lien vers facebook lien vers twitter lien vers youtube lien vers dailymotion lien vers le forum d'Oldies Rising lien vers mail
Recherche Avancée

Shellshock

Section Test.


Shellshock
25/10/1996
Edité par Electronic Arts
________________________
Shellshock
??/??/1995
Edité par US Gold
________________________
Shellshock
??/??/1995
Edité par Eidos Interactive
________________________
Console: Sega Saturn
Genre:Action
Développeur: Core Design
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: PC- Sony Playstation-

Photo de la boite de Shellshock
Shellshock, capture d'écran Shellshock, capture d'écran Shellshock, capture d'écran
Dans une période où les nouvelles licences se font de plus en plus rares, on en arriverait presque à oublier l'époque bénie des années quatre-vingt-dix durant laquelle les développeurs de tous bords rivalisaient d'imagination pour offrir aux joueurs de nouvelles expériences. Au sein de ces multiples essais, certaines licences perdurèrent, comme Tomb Raider ou Crash Bandicoot. D'autres tombèrent dans l'oubli, parfois de manière justifiée compte tenu de leur piètre qualité. Quelques-unes d'entre-elles furent néanmoins injustement oubliées, et ce malgré d'indéniables qualités contrebalançant largement leurs quelques défauts. C'est le cas du titre qui nous intéresse aujourd'hui, baptisé Shellshock. Commercialisé en 1996 sur Playstation, Saturn et PC, le soft de Core Design gagne clairement à être connu. Voyons pourquoi...

Cinq mercenaires au service de la paix

La trame scénaristique faisant office de toile de fond au titre débute en 1994, dans la province fictive de Mostvia Vatska. Un commando des forces spéciales est envoyé dans cette zone de guerre afin de protéger un convoi civil, qui est bientôt pris sous le feu de l'artillerie ennemie. Les demandes de renforts de la part des soldats restent sans réponse, ceux-ci étant considérés comme des pertes acceptables par la hiérarchie militaire... Ployant sous les tirs ennemis, le commando et le convoi qu'il protégeait sont détruits. Seuls cinq membres de l'unité survivent...

Trois ans plus tard, ces cinq survivants se sont regroupés dans une compagnie de mercenaires basée dans un ancien pénitencier de New York. Da Wardenz, c'est son nom, a pour but de lutter contre l'oppression, la corruption, et le terrorisme partout dans le monde, le tout sous les ordres du mystérieux colonel « The Man ». Vous incarnez Homes, nouvelle recrue de cette équipe de choc qui va avoir pour lourde tâche de piloter le char d'assaut M-13 Predator, tank surpuissant capable de tenir tête à une petite armée. Aux commandes de cette petite merveille technologique, vous devrez remplir pas moins de vingt-cinq missions vous propulsant dans des environnements divers et variés, qui ne manqueront pas de mettre la tactique au tout premier plan du gameplay.

Un gameplay riche, et une prise en main immédiate

Parlons justement de ce dernier, en commençant par le maniement de base de votre char. Ici, le pad Saturn a été parfaitement appréhendé par ces messieurs de chez Core Design, qui nous offrent une jouabilité de tout premier ordre. Ainsi, la croix directionnelle est dévolue aux déplacements, tandis que les gâchettes permettent de faire pivoter la tourelle dans la direction souhaitée (sachant qu'il est possible de recentrer celle-ci en quelques secondes via une pression simultanée sur les deux gâchettes susnommées). Un appui sur B déclenche le tir de l'arme préalablement sélectionnée via la touche A, tir qu'il sera préférable d'effectuer lorsque le réticule de visée changera de forme, indiquant que la cible est bien accrochée. Enfin, X affiche une carte tactique (sur laquelle il est possible de zoomer avec Z) permettant de modéliser dans une vue en 3D fil de fer la position de votre char par rapport aux adversaires. Celle-ci ne sera cependant pas forcément nécessaire, un radar remplissant le même office étant directement présent en bas du cockpit du M-15. Sur la droite de ce dernier, un compteur vous indiquera la vitesse de votre véhicule, tandis qu'un second indicateur situé juste à côté vous donnera diverses informations sur l'arme sélectionnée. Peu important en ce qui concerne le canon principal doté de munitions illimitées, ce cadrant sera nettement plus utile lors de l'utilisation des missiles ou de la mitrailleuse, en indiquant respectivement le nombre de projectiles restants et le niveau de surchauffe. En ce qui concerne la mitrailleuse, sachez que cette dernière est dotée d'une visée automatique, la rendant particulièrement efficace contre les cibles aériennes. Enfin, toute la partie inférieure gauche de l'écran sera dévolue à un afficheur multifonctions vous donnant diverses informations, comme le nombre d'ennemis restant à détruire, votre barre de vie (descendant en outre à une vitesse vertigineuse!), ou encore des indications sur les objectifs à remplir modélisés par une série de huit icônes correspondant chacune à un ordre bien précis.

D'un point de vue général, il est indéniable que Core Design a réussi son pari avec brio, en proposant une prise en main immédiate parfaitement adaptée aux exigences d'un jeu console, avec pour seul défaut des embûches parfois frustrantes (il m'est arrivé une fois de devoir recharger ma partie, puisque je m'étais bloqué entre deux arbres en voulant récupérer une caisse de munitions). La plus grosse originalité du soft ne se situe cependant pas dans les missions en elles-même, mais bel et bien dans le « Mitard ».

Le mitard, centre des opérations

Sous cette appellation barbare se cache en effet la grande richesse du jeu. Entre chaque niveau, vous vous retrouverez au sein de votre base dans laquelle diverses actions seront réalisables, via un maniement rappelant énormément les point & click. Ce lieu se divise en cinq parties distinctes, chacune offrant son lot de surprises. Tout d'abord, sachez que toutes les options du soft faisant habituellement l'objet d'un menu brisant toute immersion sont directement intégrées au Mitard. En grimpant dans le tank, vous pourrez ainsi configurer les touches à votre convenance, tandis qu'un petit tour sur le terrain de basket vous permettra d'écouter toutes les musiques du jeu via une chaîne hi-fi. De même, le système de sauvegarde se base sur les vestiaires, chacun des quatre casiers présents correspondant à une partie enregistrée. Cette intégration dans les décors des différentes options du menu principal n'était, et n'est d'ailleurs toujours pas commune dans les jeux vidéo, et offre au joueur un plongeon sans ménagement dans l'ambiance si particulière de ce Shellshock, ambiance sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir un peu plus loin dans ce test. Les plus perspicaces d'entre-vous n'auront pas manqué de noter que deux parties du Mitard n'ont pas encore été abordées. La première n'est autre que la salle de briefing, déclenchant la mission suivante de la campagne dès lors que l'on y accède. La seconde, à laquelle nous allons consacrer quelques lignes, est l'atelier...

Pour expliquer l'existence de ce dernier, sachez tout d'abord que votre tank ne récupère pas son blindage automatiquement entre chaque mission, vous obligeant à le réparer en faisant appel aux services de Props. Outre le fait de rafistoler votre véhicule, l'atelier est également utile pour améliorer divers aspects de ce dernier. Il vous sera ainsi possible d'acheter des missiles sol-air (quatre maximum par mission), renforcer le blindage, améliorer le rechargement du canon et donc votre cadence de feu, optimiser la visée auto des missiles ou de la mitrailleuse en améliorant le système de ciblage, ou encore d'augmenter la vitesse et la manœuvrabilité en boostant le moteur et les chenilles... A noter que ces améliorations devront pour certaines être réalisées parallèlement. Ainsi, il vous sera inutile d'améliorer le moteur du M-13 sans en faire autant avec les chenilles... Un dernier choix vous attend dans l'atelier, à savoir faire le plein de l'A-10 de 9-1-1, pilote émérite de cet avion d'attaque au sol. Opter pour cette solution vous offrira l'option de faire appel à une couverture aérienne une fois par mission. Une aide bienvenue dans certains niveaux plutôt corsés, mais néanmoins extrêmement coûteuse...

En effet, les services de Props ne sont en aucun cas gratuits! Le simple fait de réparer votre char d'assaut entre deux missions vous demandera une bonne somme d'argent, et chaque amélioration devra être payée rubis sur l'ongle. Pour récupérer ces espèces sonnantes et trébuchantes, il vous faudra explorer les différentes zones de jeu à la recherche de caisses d'approvisionnement. En roulant sur ces dernières, vous pourrez les ramasser pour ensuite les revendre à Props et récupérer de quoi financer les améliorations de votre véhicule. Attention néanmoins : si la boussole présente sur la partie supérieure de l'écran vous indiquera par un marqueur la direction à prendre pour remplir le prochain objectif, il n'en sera pas de même des caisses de munitions que vous devrez chercher en fouillant les zones de fond en comble! Autant vous dire que l'on se retrouvera rapidement à rejouer les différents stages déjà bouclés, dans le seul but de récupérer suffisamment d'argent pour pouvoir progresser dans de bonnes conditions...

Shellshock, un bon vieux challenge à l'ancienne

Car ne commettez pas l'erreur de penser que les vingt-cinq missions proposées consistent en une petite promenade de santé! La difficulté est certes d'un niveau assez bas en début de partie, mais devient nettement plus corsée au fil de la progression et de l'apparition de nouveaux adversaires. Les simples chars du premier stage laisseront ainsi rapidement place aux bateaux, ainsi qu'aux horribles hélicoptères de combat qualifiés à juste titre dans le manuel de « chars volants ». Armés de missiles et canons lourds, ces redoutables adversaires devront être alignés à la mitrailleuse, leur laissant de fait tout le loisir d'ouvrir le feu en attendant que le verrouillage automatique ne se mette en place. Shellshock est donc un jeu très exigeant, nécessitant un sens de la tactique assez aiguisé pour espérer progresser. Il vous faudra bien exploiter le terrain pour vous mettre à couvert, contourner une unité ennemie pour la prendre à revers, séparer les véhicules adverses avant de les attaquer un par un s'ils se déplacent en groupe... Dans le cas où une situation tournerait au vinaigre, une bonne dextérité pourrait bien vous sauver la vie en vous permettant, par quelques savantes manœuvres, d'éviter un ou deux obus qui eussent pu vous être fatals. Et bien entendu, le passage par l'atelier de Props entre chaque mission, loin d'être une fioriture sans le moindre intérêt, sera obligatoire pour optimiser votre véhicule et ainsi espérer survivre au champ de bataille...

Pour couronner le tout, ces messieurs de chez Core Design ont même inclus une dimension scoring dans leur jeu, en affichant un tableau de statistiques à la fin de chaque mission, avec un score calculé en fonction de vos prouesses au combat (ennemis détruits, précision des tirs...). Dans ces conditions, autant vous dire que la durée de vie atteint des sommets, même si le fait de devoir parcourir les cartes en quête de caisses ne sera pas sans faire naître un certain sentiment de répétitivité. Fort heureusement, le soft peut compter sur un argument de choix afin de contrebalancer ce petit défaut...

Une technique archaïque, compensée par une formidable ambiance!

Cet argument, c'est clairement son ambiance en acier trempé! On peut aimer ou détester Shellshock, mais personne ne restera insensible à son atmosphère si particulière. Dès les premières minutes de jeu, on commence par une visite du Mitard, en discutant avec tous les protagonistes présents sur place. Une première constatation s'impose alors : Da Wardenz n'est clairement pas une cellule de l'armée régulière! Chaque personnage semble être en provenance directe d'un clip de Fifty Cent. Les musiques confirment d'ailleurs cette tendance, avec un répertoire entièrement tourné vers un hip hop agrémenté d'un soupçon de thèmes jazzy. C'est finalement toute l'esthétique du jeu qui transpire cette ambiance, jusqu'au design, disons original, de votre M-13 Predator signé de votre cher coéquipier 9-1-1.

Et que dire des dialogues que vous aurez l'occasion d'entendre au sein de votre base? En approchant certains de vos collègues, vous pourrez profiter de conversations mythiques et endiablées, portant par exemple sur le film Blade Runner ou bien sur la meilleure des Catwoman. N'apportant strictement rien en matière d'informations utiles, ces dialogues sont à eux seuls les garants de l'ambiance mentionnée plus haut, d'autant que le doublage -en français s'il vous plaît!- bénéficie d'un côté caricatural et kitch parfaitement assumé. Les interventions en cours de mission arrivent d'ailleurs toujours à propos, à l'exception de quelques bugs comme par exemple une inversion gauche/droite dans l'itinéraire permettant d'atteindre le point de ralliement.

Sur un plan purement technique, Shellshock est pourtant très loin d'être un étalon graphique. Les développeurs ont opté pour l'utilisation d'une technologie similaire à celle de Doom, à savoir la modélisation d'environnements en trois dimensions dans lesquels tous les éléments sont des sprites 2D. Voir d'un peu trop près ces derniers aura ainsi tôt fait de mettre en évidence les limites techniques du soft. Si vous n'aurez que peu l'occasion de vous approcher suffisamment près d'un tank ennemi pour en admirer la finition, vous ne manquerez en revanche pas de noter, par exemple, la laideur des arbres. De même, la variété des différents environnements arpentés ne masque qu'à grande peine leur flagrant manque de relief et leur aspect cubique exacerbé, au même titre qu'un affligeant manque de vie puisque, hormis les unités ennemies, vous ne croiserez jamais le moindre élément mobile au sein des zones de jeu. Par son aspect technique, le titre nous rappelle donc douloureusement à quel point la 3D est sujette à l'obsolescence. Rappelons toutefois que le jeu est sorti en 1995, année durant laquelle la troisième dimension n'en était qu'à ses balbutiements, à fortiori sur la Saturn qui n'a jamais été réputée pour ses performances en la matière. Il convient donc d'être indulgent avec Core Design, d'autant que le soft n'est sujet à aucun ralentissement tout au long de la partie. Cette faiblesse technique est en outre largement compensée par la qualité de l'atmosphère, et par l'immersion provoquée au travers de la vue subjective utilisée. Le simple fait de s'arc-bouter sur son pad en espérant éviter cet obus se dirigeant inexorablement vers le Predator constitue un exemple flagrant de ce que peut procurer le soft à son heureux possesseur.

Conclusion

C'est un fait, Shellshock n'est pas parfait. Son aspect visuel clairement daté suffira probablement à dissuader la majorité des joueurs de prendre les commandes du Predator. Ces derniers manqueront cependant un grand jeu, basé sur un gameplay solide, un aspect gestion rare dans un jeu d'action de l'époque, et surtout une ambiance totalement décalée, vestige d'une ère bénie où les développeurs osaient, tout simplement. Le titre de Core Design a en outre pour atout de proposer un challenge à la hauteur des gamers les plus aguerris, qui trouveront là un défi à leur mesure, seuls contre des légions d'unités ennemies aux commandes de leur char d'assaut surpuissant.

Réalisation : 12/20 (une bonne part de la note revenant à l'ambiance du soft)
Gameplay : 17/20
Bande son : 18/20
Durée de vie : 18/20
Scénario : -/20

VERDICT : 16/20


Article publié le 14/04/2013 Jeu testé par Manuwaza