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Monopoly

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Monopoly
??/??/1988
Edité par Sega
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Monopoly
??/??/1987
Edité par Sega
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Console: Sega Master System
Genre:Autres
Développeur: Sega
Joueurs: 1 à 10 en alternance
Existe aussi sur: Nintendo Nes- Nintendo Super Nes- Sega Megadrive-

Photo de la boite de Monopoly
Monopoly, capture d'écran Monopoly, capture d'écran Monopoly, capture d'écran
Côtoyant encore les amphithéâtres du cycle d’enseignement supérieur, je me rends aujourd’hui compte d’un phénomène : lorsqu’un cours est chiant, tout le monde y va de son Smartphone ou de sa tablette pour lancer son appli vidéoludique. D’ailleurs, ces engins, nouveaux vecteurs de l’échec scolaire, circulent parfois d’un rang à l’autre pour des parties endiablées de jeux à plusieurs. Et force est de constater que, dans ce cas, il n'est pas nécessaire de nous concocter des Angry Birds, des Temple Run ou autres Jetpack Joyride, les vieilles formules marchent aussi bien pour nous faire passer le temps à plusieurs. En effet, on voit souvent circuler des applications officielles reprenant les standards du jeu de société, ceux que l’on connaît depuis tout petit, qu’on a tous eu à Noël et sur lesquels on a passé des heures avec nos parents ou amis. Outres le Scrabble ou le Trivial Pursuit, l’inénarrable Monopoly est un bon représentant du genre. Bien plus pratiques et discrets à sortir en amphi que les versions boites, ces jeux de société dématérialisés (eh oui, ça ne touche décidément pas que le jeu vidéo) connaissent un véritable succès de nos jours.

Bien que s’éloignant du médium de base, sachez que le phénomène d’adapter des jeux de plateau sur un support numérique ne date pas d’aujourd’hui et que l’on retrouvait déjà des représentants il y a de cela vingt cinq ans sur nos consoles de salon. C’est bien entendu le cas de Monopoly sorti en 1988 sur Master System.

Alors que donne-t-il ce jeu ? Mérite-t-il le monopole des adaptations de jeux de société en jeu vidéo ou doit-il aller en prison sans toucher 20 000 € ? La réponse après quelques lancers de dés.


Naissance d’un empire

En 1931, Charles Darrow, un Américain touché par le chômage depuis la crise financière de 1929, tombe sur un jeu de plateau assez peu répandu aux États-Unis et qui critique ouvertement les valeurs antisociales imposées par le capitalisme naissant au début des années 1900. Il décide alors de le modifier à sa sauce et le propose à la société Parker Brothers (aujourd’hui Hasbro) qui refuse le projet du fait de règles trop complexes et du message qu’il véhicule. Le jeu sort tout de même de façon indépendante et connaît un succès énormissime à tel point que Charles Darrow recevra une proposition de Parker pour lui racheter les droits, chose qu’il acceptera, s’amusant bien de ce revirement de situation. Le jeu original se compose alors de quarante cases où se situent vingt deux rues de la ville d’Atlantic City, quatre gares, deux agences de services ainsi que trois cases chances et le même nombre de « Caisses de communauté ».

Le succès du jeu suivant son chemin, il finit par s’exporter, dans des versions reprenant les capitales des pays où elles se vendent (on connaît tous le Monopoly avec les rues de Paris), puis régionales (Oui, oui, il y a bien un Monopoly Dijon). Petite anecdote amusante, en 2007, Hasbro lance diverses éditions nationales où les rues sont remplacées par des villes et où celles-ci sont choisies par les votes des internautes. Pour l’édition France, la ville étant arrivée en première position n’est autre que Montcuq (qui est reconnu par mon logiciel de traitement de texte), ce petit village rendu célèbre par le sketch de Daniel Prévost dans l’émission Le Petit Rapporteur. Hasbro refusa d’appliquer ce vote et c’est finalement Dunkerque que l’on retrouve comme étant la ville la plus chère de France… Comme quoi, la démocratie et le capitalisme… Pour calmer les mécontents, une édition Monopoly Montcuq finit par sortir…

Car oui, on ne s’en rend peut être plus assez compte aujourd’hui, mais Monopoly est un jeu de société qui a pour visée satyrique le capitalisme et qui met bien en avant qu’avec ce modèle économique, tout peut s’effondrer par simple hasard, comme l’empire que vous aurez construit peut s’effondrer par un simple lancer de dé malheureux.

Aujourd’hui, Monopoly n’est plus à présenter car traduit en quarante-trois langues et ses thèmes s’éloignant souvent de la ville. En effet, de plus en plus de versions sont destinées à des fans de produits culturels comme, par exemple, Astérix ou Metallica. Sachez d'ailleurs que les hommes de chez Hasbro ont eu une pensée pour nous les joueurs en commercialisant une version spéciale Nintendo, un Street Fighter, un World of Warcraft ou encore une autre se déroulant dans le monde de Pokémon.

Dernière anecdote, vous avez sûrement tous en tête la mascotte chauve et moustachue du jeu avec son chapeau haut de forme et sa redingote. Eh bien sachez qu’elle est inspirée d’un personnage réel à savoir John Pierpont Morgan qui fonda la banque JP Morgan et qui fut le propriétaire du bateau Titanic.

Alors oui, c’est un peu paradoxal, mais Monopoly est à l’origine une critique ouverte du capitalisme qui rapporta beaucoup d’argent à son créateur, un peu comme Manu Chao quoi… Finalement Monopoly est un jeu ultra connu et il parait normal que Parker Brothers se soit intéressé en 1988 au média qui faisait fureur à l’époque pour y porter son jeu à succès : le jeu vidéo.

Réalisation 11/20

Le tout démarre sur un écran titre plutôt sympathique à l’œil nous montrant le logo officiel Monopoly avec sa mascotte s’élevant au dessus d’une petite ville. Nous sommes ensuite dirigés vers la partie jeu qui se compose de deux étapes. Tout d’abord le plateau vu de dessus qui occupe les trois quarts de l’écran avec ses quarante cases différenciées par leurs couleurs ou leurs symboles (point d’interrogation, ampoule, robinet…), le dernier quart étant dévolu aux informations concernant le joueur en cours. Le tout est assez monotone, sur fond blanc mais donne suffisamment de lisibilité aux informations présentes pour ne pas être fustigé. La seconde partie est sûrement la plus intéressante et concerne les animations qui sont vraiment de bonne qualité. En effet, jetez les dés et vous verrez votre jeton agréablement modélisé se déplacer sur les cases qui dévoilent leur nom. Vous aurez d’ailleurs droit, comme dans la version physique, à un total de dix jetons allant du cavalier au chapeau en passant par le mythique canon, la fameuse décapotable stylisée années 30 ou encore l’emblématique dé à coudre. Mais ce n’est pas tout, vous aurez aussi de belles animations lorsque vous serez jeté en prison -avec un policier qui vous montre le chemin des barreaux- ou lorsque vous en sortirez. Et je vous l’assure, c’est toujours marrant de voir une brouette enfermée derrière les barreaux comme une criminelle. Une animation se déclenchera aussi lorsque vous construirez un bâtiment, avec un ouvrier jouant du marteau pour monter une maison. Le tout est fluide et plutôt mignon, tout à fait dans l’esprit du jeu, bien que plutôt sobre. Certains pourront dire que ces animations cassent le rythme de jeu mais sachez qu’un appui sur la touche 2 de votre manette les accélérera.

Finalement la réalisation graphique du soft ne casse pas des briques mais ne souffre d’aucune avarie et offre une lisibilité plus qu’appréciable tout en restant raccord avec la version physique du jeu.

Gameplay 10/20

Vous ne connaissez pas les règles du Monopoly mais vous aimeriez jouer à sa version Master System ? Ne comptez pas sur le programme pour vous aider, rien n’étant expliqué à l’écran. Il vous faudra donc vous reporter au manuel du jeu qui, lui, vous donnera toutes les informations nécessaires (d’où l'intérêt, comme avec le jeu de plateau, de posséder tout le packaging). Pour faire simple, vous gagnerez la partie si vous arrivez à mettre tous vos adversaires sur la paille en achetant un maximum de propriétés. Et pour ajouter un semblant de stratégie à tout ça, les rues sont réparties selon des codes couleurs. Achetez toutes les rues de la même couleur et vous pourrez y construire maisons et hôtels. En effet, si un joueur adverse, après avoir lancé ses dés, se retrouve sur une de vos propriétés, il devra vous payer un loyer si celle-ci est équipée d’une maison (le nombre pouvant aller jusqu’à quatre par rue) ou d’un hôtel (le montant versé sera alors plus important). Achetez plusieurs gares et le montant perçu sera proportionnel au nombre en votre possession. Les deux compagnies d’utilité publique (compagnie des eaux et d’électricité) vous rapporteront quatre fois le montant inscrit sur les dés et dix fois cet argent si vous possédez les deux. Les cartes chance et caisse de communauté vous apportent des bonus ou des malus, pas forcément financiers (avancez, allez en prison, sortez de prison…).

J’ai beau avoir passé de super moments sur le Monopoly dans sa version physique (un peu moins sur sa version vidéoludique), ce jeu m’a quand même fait péter des câbles un grand nombre de fois, la faute à une trop grande part laissée au hasard et pas assez à la stratégie, encore moins à la réflexion. Soyez un poissard pathologique du lancer de dés comme je le suis et vous n’irez pas bien loin. Planquez des trèfles à quatre feuilles dans votre slip et vous aurez toutes les plus belles propriétés, ne tomberez jamais dans une rue détenue par un adversaire et gagnerez la partie en moins de dix tours. Le problème est ici le même pour cette version Master System. On joue à un jeu vidéo mais à un jeu vidéo où aucune de nos habilités (réflexes, rapidité, réflexion…) ne sera mise à contribution, nous serons juste acteurs passifs, à la merci du hasard. Alors oui, on a bien le choix d’acheter ou non une propriété mais vous aurez bien compris que si vous ne le faites pas, un autre le fera, ce qui accélérera votre banqueroute.

Par contre, ce que je trouve vraiment très bien avec cette version vidéoludique, c’est que l’ordinateur nous impose forcément les bonnes règles et non des règles inventées qui arrangent celui qui les scande. On a tous eu un oncle Jeannot qui nous a dit qu’il pouvait sortir de prison au bout de trois lancers sans rien payer. Là au moins, le tout est cadré et ce genre de dérive n’arrive pas.

En ce qui concerne les options, le menu est très complet avec des possibilités de gestion et d’échanges bien faites et accessibles au pad. Vous commencez la partie avec 1500 dollars et en touchez 200 de plus à chaque passage sur la case Départ. Petite différence avec la version plateau : dans les deux versions vous avez dix jetons, le jeu physique pouvant se jouer jusqu’à huit alors que le jeu vidéo peut se jouer à dix, ce qui rend le tout un peu plus brouillon.

Finalement le gameplay de ce Monopoly est plutôt bien construit avec un menu de gestion des propriétés assez simple d’utilisation, mais laisse un petit arrière goût amer à tout bon gamer qui se respecte car il est définitivement trop soumis aux aléas du hasard et je suis désolé, mais un jeu vidéo se termine grâce à nos aptitudes de joueurs et non grâce au hasard.

Bande son 12/20

On est dans l’ère 8 bits et rares étaient les jeux possédant à cette époque une bande son des plus étoffées. Alors imaginez le résultat pour un jeu de société virtuel… Ici, vous n’aurez que quatre mélodies, l’une durant les phases de plateau, nous mettant dans une ambiance lounge plus que passable, une plutôt sympathique lorsque vous gagnez une partie et une assez anecdotique au moment où vous serez envoyé en prison. La quatrième, et de loin la meilleure, est celle audible lors de l’écran titre. De nombreuses personnes se diront qu’elles l’ont déjà entendue. C’est en effet le thème principal du film « l’Arnaque » avec Robert Redford et Paul Newman sorti en 1973. Le morceau original s’appelle The Entertainer et a été composé par Scott Joplin en 1902. Utiliser la musique d’un film qui s’appelle « L’Arnaque » pour un jeu faisant la critique du capitalisme, quel joli clin d’œil.

Durée de vie 10/20

Je l’ai dit, les parties peuvent se jouer jusqu’à dix joueurs devant le même écran et ce en alterné, chacun passant la manette à l’autre lorsque son tour est terminé. Alors là, niveau convivialité, on est tout de même au top. Hélas, plus il y aura de joueurs en course, plus la partie sera longue et laborieuse. Il est heureusement possible de paramétrer le nombre de participants avant de lancer la partie en choisissant les concurrents virtuels et réels. Encore mieux, si un de vos amis décide de quitter la partie en cours de jeu, il pourra être instantanément remplacé par l’IA via le menu, ce qui vous évitera de mettre fin à l'escarmouche en cours. Encore encore mieux, et là Sega fait preuve d’ingéniosité, Monopoly est l’une des premières cartouches de la Master System à intégrer une pile de sauvegarde. Il vous sera donc possible de terminer votre partie à tout moment pour la reprendre au même point le lendemain.

Finalement Monopoly est un jeu auquel on va jouer de temps en temps seul histoire de passer le temps, ou pour s’entraîner (je ne sais pas si la pratique de ce jeu implique un réel entraînement mais disons que ça peut nous apprendre les véritables règles et non celles du tonton Jeannot) ou à plusieurs si on est des gros flemmards qui ont peur de ranger les pions et les billets en fin de partie. L’ultime barrière sera celle de la langue, le jeu étant intégralement en Anglais, ce qui rebutera les plus jeunes et les moins anglophones d’entre nous.


Bonus anecdotique : la jaquette : 14/20

Là on est devant une belle jaquette de jeu, fidèle au support d’origine. Copyright oblige, je pense que Parker Brothers a eu son mot à dire sur cette boite et c’est tant mieux. On y voit, en haut, le célèbre logo rouge du jeu de plateau et, occupant le plus gros de l’espace, ce bon vieux John Pierpont Morgan avec sa redingote, mais ayant visiblement perdu son chapeau, sautant de case en case.

Le tout est dynamique et donne un certain gage de qualité au jeu, ce n’est pas un vulgaire plagiat comme on pouvait le voir à l’époque de l'Atari 2600 mais bien un jeu officiel commandé par Parker. Il est à noter que le logo Monopoly figure aussi sur la tranche de la jaquette, ce qui en jette dans votre ludothèque étant donné que quasiment toutes les tranches de ce support étaient écrites en Times New Roman.

En haut à droite, Sega a affiché son tampon vantant les mérites des nouvelles technologies en nous signalant fièrement la présence d’une pile de sauvegarde.

Conclusion 10/20

Monopoly à la sauce Master System exauce sans doute le vœu de Parker Brothers lorsque la société a commandé ce jeu : nous faire préférer la version physique à la version virtuelle. Car oui, pourquoi achèterions nous un jeu vidéo plus de 400 francs alors que sa version plateau offre bien plus de convivialité tout en étant bien moins chère ? Car finalement, Monopoly est un jeu vidéo frustrant par son hasard omniprésent et par son côté laborieux doté d’une IA pas toujours performante sur le plan intellectuel.

Mais ne boudons pas ce jeu de société à la sauce vidéoludique, Trivial Pursuit a fait pire, mais ça, nous le verrons plus tard.


Article publié le 03/09/2013 Jeu testé par Icarus