisodes ainsi qu'à quelques textes traitant des templiers et du manuscrit de Voynich. Un bon moyen de rester quelques minutes supplémentaires dans l'ambiance des Chevaliers de Baphomet.

Conclusion

Imparfait, Le Manuscrit de Voynich l'est assurément. Techniquement assez pauvre, et contenant quelques séquences qui ne manqueront pas de faire abandonner le navire aux moins persévérants, il aurait gagné à être mieux fignolé pour donner sa pleine mesure. On pourrait également lui reprocher ce passage à la 3D qui, sans causer de gros soucis de gameplay, n'a absolument rien apporté de notable à ce niveau. Mais l'essentiel est là, et les fans des aventures de George Stobbart retrouveront l'ambiance qui leur plaît tant, tous les ingrédients de cette dernière étant présents et savamment dispersés d'un bout à l'autre de l'aventure avec en prime un florilège de références envers les deux premiers épisodes...

Réalisation : 11/20
Gameplay : 14/20
Bande son : 17/20
Durée de vie : 15/20
Scénario : 18/20

VERDICT : 14/20


Article publié le 12/11/2014 Jeu testé par Manuwaza