Bravely Default Deluxe Edition
Un article de Tanuki
Amateurs de RPG à la Japonaise, nostalgiques des univers d’antan, bienvenue sur cette présentation de l’édition collector de Bravely Default. Vous n’êtes pas sans savoir que Bravely Default est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs RPG de ces dernières années, à la fois original et classique, esthétique et profond. Ce titre de Silicon Studio pour le compte de Square Enix n’a fait que rencontrer l’enthousiasme partout dans le monde et ce bien avant même sa sortie dans différentes contrées. Il est temps aujourd’hui de passer en revue non pas le jeu mais son édition dite Deluxe Collector.
Commercialisée aux alentours de cent Euros le 6 décembre 2013 en Europe, Bravely Default Collector Deluxe Edition consiste en un regroupement d’à peu près tout ce qu’on peut attendre d’un collector, à savoir de quoi regarder, de quoi écouter et de quoi exposer. Pourtant qu’on ne s’y trompe pas, si l’intention est là , le résultat peut s’avérer mitigé. Explications !
La boite du collector est des plus harmonieuses et si elle manque sans doute de charisme, nous ne pouvons nier qu’elle saura trôner sur n’importe quelle étagère sans la défigurer. De dimensions plus que respectables : 23 X32 X18.5 cm, celle-ci consiste comme vous le voyez au vu des chiffres précédents, en un parallélépipède d’un noir assez intense sur lequel figure en lettres argentées ou bien le titre ou bien une illustration, selon qu’on observera plutôt sa face avant ou ses côtés. Il est fort dommage que comme à chaque fois, les très laids logos des organismes comme le Pegi défigurent le devant de l’écrin qui se voulait classieux alors qu’on avait pris la peine de faire figurer sur le couvercle, face vers le haut, une très jolie illustration de la ville principale du jeu, celle-ci apparaissant comme dans un cadre et en fort contraste avec le noir général. Signalons également un véritable outrage pour tout collectionneur qui se respecte en abordant quelques secondes la question de l’imbécillité de ceux qui ont mis au point notre produit ! En effet, l’arrière de la boite possède un flyer collé ! Vous avez bien lu : UN FLYER COLLÉ. Normalement, comme son nom l’indique, un flyer est fait pour être volant. Les concepteurs de la boite n’ont rien trouvé de mieux que de coller ce prospectus sur la face arrière. Alors quel est le problème finalement vous demandez-vous certainement ? Eh bien la réponse est toute simple ! Pour pouvoir ouvrir notre boite, qui consiste en un réceptacle interne blanc qui s’encastre dans le fond de la boite noire et se recouvre d’un couvercle de même dimension et appartenant toujours à la même boite, nous sommes obligés de couper le flyer en son milieu. Celui-ci opère en effet comme une sorte de scellé qui empêche de décoller le haut du coffret du bas. Et bien entendu, l’ensemble n’a pas non plus été conçu pour pivoter. Au final nous nous retrouvons donc avec un étui dont l’arrière est défiguré ! Déjà que posséder une boite avec un flyer collé n’était pas d’un grand raffinement, voila qu’il fallait en plus endommager le tout !
Passons notre mécontentement sur ce point et effectuons notre chirurgie de découpe. Comme nous le disions, le coffret révèle en son sein un second réceptacle, formaté pour contenir l’ensemble des produits offerts dans le collector : un artbook, une figurine, un CD audio et un jeu de cartes AR. Nous parlerons en fin d’article de la statuette, commençons plutôt par les cartes. Celles-ci sont au nombre de trente-quatre. Il ne s’agit aucunement de cartes à jouer comme les cartes de Poker mais de cartes à scanner avec notre 3DS pour obtenir du contenu supplémentaire « in-game ». Chacune bénéficie d’une illustration différente sur son recto et d’un verso standard. Bien qu’assez petites, ces cartes sont plutôt esthétiques, reprenant des illustrations des personnages en couleurs et six dessins colorés. L’ensemble est assez beau et peut s’exposer sous cadre même si ce n’est pas son but et même s’il aurait été appréciable d’avoir éventuellement une légende sur chaque carte. Ces trente-quatre cartes sont livrées dans un emballage, le fourreau traditionnel des jeux de cartes classiques. Un bon point tant il aurait été malvenu de les trouver chaque fois éparpillées dans le coffret ou livrées dans une pochette en plastique à déchirer comme les booster des cartes « Magic », ou pour rester dans le domaine du jeu vidéo comme étaient livrées les cartes AR de Kid Icarus par exemple.
Le CD audio est encastré dans une alcôve elle aussi bien pratique pour éviter que tout ne se « balade » à la moindre occasion. Ce CD est malheureusement un mini-CD, pas dans le sens de son format puisqu’il contient plus de deux titres, mais dans le sens de son nombre de pistes justement puisque celles-ci ne sont que dix. Alors certes, le chiffre est respectable mais un effort aurait pu être fait sur ce point, comme sur le livret fourni avec d’ailleurs, qui ne consiste qu’en une double page dont le fond est une illustration sur laquelle repose à gauche un mot du compositeur.
L’artbook, grosse partie de ce collector, qui malgré tout comporte d’assez intéressants articles, est au format paysage et s’ouvre donc en dépliant sa partie longue de façon horizontale. Le tout possède une couverture cartonnée et trente-six pages en tenant compte de ces couvertures et de deux pages totalement blanches. Nous retrouvons à l’intérieur de l’ouvrage un mélange d’illustrations en couleur et d’esquisses préparatoires. Il n’y a quasi aucune annotation mais même si cela avait été le cas, elles n’auraient pas été utiles pour la majorité des lecteurs puisque le peu de notes présent est resté en japonais. Cet artbook est très appréciable bien qu’un peu court. D’une part parce qu’il est tout simplement esthétique et d’autre part parce qu’au travers de son format A4 en paysage et avec son papier au fort grammage, il s’éloigne fortement des sempiternels livrets que bien des éditions collector appellent Artbook de façon discutable.
Venons en enfin à la statuette. Disons-le immédiatement, c’est un scandale, rien que ça. Après l’outrage du flyer à découper, voila que cette édition nous propose une figurine du plus…mitigé effet ! Certaines revues sur le net focalisent sur le visage et en particulier sur le regard de cette production mais en ce qui me concerne je focaliserai sur l’ensemble de sa réalisation, tant moulage que mise en couleur. Commençons par l’aspect général. Celui-ci manque d’originalité, de mise en perspective, de mouvement mais ce n’est pas véritablement un défaut. Disons simplement que la sculpture est ultra-académique et simplifiée sans doute pour des raisons de production. Éloignée à plus de cinquante centimètres du regard, la statue est très regardable et qu’on ne s’inquiète pas : il sera possible de l’exposer et elle pourra embellir une collection si l’on souhaite agir en ce sens. Le problème est de savoir si ce genre de goodies a pour but d’exposer rapidement à la vue de chacun un objet évoquant un souvenir ou suscitant une interrogation, ou bien d’offrir un objet très personnel, à même d’apporter un sentiment particulier, mélange de satisfaction, d’admiration, de nostalgie.
Sur ce second point, Bravely Default Edition Collector Deluxe échoue totalement et lamentablement ! Aucun fan de goodies et du jeu ne pourra décemment trouver dans cette figurine un objet de contentement ! La modélisation est en effet grossière. Il ne s’agit pourtant vraisemblablement pas de plastique, ni ABS de mauvaise qualité, ni de PVC mais plutôt d’une sorte de résine. Difficile d’être catégorique sur la nature du produit de moulage étant donné que le poids est intriguant, ni totalement imposant ni véritablement léger. La plus grande partie de la masse devant probablement venir du socle. Mais surtout, la résine actuelle ou le polystone permettent la prise d’empreintes de bien plus grande qualité, avec des rendus inférieurs au millimètre ! La figurine proposée est trop grossière pour avoir utilisé ces matières ou alors la sculpture originale était déjà particulièrement médiocre ! Les cheveux sont typiquement « collés » et le mouvement qu’on a tenté de leur imprimer s’en retrouve totalement anéanti, chaque grosse mèche étant agglutinée dans une masse. La robe, qui compose plus de quatre-vingt dix pour cent de l’ensemble est également très basique. Le jeu l’était relativement aussi à ce niveau mais le drapé et la légèreté contrebalançait le tout. L’extrémité du vêtement, de la fourrure, donnait un aspect bouffant assez agréable. La figurine, elle, ne parvient pas du tout à donner l’aspect de fourrure et pire encore, elle donne l’impression contraire de la légèreté ! La faute à une réalisation qui n’a fait que piqueter une masse sombre de points concaves. La fourrure est difficile à rendre d’une manière générale mais là nous atteignons des sommets de « ratage ». Mais ne focalisons pas sur ce « détail » car il y en a bien d’autres.
Les yeux et la bouche ainsi que l’ovale du visage sont ratés et ne ressemblent pas à l’illustration d’origine que nous pouvons en plus contrôler sur la neuvième page de l’artbook ! La peinture est assez catastrophique, les ombrages sont basiques, pour dire qu’il s’agit d’ombrages puisque nous avons plutôt affaire à des mélanges de couleurs. Les contours sont mal définis et donnent l’impression d’avoir été réalisés par un enfant en manque de grille de coloriage. Petit indice sur la qualité de la figurine et le soin apporté à sa finalisation : la culotte ! Qu’on ne rigole pas, il s’agit d’un point très facile à vérifier et qui donne souvent un net avis sur le degré d’attention apporté par les concepteurs d’un ouvrage. Lorsque cette culotte est ratée ou qu’elle n’apparaît pas, il y a fort à parier que le reste de la figurine est ou sera, dans le cas d’un visuel de prototype, bâclé. Ici elle n’apparaît pas, sans doute parce que dans le jeu il était impossible de la voir et qu’aucune illustration ne la montrait. Mais il y a « disparition » et « disparition » ! Ici il ne s’agit pas d’un subterfuge pour pallier un manque de documentation sur le sujet mais d’une simple décision pour aller vite : celle de fondre les jambes dans le revers de la robe. C’est un procédé qui se fait mais doit bien se faire. Étant donné que notre statuette officie dans la catégorie du grossier, cette fusion jambes-robe suit le pas et reste mal fignolée avec une empreinte vulgaire, des contours mal définis et une colorisation tremblante. Bref, vous l’aurez compris cette figurine est tout au plus médiocre, au pire une arnaque étant donné la qualité du reste ! Pour faire une comparaison osée, l’édition, exception faite de cette figurine, donne l’impression d’être made in Japon quand la statuette donne l’impression d’être made in Taiwan.
Au final, Bravely Default Edition Collector Deluxe, bien ou pas bien? Je suis mitigé ! L’ensemble est joli, les cartes AR sont un plus, l’artbook bien réalisé mais trop court (une constante dans ce genre d’éditions malheureusement) et le CD audio appréciable mais incomplet. La statuette par contre fait pencher la balance du côté obscur et à elle-seule donne envie de demander un remboursement de quelques Euros en « dommages et intérêts » !
Article publié le 16/05/2014