The Astyanax, quand les classiques inspirent l'arcade

Mon test d'Astyanax version borne d'arcade étant paru il y a peu, je vous propose quelques anecdotes sur l'univers graphique du jeu et ceci en terme d'inspiration car parcourir ce titre de Jaleco, c'est remarquer quelques petits faits troublants!


La première idée qui pourrait venir en tête une fois le titre terminé, ce serait d'y voir une inspiration provenant du Castlevania de Konami. On y trouve en effet au moins cinq raisons de penser ainsi:

Tout d'abord le château! Celui-ci est situé en hauteur et surplombe en quelque sorte une forêt. L'image de fin de l'épisode Nes, premier du nom, montrait une telle image également. De plus le plan des lieux à visiter dans Haunted castle montre clairement que le château de Dracula est au milieu d'un lac. Il peut évidemment s'agir d'images sorties de l'imaginaire commun mais vous allez voir que la suite est également troublante.



Vient ensuite le boss de fin qui rappellera forcément le Dracula du troisième opus de la saga. Sa cape l'enrobant, son trône situé dans une pièce ornée de piliers y feront immédiatement penser. On pourrait aussi associer les éclairs que lance le Boss, aux éclairs présents dans Super Castlevania 4 sur Super Nintendo. Ce serait éventuellement Konami qui s'en serait inspiré cette fois, preuve qu'une inspiration "konamiesque" aurait pu être à l'origine de certaines caractéristiques d'Astyanax.



Un certain nombre de sprites ennemis évoqueront également la référence des jeux basé sur le plus célèbre des vampires. Citons les fameux squelettes rouges qui ne se détruisent pas du premier coup et se contentent de s'effondrer avant de revenir à la charge.



Le Skeledragon de Castlevania 1 et plus encore le Dragon Squelette de Haunted Castle, ennemi présent à la fin du niveau des caves, ressemble étrangement à un ennemi aquatique du niveau du lac d'Astyanax, niveau situé juste après les grottes! Le Dragon des mers de Castlevania 3, épisode édité lui aussi en 1989 n'est pas non plus loin du design de cet ennemi.



Quatrième détail frappant, la présence d'un ascenseur de pierre dans le quatrième niveau. Cette ascenseur se voit envahi d'ennemis tombant du ciel et nous demande de survivre à l'invasion. Là encore le Super Castlevania 4 de Konami reprend la formule. Même genre de clin d'œil que pour les éclairs de Dracula de sa part?

Enfin, l'image finale d'Astyanax ne peut laisser de marbre les adorateurs de Simon Belmont. Pour Castlevania, Simon Belmont regarde le château de Dracula, pour Astyanax, Roche regarde le paysage débarrassé du château d'Argos! La pose est la même, la différence principale vient de ce que l'illustration de Castlevania concerne notre héros avant l'affrontement alors que l'image d'Astyanax concerne notre héros après l'affrontement!



Vous le voyez nous pouvons trouver quelques similitudes entre la série castlevania et The lord Of King. Pourtant je ne saurais évidemment affirmer qu'il y eut une quelconque inspiration puisée spécifiquement chez Konami et ce pour deux nouvelles raisons!
La première est incontestablement l'inspiration qu'on pourrait aussi trouver dans l'œuvre de Ray Harryhausen. Ce monsieur fut le maître de l'animation en volume pour les films fantastiques ou de science fiction d'avant 1980 aux Etats-unis. C'est à lui qu'on doit un nombre impressionnant de créatures en simili pâte à modeler avec animation image par image pour des œuvres comme Jason et les Argonautes ou le Choc des Titans. Une chose est certaine, il y a de très grandes ressemblances entre le jeu et les créations de Harryhausen.

Commençons par citer la plus évidente, celle qui met immédiatement la puce à l'oreille, j'ai nommé le cyclope. C'est bien simple, parmi toutes les représentations possibles du cyclope et même si des textes le décrivent et peuvent avoir donné une orientation identique, les designs sont tellement ressemblants qu'il en devient difficile de les distinguer! La corne et la massue en particulier, couplés aux jambes rappelant celles d'un Satyre, sont sans équivoque! La version du Cyclope du jeu apparait ainsi également dans "Le 7eme Voyage Sinbad", film de 1958.



Le Cyclope vu, on repense alors immédiatement au boss d'un niveau précédent qui était déjà assez évocateur mais laissait planer le doute: La représentation de Kali. Si la déesse de la destruction Hindoue est forcément une icône connue, là encore c'est sa représentation qui laisse songeur! Elle est encore une fois identique à la statue prenant vie dans une autre aventure de Sinbad, intitulée cette fois "le voyage fantastique de Sinbad" et datant de 1973. Les écrits parlant de Kali sont loin de la montrer sous le jour qu'avait choisi d'utiliser Harryhausen. On peut par contre trouver cette déesse au sud de l'inde dans le style appelé Hoysala. Si Ray Harryhausen a pu faire des recherches à l'époque, il me parait toutefois peu vraisemblable que les développeurs de chez Jaleco aient fait de même et soient tombés sur le même type de figuration. Il est sans doute plus crédible de croire qu'ils avaient tout simplement vu le film la mettant en scène ainsi, d'autant que son apparition se fait dans des lieux identiques: des grottes, dans deux œuvres que seulement 16 ans séparent.



Toujours dans les créatures très typées, voyez également les harpies présentes dans le niveau du lac d'Astyanax! Celles-ci reposent sur un piédestal à leur mesure et possèdent des attributs très distinguables: des ailes comme celles des chauves-souris. Or, encore une fois, cette typique représentation se retrouve dans Jason et les Argonautes, film de 1963 pour lequel Harryhausen a participé!



Enfin, nous pourrions citer quelques autres créatures moins remarquables mais qui peuvent avoir également été inspirées par des travaux du maître des effets spéciaux. La scolopendre géante du niveau de la forêt d'Astyanax peut ainsi s'apparenter à la créature dite "Moon Cow" du film "First men on the moon" de 1964.



Pour terminer, les squelettes blancs du premier niveau du jeu, celui de la forêt, armés de boucliers et d'épées existent aussi dans Jason et les Argonautes.



Avouez que toutes ces ressemblances sont frappantes. Si on pouvait se dire que les ressemblances avec Castlevania étaient plutôt de l'ordre de la coïncidence, on ne peut en dire autant en ce qui concerne l'œuvre de Harryhausen. Pour appuyer une dernière fois la théorie de l'inspiration de "classiques" et en particulier de films, j'utiliserai l'exemple du dernier niveau du jeu, le 6eme. Il s'agit de la seconde raison évoquée plus haut.

ATTENTION, SPOILERS!

Ce dernier niveau est atteint après avoir vaincu l'erzats de Dracula. Le héros se dirige au travers d'un mur qui s'est effondré sur la droite et atteint… l'antre d'un dieu qui semble extraterrestre et qui surtout ressemble terriblement à l'Alien de H.R Giger! Le passage vers ce niveau est surprenant puisque nous passons d'un univers "heroic fantasy" à un univers science fiction. Pourtant le tout se supporte très bien et ajoute une touche mystique indéniable. Mais le sujet n'est pas là. Faut-il voir en ce lieu et en cette représentation d'Alien une évocation d'un dieu influençant le sorcier Argos, quelque chose dans le genre de ce qu'aurait produit un Lovecraft avec son Cthullu ou une émanation extraterrestre tout simplement maléfique? Toujours est-il que l'endroit est orné d'espèces de tubes au plafond qui ont totalement la forme des excroissances présentes dans le dos de l'exomorphe de Giger mais absentes de la version du jeu probablement pour ne pas pousser trop loin le "plagiat" qui aurait pu entrainer des répercussions juridiques. C'est sans doute la même raison qui fait que l'Alien, au fond de son antre, tente d'attraper le héros non pas par une extension de sa bouche mais par un allongement de son bras, ce qui reste tout de même évocateur. Ceci en plus d'un design sans concession!



Alors, inspiration ou pas inspiration, à vous de voir mais en ce qui me concerne je n'ai aucun doute!

Tanuki, le 12/10/2011