de Eiwhaz » Dim 18 Mar 2012 14:17
C'est ça le problème, c'est que personne n'y croit.
Je suis profondément humaniste, je crois vraiment en l'Homme, c'est mon côté bisounours.
Le monde du travail me fait comprendre petit à petit que les gens travaillent sous le joug de la carotte et du bâton. Mais travailler avec les enfants me permet de voir que ce sont les médiations les plus efficaces. Je vais te donner un exemple
Il y a un gamin de 17 ans à mon travail, avec de très gros troubles autistiques. Il reste toute la journée à ne rien faire, et se fait engueuler parce qu'il ne fait rien. Cela ne semble pas l'affecter, au contraire, il semble prendre un malin plaisir à nous voir nous agacer de sa léthargie. Il est aussi un peu la victime des autres enfants, et se fait gentiment martyriser, ne se défend jamais.
J'ai pris ce gamin en affection assez rapidement. Je sais qu'il est capable de beaucoup de choses, et du coup, cela fait maintenant plusieurs mois que je le secoue ... Je me suis petit à petit rendue compte que c'était les éducateurs qui l'avaient étouffé, et c'est aussi l'équipe qui l'a amené à tenir cette place de grand dadais perdu au milieu de nulle part.
J'ai constaté qu'il chantait beaucoup, j'ai donc amené des CD et nous écoutons de la musique tous les deux régulièrement. Si je n'ai pas de CD, je mets des vidéos de chansons sur Youtube. Je l'assoie à côté de moi, et lui demande de dessiner. Lorsque nous faisons la cuisine, je lui donne une tâche à faire. Je l'oblige à participer au quotidien. Et surtout, j'emploie mon énergie à lui casser les pieds régulièrement. Je l'empêche de faire ce qu'il veut tant qu'il ne m'a pas prouvé qu'il le voulait vraiment. Certains éducs m'ont dit que j'étais dure avec lui. Ces éducs n'ont rien compris.
Cet enfant est devenu très farceur avec moi. Il me dit bonjours tous les matins sans que j'aie besoin de lui demander. Il commence à se défendre lorsque je lui casse vraiment les pieds. Il a réussi à relancer une vidéo sur Youtube tout seul, en me prenant le téléphone des mains. Lorsqu'il veut quelque chose, il me le demande avec son regard, et son visage s'éclaire lorsqu'il voit que je l'ai compris. Il participe aux tâches du quotidien, et en plus, il les fait vraiment très bien. Je reste persuadée qu'avant juin, il arrivera à me décrocher quelques mots.
Tout ça parce que j'ai réussi à trouver des temps de médiation avec lui. Je ne me suis pas énervée, je ne suis pas rentrée en conflit, je suis sortie de la méthode de la carotte et du bâton. Pas de négociation avec lui, je me suis juste intéressée à lui. Et cela a fonctionné puisqu'aujourd'hui, il s'est réveillé de sa longue léthargie. Il y a encore beaucoup à faire, mais il est présent avec nous, et c'est déjà énorme. (je ne m'attribue pas tout le mérite de ce qui se passe, j'ai eu le soutien de deux collègues ...).
J'en viens donc au fait qu'obliger les gens à faire des choses qu'ils ne veulent pas, en leur mettant la pression ne sert souvent à rien, et que l'essentiel, c'est de trouver le temps de s'intéresser aux autres, et de leur laisser la place de s'exprimer. Après, la société n'est pas faite pour ce genre de méthode, mais ça c'est un autre débat.
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