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Anthologie Nintendo 64



Un article de
Manuwaza

Si le jeu vidéo produit constamment mooks et magazines, il est également capable de donner naissance à des livres de taille plus conséquente. C'est de l'un d'entre-eux que je me propose de vous parler au travers de cet article. Son thème ? Une console qui n'a clairement pas rencontré le succès qu'elle espérait, voire méritait. Son nom ? Anthologie Nintendo 64... Commercialisé en juin 2014, cet ouvrage a été écrit par Mathieu Manent, un gros collectionneur spécialisé dans la 64 bits de Big-N, assisté dans sa tâche par AHL et J'm Destroy. Pour information, le premier fut un journaliste renommé dans le domaine du jeu vidéo dans le courant des années 90, à l'instar du second qui a notamment officié chez Joypad. Tous deux ont en commun d'avoir assumé le poste de rédacteur en chef du magazine officiel de la Nintendo 64, en faisant des personnes particulièrement qualifiées pour retracer la vie de cette machine restée dans le cœur de nombreux joueurs. Embarquement immédiat pour un véritable voyage dans le temps...


Un objet de qualité...

Avant toute chose, précisons que le livre de Geeks Line se décline en deux éditions distinctes. La première, standard, a été mise en vente au prix public de 39,90€. La version collector ne coûtant que cinq euros plus cher, et offrant une réelle plus-value sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir au sein de cet article, nous ne saurions que trop vous conseiller d'opter pour cette dernière qui justifie largement son faible surcoût. Dès le déballage, un premier constat s'impose : le livre est massif et lourd ! Oubliez les formats A5 des mooks. Ici, vous aurez affaire à un ouvrage de 22x27cm pesant plus de deux kilogrammes. La couverture, en carton rigide, bénéficie d'une finition soignée présentant un dessin stylisé de la Nintendo 64 avec sa manette, le tout dans une teinte rouge. Faut-il y voir une référence voilée au Virtual Boy ? Toujours est-il que ce motif est recouvert d'un vernis brillant lui permettant de se démarquer du reste de la couverture, réalisée quant à elle dans un noir mat d'une grande sobriété. Dans son édition collector, le livre est inséré dans un joli fourreau, lui aussi en carton rigide -le mot est faible au vu de l'épaisseur de celui-ci- reprenant à peu de choses près les mêmes illustrations, mais privilégiant cette fois-ci une teinte argentée pour ces dernières. Au dos, nous retrouvons un petit texte destiné à présenter l'ouvrage, ainsi qu'une courte mais néanmoins pertinente citation du maître Shigeru Miyamoto quant à la philosophie de la firme de Kyoto. Enfin, une petite étiquette rouge informe l'acquéreur que l'édition collector est également numérotée et limitée à deux mille exemplaires. Votre serviteur possède quant à lui la 694ème copie.

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...et un contenu au diapason

Une fois les premières pages tournées, le sentiment que l'on se trouve face à un livre de qualité se confirme. Celui-ci a en effet bénéficié d'un tirage sur du papier 115 grammes, offrant une dimension haut de gamme à l'ensemble sans pour autant compliquer la lecture par une trop grande rigidité. Au total, cette édition collector comporte quasiment quatre-cents pages avec de très petites marges laissant énormément de place au contenu. Après un petit mot de l'auteur suivi de deux préfaces respectivement rédigées par AHL et J'm Destroy, nous entrons enfin dans le vif du sujet.

Concrètement, nous pourrions diviser arbitrairement l'ouvrage en quatre parties distinctes. La lecture commence par un historique complet de la machine sur une quarantaine de pages. Par complet, comprenez que rien n'a été oublié, et vous pourrez ainsi suivre la vie de la console depuis les balbutiements du Project Reality dans le début des années 90 (partenariat avec Silicon Graphics...) jusqu'à sa nouvelle vie symbolisée par des machines comme l'iQue Player ou la console virtuelle de la Wii, mais aussi par les remakes de jeux N64 à travers le temps. Dans ces quarante pages, l'auteur détaille réellement les décisions fortes de Nintendo à cette époque, mais aussi le contexte historique, la concurrence, et plus globalement tous les événements ayant influé de près ou de loin sur la vie de la seule véritable machine 64 bits de toute l'histoire du jeu vidéo. Le tout s'accompagne de nombreuses illustrations, couvertures de magazines ou photographies d'époque, parmi lesquelles quelques pépites comme ce Mario interactif en images de synthèse réalisé sur une station Silicon Graphics et présenté au Consumer Electronic Show de 1992. Une création n'étant d'ailleurs pas sans rappeler l'écran d'accueil de Super Mario 64...

La seconde partie comporte deux interviews de personnes directement impliquées dans la vie de la Nintendo 64. La première n'est autre que Martin Hollis, le père de GoldenEye. L'occasion pour lui de revenir sur sa carrière dans le jeu vidéo, et de lever le voile sur de nombreux détails de développement du titre culte de Rare mettant en scène l'agent 007 à commencer par les difficultés rencontrées par son équipe. L'interview s'accompagne là encore d'illustrations pertinentes, et notamment de nombreux croquis de production préfigurant de ce que donnerait le jeu dans son rendu final (vous découvrirez même un document listant les bugs à corriger!). Découvrir les dessins qui donnèrent plus tard naissance à l'introduction du soft ou aux différents menus, est un privilège qui ne manquera pas de toucher tous ceux qui ont passé des dizaines d'heures sur ce monument du FPS console, que ce soit en solo ou avec trois amis dans de dantesques parties multijoueurs. Notons enfin que le monsieur revient sur quelques idées abandonnées au cours du processus de développement, des anecdotes qui valent clairement le détour.

La seconde interview concerne quant à elle Eric Caen, co-fondateur de l'un des plus gros éditeurs français, Titus Interactive. Plus qu'un entretien, il s'agit là d'un plongeon dans le contexte des années 90 et les questions posées concernent aussi bien la création et l'évolution du studio, que la collaboration avec Nintendo. Il est en outre très intéressant de « vivre » le passage à la 3D du point de vue d'un studio de développement. Enfin, cette rubrique se termine par une double page intitulée « paroles de développeurs », et contenant quelques citations de grands noms du jeu vidéo ayant à l'époque donné leur avis sur la N64, parmi lesquels nous retrouvons entre autres Frédérick Raynal, Shigeru Miyamoto, ou encore David Perry. Ces deux pages achèvent ce qui avait été débuté dans la précédente rubrique, à savoir un plongeon sans ménagement dans le contexte de l'époque, avec ses espérances, ses doutes, ses réussites et ses échecs.

S'ensuit sur une quinzaine de pages, un descriptif complet du hardware de la console, tant sur le plan technique qu'esthétique. Au sortir de ces quelques feuillets, vous serez incollable sur les différents composants utilisés, les bundles, et plus globalement sur le fonctionnement de la machine. Preuve de l'optique encyclopédique de l'ouvrage, nous retrouvons quelques encadrés contenant moult informations complémentaires, parmi lesquelles un point sur l'Aleck 64 (carte jamma destinée aux salles d'arcade japonaises, et basée sur l'architecture de la N64) et la liste complète des identifiants associés aux différents accessoires. Ceux-ci sont d'ailleurs détaillés dans les pages suivantes, à commencer par la manette révolutionnaire à l'époque, occupant à elle seule quatre pages avec, là encore, une liste exhaustive des différents modèles. La cartouche est également abordée, l'auteur exposant les atouts et inconvénients de ce support déjà considéré comme étant obsolète à l'époque, ainsi que les différents packagings de jeux disponibles aux quatre coins du monde. Expansion Pak, Transfer Pak, mais aussi des items plus atypiques comme ce contrôleur spécialisé pour le Densha de Go et commercialisé par Taito en 1999... Rien n'a été oublié, et ce chapitre comporte même quelques lignes sur les accessoires non officiels.

Le gros morceau de cet ouvrage se trouve pourtant ailleurs. En effet, celui-ci comporte un article sur chaque jeu composant la ludothèque N64, allant des plus connus jusqu'à des titres jamais sortis en occident. Sur plus de deux-cents pages, vous pourrez donc découvrir l'intégralité du catalogue relativement restreint de la console, à raison d'un à trois jeux par page en moyenne. Certes, n'espérez pas lire un test détaillé pour chacun d'entre-eux, mais le petit texte accompagnant chaque soft s'avère suffisant pour produire un jugement sur sa qualité (verdict matérialisé par un système de notation allant de une à cinq étoiles), et pour vous donner envie de vous renseigner davantage sur certains. Chaque page comporte d'ailleurs de nombreuses informations sur le jeu traité, à commencer par sa jaquette, quelques screenshots, les différents titres (euro, us, jap...), les accessoires compatibles, la taille de la cartouche, les dates de sortie, les langues disponibles, les chiffres de ventes... Un encart est en outre souvent présent dans le but de vous informer sur les versions commercialisées sur d'autres consoles, voire pour détailler l'apport de l'Expansion Pak pour le jeu concerné. Enfin, chaque article comporte une estimation de la rareté du soft. Un bon moyen d'avoir une idée du prix à mettre pour acquérir un titre qui vous aurait tapé ans l’œil lors de votre lecture... Bonus appréciable pour les collectionneurs désireux de se constituer un full set, le livre comporte en prime une liste complète des différents titres commercialisés sur N64 toutes zones géographiques confondues, avec des cases à cocher au fil de vos acquisitions... Sympathique, même si personnellement je me vois mal endommager mon exemplaire au marqueur.

Dans la continuité, quelques pages sont consacrées à l'extension mal-aimée répondant au doux nom de N64DD, avec également un point complet sur sa famélique ludothèque et surtout une mise en évidence de l'énorme potentiel inexploité de l'accessoire. Chose rare, l'ouvrage traite également des jeux développés pour la Nintendo 64 qui auraient finalement été annulés. Cette partie se termine par quelques lignes sur les objets considérés comme les plus rares -et par conséquent les plus cotés- en rapport avec la N64, ainsi que sur les différentes versions et formats de la machine à travers le monde...

Notons enfin que l'édition collector comporte vingt-quatre pages exclusives contenant les publicités d'époque les plus marquantes, et insistant sur les plus belles boites des versions japonaises. Ceci ajouté aux autres bonus pré-cités, il apparaît évident que les cinq euros supplémentaires nécessaires pour acquérir l'édition collector au détriment de la standard sont amplement amortis.

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Conclusion

Que penser, donc, de cet ouvrage ? Loin de n'être qu'un simple livre, il s'agit là d'une encyclopédie exhaustive traitant de tous les aspects touchant de près ou de loin la Nintendo 64. N'étant pas un expert de cette machine, j'admets avoir appris énormément de choses lors de ma lecture et si vous cherchez une information sur la machine 64 bits, il y a fort à parier qu'elle se trouve quelque part dans les 380 pages composant le livre de Geeks Line. Comble du bonheur, le tout est admirablement bien écrit dans un style des plus agréables à lire. Bien évidemment, l'ouvrage n'échappe pas aux habituelles coquilles ou fautes d'orthographe, qui restent cependant dans une proportion suffisamment faible pour ne pas nuire au plaisir de la lecture. Et ce jugement vient de quelqu'un pourtant très pointilleux sur le sujet. Croyez bien que la relecture de plusieurs centaines d'articles pour le compte d'Oldies Rising ferait baisser le seuil de tolérance aux maladresses orthographiques d'un analphabète... Précisons toutefois que la partie interviews comporte beaucoup plus de fautes que le reste du livre. A-t-elle bénéficié d'une relecture moins consciencieuse ?

Votre serviteur vous recommande-t-il cet ouvrage ? La réponse est un grand oui sans la moindre réserve. Croyez bien qu'avec la disparition de IG Magazine et mon refus d'acquérir le moindre livre Pix'n Love pour des raisons qui me regardent, je scruterai avec la plus grande impatience les futures sorties de cet éditeur des plus prometteurs. Car rappelons, à toutes fins utiles, qu'il s'agit là du tout premier livre de Geeks Line. Un premier essai largement transformé, d'autant que l'éditeur fait montre d'un grand sérieux dans les délais d'envoi de l'article, avec en prime un excellent suivi par mail et un calcul des frais de port largement à l'avantage de l'acheteur... Certes le prix peut paraître quelque peu élevé, mais une fois l'objet en main, vous réaliserez immédiatement que votre investissement est d'ores et déjà rentabilisé !


Article publié le 31/07/2014


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