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Double Dragon



Un article de
Icarus


Cet article est en rapport avec la saga
Double Dragon

« Retour vers le futur », « Hook », « Maman j’ai raté l’avion », « Last Action Hero » et tant d’autres… Quel joueur des années 90 peut aujourd’hui crier haut et fort qu’il ne s’est pas senti violé après avoir acheté l’adaptation vidéoludique du film à succès qu’il venait de voir au cinéma et qu’il avait adoré? Même si ceci n’est pas une vérité absolue (les jeux Jurassic Park étaient souvent de bonne facture par exemple…). Alors si les adaptations de films en jeux vidéo rimaient souvent avec déception ou étron, il est de bon ton de se demander si le phénomène inverse produit la même sensation. Ceux qui auront vu des longs métrages comme la série des Resident Evil, le fameux Street Fighter avec JCVD, me diront que oui, ceux qui se seront cantonnés à l’adaptation de Silent Hill me répondront que pas forcément. Sorti en 1994 sur les écrans américains et en 1996 en France (serait-ce un signe révélateur?), Double Dragon à la sauce cinématographique fera-t-il partie des exceptions qui confirment la règle ou des étrons qui bouchent nos toilettes? La réponse après une heure et demie de visionnage…


Retour sur l’œuvre originale

Pour les quelques retardataires (25 ans c’est long quand même, j’espère que vous avez une excuse), Double Dragon est un jeu culte, lancé sur Arcade en 1987 et adapté à toutes les sauces à partir de l’année suivante et qui a connu quelques suites plus ou moins réussies… Ayant banalisé les bases du Beat’em All sur trois dimensions qui connaîtra un grand succès au début des années 90, le succès de Double Dragon n’est un secret pour personne et l’évocation de ce soft rappelle souvent un délicieux souvenir pour la plupart des gamers. Le pitch d’origine nous apprend qu’après une guerre nucléaire, les rues sont tenues par les gangs qui y font régner la terreur. Deux jumeaux, Jimmy et Billy Lee, grands maîtres des arts martiaux font face à cette doctrine et enseignent leur art aux jeunes de leur quartier pour que ceux-ci échappent à la tentation de la criminalité. Ce n’est pas du goût des Black Warriors, qui vont alors enlever Marian, la fiancée de Billy. Les deux frères vont alors se lancer à sa recherche, jusqu’à affronter Willy, le chef du sanguinaire gang (mais ça, ça dépend des versions, des fois c’est Jimmy le méchant…), nettoyant les rues à coups de tatanes par la même occasion.


Un scénario en roue libre

Tout commence par une voix off qui nous conte la création dans des temps immémoriaux, par un empereur chinois, d’un médaillon qui lui permit de gagner de nombreuses guerres et qui était scindé en deux parties, l’une permettant d’accroître sa force mentale et l’autre ses capacités physiques. Le nom de ce médaillon : le Double Dragon. Pour préserver le monde d’esprits belliqueux voulant se l’approprier, son créateur cacha les deux moitiés à des endroits différents de la planète. Au XXIè siècle, les deux morceaux furent découverts par le père de Billy et Jimmy, il en garda une partie et cacha l’autre au fond d’une grotte gardée par des moines. La première scène nous montre un groupe de ninjas, un peu terroristes sur les bords, qui arrivent à mettre la main sur la moitié de la grotte. On apprend ensuite que ceux-ci travaillaient en fait pour le compte du richissime Koga Shuko qui n’a comme seul désir que de contrôler New Angeles par l’argent et la force. Car oui, l’action principale se déroule à Los Angeles, en 2007, qui est pour l’occasion devenue une île après un énorme tremblement de terre, d’où ce nouveau nom… On fait ensuite la rencontre des frères Lee, recueillis par leur marraine suite au décès de leur père. Celle-ci finit par leur remettre la seconde moitié du Double Dragon sur laquelle Shuko veut mettre la main. S’ensuit alors tout un périple à base de gangs, de courses poursuites (ou plutôt de fuites), de bastons (mais pas trop) et de (nombreuses) blagues nazes accompagnant la bataille entre les frères et le grand méchant pour mettre la main sur les deux parties. Bien entendu, il va de soi que les Lee tiennent à préserver la paix dans un monde déjà en proie à la désolation.

Un scénario tout ce qu’il y a de plus classique pour un film d’action des années 90 sans ambition aucune. Il serait probablement passé inaperçu si seulement il n’avait pas été celui d’un film tiré d’un hit du jeu vidéo et qui ne colle absolument pas à l’idée originale. Il est bon de savoir que cette trame a été confiée à quatre génies du septième art, alors imaginez…


Têtes cultes pour film cucu

Si Double Dragon a tout du film anonyme, il n’en est pas de même pour son casting, constitué de personnalités connues dans le monde du cinéma. Commençons par les deux jumeaux. Jimmy est ici incarné par Mark Dacascos (Le pacte des loups,…) et Billy par Scott Wolf qui fera ensuite de nombreuses apparitions dans diverses séries et téléfilms. On se rend d’ailleurs vite compte que Mark Dacascos fut un vrai champion d’arts martiaux tant il distribue les coups de pieds avec aisance et que Scott Wolf n’était qu’un simple acteur sans prétention lorsqu’il se débarrasse de ses ennemis par divers subterfuges comme, par exemple, les faire glisser sur des boules de chewing gum (quand je vous disais que les blagues étaient nazes…) sans jamais donner le moindre coup… S’ajoute à cela la sexy Alyssa Milano, rendue populaire par son rôle de sorcière dans Charmed et autres teen movies, qui joue ici le rôle de Marian, la chef d’un gang pacifiste qui cherche à débarrasser les rues de la racaille (et qui n’est donc en aucun cas la petite amie de Billy, bien que leur relation devienne ambiguë au cours de leur aventure…). A noter, son horrible coupe de cheveux blond platine qui a de quoi démoraliser ses fans des années 90. Continuons avec le rôle du grand méchant, tenu par un acteur prestigieux, à savoir : Robert Patrick connu pour avoir incarné le T-1000 dans Terminator 2 et d’autres seconds rôles par la suite jusqu’à aujourd’hui et sa présence dans l’excellent Gangster Squad. Le pauvre est ici affublé d’une coupe de cheveux blond platine (ils ont dû avoir un prix…) et d’un bouc typé nineties. Les amateurs de films d’horreur (The Devil’s Reject, Vol au dessus d’un nid de coucou, La colline a des yeux de 1977…) auront reconnu l’éminent Michael Berryman, acteur culte au visage déformé, qui fait ici une apparition en tant que chef de gang osant faire face à Koga Shuko.

Ce qui désolera le plus les amateurs de cinéma, c’est que ce film, bien que servi par un casting de professionnels, est mal joué du début à la fin. Entre les gags débiles des deux frangins, la coupe de cheveux et les idées gentillettes d’Alyssa Milano, les jeux de sourcils de Robert Patrick (qui valent tout de même le coup d’œil pour leur potentiel nanar) et toutes les autres absurdités des différents figurants et seconds rôles, on n’a pas fini de s’offusquer tout au long du film.

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Un futur fait de carton

S’il y a bien une chose qui est inhérente aux films de science fiction des années 80/90, c’est bien leur vision particulière d’un futur somme toute assez proche. L’action prend place en 2007 et on retrouve donc tous les clichés de l’époque et piqués par ci par là, avec des véhicules à la Mad Max en carton filant à des vitesses bassement vertigineuses (je n’exagère pas en parlant de carton, une moto présente dans le film semble bien être un deux roues des années 80 maquillé de ce matériau pour lui donner un côté faussement futuriste, ce qui la rend bien entendu ridicule). Mais ce n’est pas tout, il est tout de même drôle de voir que ceux-ci sont équipés d’ordinateurs et autres commandes à base de jeux vidéo (Taxi n’a rien inventé avec sa 406 pilotée avec une manette de Playstation), que l’on voyait les gamins de 2007 dans une espèce de réalité augmentée jouant avec un clone du Virtual Boy affichant des graphismes encore plus plats que ceux du début de la 3D sur consoles 16-bits. Et que dire de la vision bien particulière de l’apocalypse qu’ont pu avoir les scénaristes avec leurs membres de gangs déguisés en clowns, en postiers, en bikers efféminés et autres punks si chers aux années 90. Pour ceux qui ont vu le film à l’époque de sa sortie et qui ne sont pas sortis de chez eux depuis, rassurez-vous, Los Angeles n’est pas encore constitué que de rues crades, n’a pas de couvre feu non plus, n’est pas entouré d’eaux toxiques et les pluies acides n’existent pas encore.

Finalement, contrairement à un New York 1997 aux effets spéciaux aujourd’hui dépassés mais à la vision d’un certain futur assez cohérent et travaillé, ce Double Dragon nous offre ce qu’il y a de plus nanardesque et kitch : des décors en carton pâte, des personnages ridicules et pas effrayants pour un sou, des accessoires aussi inutiles que risibles, le tout pour le plaisir de ceux qui se sont aperçus que les scénaristes s’étaient complètement fourvoyés dans leur vision du futur. Heureusement que 2007 ne ressemblait pas à ça...


Adaptation et fidélité

Alors on l’a déjà dit, ce film ne respecte en rien le scénario et le background du jeu, mais en est-il pour autant totalement dépourvu de références? Eh bien non, même s’ils n’ont pas les liens qu’on leur connaît, Billy, Jimmy et Marian sont bien présents de même que le méchant le plus emblématique du jeu : Abobo. Certes celui-ci n’est ici qu’un ridicule punk, chef du gang des Mohawks, qui se retrouve affublé du déguisement le plus immonde qu'il m’ait été donné de voir dans un film des années 90. Après une expérience qui a mal tourné, commanditée par Koga Shuko bien sûr, et qui visait à lui inoculer des stéroïdes pour le rendre imbattable, il se transforme en un gros monstre comme si Mickey Rourke s’était accouplé avec une pustule géante… Les frères Lee ont bien une voiture customisée comme on pouvait le voir dans leur garage lors de l’introduction du jeu mais celle-ci est ici ridicule, crache des flammes et fonctionne avec des déchets en guise de carburant… ridicule, surtout quand le moteur se retrouve en panne à cause de l’ingestion d’une bombe de Cheddar… Rappelez vous de la jaquette de l’époque où l’on voyait les frères Lee habillés d’une tunique rouge et d’une autre bleue (celle de la version Master System reste ma préférée). Eh bien le film y fait référence, mais en kitch (bien évidemment). Une fois les deux morceaux du médaillon en leur possession les deux frères retrouvent leurs tuniques mais couvertes de paillettes, ce qui leur donne une vraie allure de patineurs artistiques.

La référence la plus sympathique reste cependant la présence d’une borne originale Double Dragon dans le repère du gang pacifiste de Marian. Malheureusement celle-ci se retrouve détruite lors d’un affrontement entre les deux frères.

Il semble qu’une autre référence à un Beat’em All se soit glissée dans ce film. En effet, Robert Patrick est ici secondé par une belle blonde aimant le cuir et les fouets. Même si le jeu Double Dragon avait son ennemi féminin utilisant une telle arme, celle du film ressemble tout de même beaucoup plus à celles que l’on pouvait rencontrer dans Streets of Rage… Simple hasard, mauvaise mise en scène ou erreur de la part des scénaristes? Aucune raison ne m’étonnerait après avoir vu ce film…


Des répliques faites de carton

Et pas que… Tout gamer s’étant essayé à Double Dragon, quelle que soit la mouture, se rappellera des combats endiablés à un, ou deux, contre des myriades de loubards dans les rues. Tout malchanceux ayant vu Double Dragon, se rappellera des lamentables fuites des deux frères, sur fond de cris hystériques, face à des hordes de gangsters ridiculement maquillés. Niveau fidélité, on aura fait mieux donc…

Mais ce qui fait tout le charme nanardesque de ce film, ce sont ses dialogues. Ceux-ci sont tellement niais et entrecoupés de répliques idiotes qu’ils font de Double Dragon un film presque attachant tant on se dit que s’il en est arrivé à un tel niveau de mauvaise réputation c’est entièrement de la faute de ses scénaristes. Si ça se trouve, sans ces quatre champions, ç'aurait pu être un excellent long métrage. Je n’ai personnellement pas vu la version originale mais il faut avouer que le doublage français a de quoi faire rêver les habitués de nanardland.com. Je ne peux résister à l’idée de vous en faire découvrir quelques extraits :
Lors d’un affrontement :
Kogo Shuko : « Tu es faible comme ton père ! »
Billy : « Et toi t’es moche comme ta mère ! »
Lors d’une course poursuite :
Loubard idiot : « C’est les frères Lee, Dégueux et Démo »
Abobo : « Ça y est j’ai pigé, Dégueux Lee et Démo Lee »
La meilleure et de loin la plus ridicule, lancée par le pauvre Robert Patrick (j’ai explosé de rire en regardant le film il y a peu pour cette critique) :
Kogo Shuko : « Vous me trouvez méchant, attendez de voir mes avocats » (sur quoi il lance un rire maléfique des plus ridicules).

Pour finir, je ne vais pas m’attarder sur la bande son du film qui, vous vous en doutez, nanard des nineties oblige, est faite de techno makina digne de nos plus belles fêtes foraines.

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Si Double Dragon le jeu est à essayer à tout prix, pour son côté historique et sa bonne qualité, Double Dragon le film est à voir pour son potentiel nanardesque et pour se rendre compte que le trio film, licence, jeu vidéo ne fait que très rarement bon ménage, quel que soit le sens de l’adaptation. Mettant en scène des acteurs célèbres au plus bas de leur forme, dans une action faite pour les teenagers des années 90, fans de Parker Lewis mais qui n’en comprennent pas l’humour, le tout aidé par des effets spéciaux et décors du plus mauvais goût, Double Dragon est un très mauvais film à l’humour potache, à mille lieux de ce qu’était le jeu. A mon sens encore pire que l’adaptation de Street Fighter au cinéma, Double Dragon est un film que l’on trouve aujourd’hui facilement en DVD et à (très) bas prix dans nos magasins d’occasions.

Article publié le 23/03/2013


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Les commentaires pour cet article avant le 23 février 2014



Posté par Icarus le 01/05/2013

Ne t'inquiètes pas mon bon SLAINE, si tu as bien aimé cet article, j'en ferais sur d'autres adaptations de jeux, pas forcément nulles (Mortal Kombat, Resident Evil, Tomb Raider, Prince of Persia...)

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Posté par Manuwaza le 23/04/2013

Déjà fait pour Street Fighter l'ami ;)

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Posté par SLAINE le 23/04/2013

Mon dieu, j'avais totalement oublié ce nanard !!!! Dire que je l'ai vu ...
en tout cas, super idée de faire des dossiers sur les films de jeux vidéo. A quand un dossier sur House of the dead, street fighter ou Mortal Kombat ????

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