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[Rétrovalue]Fantasia : Music Evolved



Un article en rapport avec la saga Disney
image d'illustration du dossier: Fantasia - Music Evolved,

Un article de Slaine

Même si les lecteurs assidus d'Oldies Rising n'auront pas besoin d'un petit rappel historique sur les jeux Fantasia d'ailleurs testés sur le site, les néophytes apprécieront un retour en arrière sur le passé plus ou moins glorieux de ces adaptations. En 1940, Disney crée une œuvre atypique dont le but avoué est de démocratiser la musique classique auprès d'un large public en interprétant des titres incontournables sur fond de magie et de dessin animé. Mickey officiait dans une partie de ce long métrage en tant qu'apprenti magicien, utilisant le chapeau magique de son maître pour remplir ses tâches ménagères. Sur un fond de musique classique devenu mythique et obligatoirement associé de nos jours à cette œuvre de Disney, Mickey se transformait en véritable chef d'orchestre luttant contre les éléments et tentant de garder le contrôle de son nouveau pouvoir.

Le monde des jeux vidéo a rendu hommage à Fantasia en proposant notamment deux jeux, le premier sur Atari 2600 et le second sur Megadrive. De qualité moyenne pour l'un comme pour l'autre, difficile de parler là d'un véritable succès. C'est donc avec une grande surprise que durant l'E3 2013 Harmonix, responsable de Guitar Hero ou Rock Band, annonça un jeu musical hors norme et innovant se nommant « Fantasia The Music Evolved ». Basé sur la reconnaissance de mouvement, donc Kinect, ce titre exclusif à la Xbox 360 et à la Xbox One a connu des heures sombres avant de voir le jour. Sponsorisée par Disney, la petite équipe de développement fut rapidement confrontée à des difficultés financières qui conduiront à des choix vidéoludiques discutables, mais nous y reviendrons. C'est surtout l'abandon du « tout Kinect » sur Xbox One et donc la politique changeante de Microsoft qui mirent à mal Harmonix. Perdant dans la manœuvre l'opportunité de séduire tous les joueurs Xbox One en manque de titres exclusivement Kinect, le jeu sortit dans une certaine indifférence en octobre 2014 en version boîte complète et en dématérialisé low cost (cette dernière déclinaison ne comprend pas les packs DLC d'arrangements et est par conséquent vendue presque moitié moins cher) ou deluxe (idem que la version boîte). Une démo fut également mise à disposition sur le Xbox Live, fait assez rare pour mériter d'être souligné, et le titre fit régulièrement l'objet de promotions pour les membres Gold.

Ce jeu s'inscrit-il lui aussi dans la malédiction des titres estampillés Fantasia, ou vaut-il la peine de rebrancher son Kinect ?


Vous reprendrez bien un peu de ratatouille ?

La partie débute sur une petite voix off qui ne manquera pas de vous rappeler de bons souvenirs, puisque c'est bien l'inoubliable timbre de Ratatouille qui vous accompagnera tout au long de l'aventure, renforçant ainsi le sentiment d'être dans un jeu Disney. Vous apprendrez très rapidement que vous avez été repéré par Yen Sid, le magicien du dessin animé Fantasia. Après avoir passé quelques épreuves simples faisant office de didacticiel, vous serez amené à devenir son apprenti et ferez ainsi la connaissance de Scout, une autre élève visiblement bien moins douée que vous. Alors que le magicien vous explique toutes les subtilités de la composition musicale, un grand malheur frappe le cosmos. Ainsi un bruit inconnu et persistant a-t-il envahi chacun des royaumes de l'univers, polluant irrémédiablement l'équilibre sonore. Yen Sid ayant disparu, c'est à vous et Scout qu'incombera la lourde tâche de composer de la musique afin de rétablir l'harmonie du cosmos. Si le scénario peut paraître simpliste, soulignons tout de même qu'il a le mérite d'être présent, chose très rare dans les jeux musicaux. Avec un profond respect de l'esprit du dessin animé tant dans sa plastique que dans ses intentions, Harmonix débute donc sur une belle note plaçant petits et grands dans un univers cohérent, sympathique, et surtout familier pour les plus anciens.

Le scénario principal ne peut se jouer qu'en solo et permet de débloquer les titres pour le multijoueurs, ainsi que divers arrangements pour chaque morceau. Autant dire qu'un passage par l'aventure en solitaire est indispensable afin d'ensuite profiter pleinement des joutes entre amis et de disposer de toutes les subtilités de chaque morceau. Outre les deux modes de jeu susmentionnés (le multijoueurs étant disponible en local ou online), peu de possibilités si ce n'est quelques défis ou options de paramétrage...


Êtes-vous plutôt Louis de Funès ou Mickey Mouse?

Personnellement, l'évocation du métier de chef d'orchestre renvoie directement mes pensées vers ces deux symboles : Louis de Funès dans La Grande Vadrouille, ou justement Mickey dans Fantasia. Ici, fidèlement à l’œuvre originale, vous apercevrez immédiatement en bas de l'écran votre silhouette filmée par Kinect, dans la position du chef d'orchestre. A ce stade, on se retrouve propulsé au cœur de la scène où Mickey se retrouve sur la falaise à jouer avec les éléments. Le jeu va plus loin encore dans l'hommage en activant le mode deux joueurs par un face à face entre les deux adversaires ponctué par un serrage de main. Une approche originale, faisant directement référence à la scène où Mickey serre la main du chef d'orchestre. Bien pensé...

Harmonix a également eu une pensée pour les joueurs se fatiguant rapidement, puisque Fantasia peut se jouer assis. Une chose assez rare, probablement rendue possible par un Kinect plus performant sur Xbox One. Bien évidemment, oubliez les manettes ici. Seul Kinect est utilisé, et vous n'aurez besoin d'aucun autre accessoire que vos mains. N'ayant pas tâté de la version 360, je me contenterai donc de préciser que sur Xbox One, les contrôles sont intuitifs que que Kinect n'est jamais mis en défaut. Un point crucial pour la jouabilité.

Le jeu débute dans une sorte de hub représentant la bibliothèque de Yen Sid, avec un balcon et une ouverture sur l'univers. Au sein de cet environnement, vous pouvez interagir avec les éléments du décor, communiquer avec Scout, ou accéder directement aux niveaux à sauver du bruit ambiant. En levant une main, vous ferez apparaître une sorte de sphère bleue vous servant de guide pour interagir avec le jeu. Afin d'entrer dans un niveau, il vous suffira de tendre les bras vers l'avant, puis de les écarter, comme si vous souhaitiez écarter un voile devant vous afin de créer une ouverture. Instinctifs, les mouvements sont très simples à réaliser, un excellent point surtout pour les plus jeunes qui seraient tentés par l'aventure. Différents univers sont disponibles, parmi lesquels une ville, une station spatiale, une forêt, la montagne du dragon, ou encore des grottes obscures. Au total, ce ne sont pas moins d'une dizaine d'univers qu'il vous sera offert d'arpenter avec dans chaque monde entre deux et quatre morceaux, mais aussi des tonnes d'interactions musicales à découvrir. A chaque musique réussie, le monde se transformera afin d'ouvrir de nouvelles possibilités. Le succès est acquis en cumulant un score suffisamment élevé pour débloquer les arrangements requis. Vous gagnerez ainsi des étoiles qui vous permettront d'assainir le monde en question, puis de passer au suivant.

Venons en maintenant au cœur même du jeu, à savoir son gameplay. Un passage indispensable afin de mieux comprendre le concept de Fantasia. Afin de jouer les morceaux, et comme mentionné plus haut, vos deux mains sont les seuls outils requis. Lorsque vous débutez un morceau, le décor change radicalement pour vous propulser dans un environnement rappelant un ciel étoilé, avec en arrière plan une déclinaison discrète du monde dans lequel vous vous trouvez. Dès lors, il vous faudra suivre le rythme de la partition en exécutant des mouvements à la vitesse et dans le sens qui conviennent. Pour cela, plusieurs possibilités cohabitent. Des flèches de direction apparaissent à l'écran, nécessitant d'être validées en agitant le bras (gauche ou droit, peu importe) dans la bonne direction et suivant un rythme défini par un filet d'étoiles se dirigeant vers ladite flèche. Une bonne synchronisation est donc cruciale, d'autant que ces flèches peuvent aller dans n'importe quelle direction (haut, bas, diagonales, arcs de cercles...) et même apparaître par paires vous obligeant alors à utiliser vos deux bras. S'ajoutent à cela des boules d'énergie qu'il vous faudra frapper à l'écran, en donnant une sorte de coup de poing à un endroit précis. Petite subtilité, ces boules peuvent apparaître vides, vous obligeant à les frapper puis à rester immobile le temps qu'elles se remplissent pour enfin disparaître. De même, certaines seront suivies de marqueurs de direction, vous obligeant à frapper puis suivre de la main un chemin tracé, comme un dessin apparaissant peu à peu à l'écran.

A ce stade de l'article, nombre d'entre vous doivent se trouver quelque peu perdus tant il est difficile d'expliquer précisément le concept sans support visuel. Pourtant, une fois la partie lancée, le tout s'avère parfaitement intuitif, et ce même pour un enfant ! On se surprend rapidement à jouer réellement les chefs d'orchestre, agitant les bras en rythme, allant même parfois jusqu'à faire de véritables envolées à la manière de Mickey. Bref, on se prend totalement au jeu, conquis par ce gameplay atypique parvenant à conserver durablement son intérêt. Si cette maniabilité fut finement trouvée, Fantasia compte un autre atout dans sa manche et pouvant se résumer en un mot : la création. Dans tous les jeux du genre, Guitar Hero, Donkey Konga ou Samba de Amigo en tête, le but est systématiquement de reproduire le rythme original de la musique. Pour Fantasia, Harmonix a voulu voir plus loin afin de vous transformer en un véritable mélomane ! Prenons un exemple concret. Vous lancez « Les Quatre Saisons » de Vivaldi. La musique débute, et le jeu vous représente dès le départ les différents instruments la composant. Pourtant, à de très nombreuses reprises tout au long du morceau, vous allez pouvoir modifier l'arrangement à votre convenance. Vous êtes lassé du violon ? Optez donc pour la guitare électrique ou le synthétiseur ! La batterie vous ennuie ? Changez pour des tambours. Vous pourrez ainsi totalement remanier la musique originale, que ce soit en changeant d'instruments, ou en mixant les originaux avec de nouveaux venus. Les résultats peuvent s'avérer étonnants, et entendre « Les Quatre Saisons » en version rock, « Bohemian Rapsody » de Queen saupoudré de metal, ou encore « The Real Me » de The Who joué par un orchestre philharmonique représente une occasion unique de laisser libre cours à votre fibre créatrice. Pour chaque titre, trois types d'arrangements radicalement différents seront disponibles, représentés en bleu (morceau original), rose ou vert, voire un quatrième dans la version Deluxe du jeu. Dans la pratique, j'ai personnellement été scotché par le résultat obtenu sur tous les titres, au point de me demander pourquoi personne n'avait jamais mûri l'idée de tels remixes afin de relancer ces tubes d'hier et d'aujourd'hui. Mieux encore, et c'est là un avis personnel, certains arrangements m'ont même paru meilleurs que les originaux ! La cerise sur le gâteau, c'est que cette possibilité s'exploite tout naturellement, grâce au gameplay très simple et intuitif. Aucune raison, dans ces conditions, à ne pas se montrer créatif !

Mais la dimension créative va plus loin encore, puisque vous pourrez littéralement créer vos propres rythmes qui s'inséreront dans la musique grâce à un ingénieux système de reconnaissance de mouvements. Disponibles lors de moments « bonus », ils se glisseront à des moments précis de la chanson, lui apportant par la même occasion votre touche personnelle. Je vous laisse la joie de découvrir ces mécanismes de création et toutes les petites surprises qui en découlent, mais il apparaît comme évident que Fantasia a pleinement réussi son pari fou de démocratiser la musique et la création artistique auprès d'un large public...ce qui était, rappelons-le, l'objectif initial du dessin animé de 1940...

Enfin, le mode multijoueurs permettant à deux personnes de jouer en même temps sur le même morceau s'avère bien conçu, et l'on s'amuse à réaliser des mouvements identiques ou séparés en rythme, avec pour but d'obtenir plus de points que son adversaire pour avoir le choix de l'arrangement musical. Dommage toutefois qu'il ne soit pas possible de jouer à quatre, même si cette décision est aisément compréhensible lorsqu'on imagine le joyeux foutoir que cela aurait occasionné.


Le Génie d'Aladdin aurait pu mieux faire

Le temps des éloges est désormais terminé, et nous allons nous attaquer aux points noirs du jeu. En effet, si le génie des concepteurs saute aux yeux et suppose un travail colossal doublé d'un indéniable esprit créatif, difficile de passer sous silence le flagrant manque d'identité du soft.

Si vous entendez « Fantasia », vous penserez automatiquement à Mickey, aux dessins animés, à Disney ou à la musique classique. Utiliser cette appellation comme titre induit donc forcément une certaine attente de la part des joueurs, celle de jouer de la musique classique sur fond de dessin animé, ou au moins profiter de l'univers Disney dans un jeu musical. Si sur la plastique Harmonix a respecté le contrat en immergeant le joueur dans l'univers graphique de Fantasia, la playlist s'avère en total décalage avec ce dernier ! Comment provoquer l'immersion dans l'identité Disney, avec des titres de Lady Gaga, Missy Elliott, Imagine Dragons ou Gorillaz ? Le but était probablement d'attirer un plus large public, mais par cette décision, le studio de développement a fait perdre au jeu toute son essence. En clair, si l'on met de côté la demi-douzaine de morceaux issus de la musique classique (parmi lesquels on ne retrouvera même pas l'emblématique thème de Fantasia) ainsi qu'un seul et unique thème estampillé Disney (La Reine des Neiges, fourni en DLC qui plus est), l'intégralité de la playlist varie entre le pop rock, le rock, le hip hop ou la dance. Pourquoi ne pas être allé au bout des choses en offrant quelques titres « tout public » pour ne frustrer personne, mais tout en garnissant réellement le jeu de musiques classiques dans un nombre conséquent ? De même, le catalogue Disney est suffisamment vaste pour offrir un large panel de musiques issues de dessins animés, voire de films comme Star Wars dont la firme a récemment acquis les droits. Des jeux comme Donkey Konga ou Samba de Amigo avaient fait ce pari gagnant se constituant ainsi une véritable identité auditive, et l'on ne peut que regretter profondément ce choix purement commercial. A mon sens, là se situe la principale explication de l'échec du soft en termes de ventes. Offrir des musiques issues des licences Disney aurait immanquablement touché tous les publics, jeunes ou moins jeunes...

Et comment ne pas pester sur cette playlist de trente-deux chansons auxquelles s'ajoutent dix-huit DLC ? Certes, comme mentionné plus haut, ce chiffre est à relativiser par le fait que vous puissiez créer autant d'arrangements que vous le souhaitez. Seulement voilà, depuis sa sortie, Harmonix semble avoir totalement abandonné le projet. Plus aucun DLC, ni aucun nouveau morceau annoncé. La durée de vie sur le long terme en est donc fortement impactée, même si les plus acharnés pourront toujours s'amuser à créer puis à diffuser un morceau unique.

Conclusion

Fantasia appartient à ce genre d'OVNIs vidéoludiques chers à mon cœur ! Sorti de nulle part, il réussit à innover et à émerveiller à chaque instant. Totalement addictif pour ceux qui ne sont pas allergiques à la musique, il s'avère accessible à tout âge, et même quelqu'un n'ayant pas la moindre âme créative réussira à s'impressionner par ses propres prestations. Se basant sur un gameplay efficace et un Kinect jamais pris à défaut, il ne souffre finalement que d'une playlist trop limitée et surtout d'un manque d'identité l'empêchant d'en faire un incontournable absolu. Difficile toutefois de ne pas le conseiller à tous les mélomanes en herbe, en leur recommandant de ne pas se fier à la démo disponible limitant beaucoup trop l'expérience de jeu et ne rendant par conséquent pas justice au soft dans son ensemble.

D'un point de vue rétro, Fantasia loupe le coche de peu et aurait pu glaner une rétrovalue bien plus importante s'il avait fait le même pari que Donkey Konga ou Samba de Amigo en misant sur des musiques de jeux vidéo anciens ou BO de films cultes. Il parvient néanmoins à nous replonger en enfance, et c'est bien là le principal !




Article publié le 02/05/2015

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